28 mai 2023, pentecôte

Matin: baptême de Myriam, Soir: culte particulièrement musical



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CULTE DU SOIR DU 28 MAI

 

MUSIQUE

 

LA SALUTATION

Frères et sœurs bien-aimés,

 

Nous voici rassemblés en ce jour de la Pentecôte,

 

Quand l’Esprit Saint est venu sur les disciples comme un vent puissant,

 

Et leur a donné la force et le courage de témoigner de l’Évangile à tout le monde.

 

Je vous souhaite la bienvenue dans cette église où nous sommes venus pour nous retrouver , et pour nous retrouver avec le Seigneur. Que chacun de nous se sente ici chez lui pour un moment d'écoute, de recueillement, et de réjouissance aussi pour la demande de baptême qui va être faite.

Que chacun de nous reçoive l'Esprit, et par lui une joie profonde et la paix parfaite

 

(lecteur)

La Pentecôte était et est toujours une fête juive, comme Pâques. Une fête agricole devenue aussi une fête religieuse, comme la Pâque juive. Elle porte le nom de Shavouôte ou fête des semaines car elle a lieu 7 semaines après Pâque. On l'appelle aussi la fête des prémices, Pâque étant la fête des semences.

Puis, dans un second temps, les Hébreux ont donné un sens religieux à cette fête agricole. Pentecôte célèbre le don de la Torah.

Les chrétiens appellent pentecôte la fête de la réception de l' Esprit qui les a confirmé dans leur vocation lors de la célébration à Jérusalem de la fête de Pentecôte

 

LA LOUANGE (lecteur)

Je veux te louer avec mes propres mots,

 

Je te remercie de m’avoir donné cette vie, pour apprendre, pour découvrir, pour distinguer l’important du facultatif, pour saisir la dimension spirituelle de tout ce qui nous est offert

 

CHANT 35-08 (VOIR FEUILLE)

 

DÉCLARATION DU PARDON/ PRIÈRE D'ILLUMINATION

Voici que je ferai une alliance nouvelle : Je mettrai ma loi au dedans d’eux; je l’écrirai dans leur cœur.

 

Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Je t’aime d’un amour éternel, dit le Seigneur, c’est pourquoi je te conserve ma tendresse.

 

UNE PRIERE D'ACTION DE GRACE (ensemble)

Que ton esprit descende sur nous, pour que nos mots soient entendus, nos actes compris, notre présence au monde comme une occasion favorable de recevoir et de donner.

MUSIQUE

 

LA LECTURE

 

ACTES 2, 1 À 13

1 Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur chacun d'eux. 4Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer.

5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel habitaient Jérusalem. 6Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7Etonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? 9Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, 10de Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, 11Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu ! 12Tous étaient stupéfaits et perplexes ; ils se disaient les uns aux autres : Qu'est-ce que cela veut dire ? 13Mais d'autres se moquaient en disant : Ils sont pleins de vin doux !

 

MUSIQUE

 

LA PRÉDICATION

 

Aujourd'hui, je vais tenter de vous conduire quelque part, puis je vais tenter de vous perdre, et ensuite je tenterai de vous retrouver. Mais ne vous inquiétez pas, comme disent les discoureurs et les médecins, cela ne sera pas long.

...

 

Il est étonnant que les croyants sincères ne s'étonnent pas, justement, que leur Dieu leur parle, et aussi qu'ils lui parlent, dans leur langue maternelle.

Ces croyants sincères ont l'habitude de prier, en privé dans leur langue maternelle, ils ont l'habitude d'écouter ou de lire dans leur langue au moins commune ce qu'ils appellent "la parole de Dieu", par exemple dans un culte, mais ils peuvent malgré tout, ne rien y voir d'exceptionnel, puisqu'ils sont croyants, et donc que tout est normal.

 

Alors que ces mêmes croyants sincères ont parfois un peu de mal à admettre la véracité d'un récit où des apôtres se mettent, sous l'effusion de l'esprit de Dieu à parler dans la langue maternelle de chacun des pèlerins rassemblés ce jour de la fête juive de la pentecôte.

 

 

Où est ce que je veux en venir?

 

Est ce que je veux dire par exemple que la vie spirituelle apparemment banale d'un croyant serait en fait du miracle permanent? Oui, je pourrais aller vers là, et a contrario, je pourrais considérer que ce miracle de la pentecôte relaté dans le livre des Actes serait donc tout aussi banalement exceptionnel.

Est ce que j'ai le droit, au fond, d'associer les deux termes "miracle" et "banal" ?

Oui!

 

Est-ce que je veux faire un lien entre la banalité et le miracle? Oui. Je veux faire ça. C'est ce que je veux faire aujourd'hui, dans cette prédication.

