Menu


Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

ÉVOCATION DU CONCERT LITURGIQUE DE PÂQUES DU CHOEUR DU TEMPLE DE PORT ROYAL (27 MARS 2024)

PASSION SELON ST JEAN DE JS BACH. textes de l'oeuvre. Texte et audio de l'intervention de R.Philipoussi entre les deux parties.



bach_passion_st_jean.pdf À TÉLÉCHARGER bach_passion_st-jean.pdf  (51.37 Ko)
intervention_rphilipoussi_entre_les_deux_parties_de_la_passion_selon_st_jean_donnEe_par_le_choeur_du_temple_de_port_royal.mp3 INTERVENTION RPHILIPOUSSI ENTRE LES DEUX PARTIES DE LA PASSION SELON ST JEAN DONNÉE PAR LE CHOEUR DU TEMPLE DE PORT ROYAL.mp3  (10.26 Mo)

Me voici intervenant au milieu d'un drame.

Un drame, écrit, composé comme tel. Et en même temps un office religieux, au milieu duquel à l'époque, un pasteur intervenait, ne serait-ce que pour rappeler à l'audience qu'elle n'était pas venue à un concert, 

à un spectacle, 

mais qu'elle faisait partie d'une assemblée un peu plus sensible, demanderesse, priante, anxieuse,voire égarée. 

Un peuple. Appelé, voire convoqué- la convocation c'est le sens profond du mot église- un peuple convoqué à ressentir la passion du Christ.

 

À ressentir. Grâce au récit issu de la traduction de Martin Luther, choisie par Jean Sebastien Bach.

Grâce aux prières et commentaires du choeur, des chorals, des aria. 

 

La dernière aria que vous venez d'entendre avouait que dans ce monde, il n'est aucun conseil.

Ce qui nous suggère que malgré l'abondance des voix, 

des commentaires, des genres -toute une profusion- 

malgré la foule qui bientôt criera « crucifie», 

malgré le nombre que nous sommes ce soir, 

c'est finalement la solitude 

qui est le personnage principal de cette passion.

 

Nous sommes à cet instant même au milieu du drame. Comme dans un moment suspensif au milieu d'un séisme.

 

La dernière personne que nous avons rencontrée s'appelle Pierre.

Accompagné ici par son extrême solitude. Pour que quelqu'un soit trahi, il fallait un traître, Judas celui qui est devenu un nom commun. 

 

Pour qu'il y ait un abandonné, il fallait celui qui abandonne. Dans tous les sens du terme. C'est Pierre.

Qui est le plus misérable ?

 

Le texte traduit en français dit qu' en prétendant ne pas connaître Jésus, Pierre a menti. Les textes originaux grec et en allemand aussi le suggèrent mais ne le disent pas: ils disent simplement qu'il a nié. Ce que la tradition a amplifié moralement en disant «reniement».

 

Mais de fait, il a menti, il connaissait Jésus. Il se présentait même comme le plus vaillant de ses disciples !

 

Mais, le choral qui conclut cette première partie commente en disant dans «qu'il ne se souvient pas».

 

À quelle nuance s'attacher? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que ce sont toutes les nuances qui nous traversent quand nous échouons à notre devoir de responsabilité . 

Mais j'aime bien ce commentaire du choral «il ne souvient pas» . On sait qu'en grec le mot vérité est composé deux éléments qui signifient «non-oubli» 

On sait aussi que la vérité sera convoquée dans la seconde partie quand Pilate posera cette question à Jésus: « qu'est ce que la vérité?»

Jésus ne répondra pas. Sans doute parce que la vérité n'a pas besoin de parler quand elle est là, encore vivante, en chair , en sang et en souffle, présente devant Pilate, devant nous. 

La vérité qui n'oubliera personne qui viendra à elle, lorsqu'elle se sera échappée de ce tombeau dans lequel on aura voulu définitivement la plonger.

 

Pierre. Etonnant que les Écritures, mais surtout la tradition aient fait de lui le fondateur de l'église.

Impulsif, renégat, irresponsable. Interessant d'avoir choisi ce personnage comme on fait un aveu sur quoi sur qui nous sommes vraiment. Notre humaine condition comme on dit.

 

Pierre, la figure d'une église qui pleure amèrement. Une église qui vit ses prémisses, non pas dans la gloire la joie, la certitude ou la condescendance, mais dans la solitude amère d'avoir abandonné son Christ à la solitude totale.

 

Moment suspensif. Entre deux parties ce drame. 

Nous en étions là, à cette prière adressée à l'abandonné.

 

Jésus, regarde moi aussi, dit le choral.

Lorsque je ne veux pas m'amender.

Si j'ai fait le mal, 

ou quand, j'ai fait le mal. Encore une ambiguïté de traduction.

 

Un doute donc. A-je vraiment fait le mal quand comme Pierre, peut-être que je ne pouvais faire autrement? Emporté que j'étais dans l'erreur collective? Peut-être faudrait-il laisser la réponse au Seigneur.

 

Mais. Y a t il vraiment du bien et du mal dans cette histoire ?

Ou s'agit-il simplement d'une inconscience dramatique et collective, face à la vérité qu'on envoie à la mort?

Jésus regarde moi.

Touche ma conscience.

Touche ma conscience. Tout est dit ici. Mais tout n'est pas encore accompli. AMEN



.

L'ACTUALITÉ DE NOTRE PROJET DE VIE