 

Et pour continuer d'explorer cette voie, j'affirme que prier Dieu et espérer qu'il nous réponde ou à tout le moins qu'il nous parle dans notre langue maternelle demanderait qu'on envisage d'abord un instant le miraculeux dans cette banalité, et que d'un autre côté, on puisse dépasser l'appréhension de ce récit du livre des Actes à cause de son prétendu caractère miraculeux; puisqu'on pourrait aussi bien dire: moi, croyant lambda, ce miracle là je le vis tous les jours et pourtant je n'ai pas eu, moi, les honneurs d'être convié à apparaitre dans un texte biblique, toujours réservé aux mêmes!

C'est à ce moment là qu'un secret pourtant bien caché doit être révélé.

Le christianisme, comme toutes les religions, a inventé des rites, voire des sacrements. Quand on les regarde attentivement, on s'aperçoit qu'ils proviennent du quotidien le plus banal. Le baptême, c'est un bain. La cène, c'est un repas du soir. La salutation du début du culte, c'est un bon-jour, lequel bonjour a toujours été une bénédiction- on ne dit pas bon jour, on le souhaite! L'exhortation finale du culte, c'est " courage". La louange, c'est "merci", le pardon c'est une remise de dettes. Ce que ces rites disent c'est " soyez attentifs"; il y a quelque chose de sacré dans les actes les plus quotidiens; ces rites, au delà de toute leurs significations théologiques sont des rites de surlignement de ce qui devrait nous apparaitre évident. Le défaut, c'est que les religions ont inventé des noms spéciaux, et cela nous conduit à croire à l'existence de deux domaines séparés. Le baptême ou la Cène, pour les protestants en particulier, ce sont des paroles en acte, parce que la parole verbale a ses limites. Un bain, ou un repas, c'est un langage encore plus évident qu'une langue maternelle, qui permet aux sourds et aux aveugles, d'entendre, de voir, de sentir. C'est la banale réalisation d'une prophétie, " les sourds entendront, les aveugles verront" et ce à partir d'éléments qui constituent la routine la plus quotidienne.

 

On pourrait finalement dire que le seul miracle c'est Dieu, et aussi qu'à partir du moment où l'on admet son existence, ce qu'on appelle miracle serait largement à relativiser.

 

En écrivant tout ce qui précède, j'ai pensé à des objections, et je me suis dit que vous en auriez de semblables puisque nous sommes tous semblables.

La première objection est que ce n'est pas tant le fait que Dieu parle dans les langues maternelles de chacun ou dans les actes quotidiens qui est miraculeux, mais plutôt le fait qu'il parle tout court. Ou, allons plus loin, qu'il y ait un Dieu.

 

Cela n'est pas tant une objection qu'un rappel à l'ordre.

 

Mais voilà, cette notion de miracle pour celui dont la représentation du monde n'inclut pas l'existence de Dieu ne serait pas, loin de là, inexistante.

 

Celui-ci sans croire en Dieu, pourrait par exemple s'étonner avec quelle vitesse son éventuel bébé, qui jusqu'ici savait déjà communiquer et échanger avec ses semblables bébés, avec quelle vitesse ce bébé se met à comprendre et ensuite à parler la langue qui l'entoure, et cette facilité, oh certes tout à fait explicable, reste déroutante, qu'on le veuille ou non. Car en comparaison, pensons à toutes nos années horribles de seconde langue étrangère dans notre scolarité et mesurons ce qu'il nous reste de ce pénible apprentissage, et pourtant nous n'étions pas si vieux.

 

Paradoxalement, le non croyant sincère mais ouvert à la beauté du monde pourrait davantage trouver du miracle partout où il passe, alors que le croyant sincère, professionnel à trouver l'origine divine de tout ce qui se passe, en arrive jusqu'à trouver normal, encore un exemple au hasard, que les arbres communiquent entre eux, s'avertissent des dangers liés aux parasites, voire même se déplacent, certes, très lentement.Parfois la croyance ou la foi sont des véritables aspirateurs à magie et à contemplation. Alors que le jardinier athée, le biologiste agnostique des plantes pourrait toute sa vie trouver cela épatant.

Pourquoi je vous raconte tout cela, une fois de plus.

Mais simplement pour brouiller les pistes. Parce que c'est la fête de Pentecôte, et c'est la fête pour cela.

Pour dire que ce n'est pas parce que vous incluez Dieu dans votre représentation du monde, que ce Dieu existe, ce n'est pas non plus parce que des milliards de gens s'adressent à Dieu dans leur langue habituelle ou maternelle que celui ci existe, mais ce n'est pas non plus parce que vous n'incluez pas Dieu dans vos représentations du monde que celui-ci n'existe pas. Croyant ou non, ce n'est pas notre psyché qui fait que Dieu existe ou qu'il n'existe pas. Aucun d'entre nous n'a le pouvoir, par son psychisme, par sa croyance, par sa raison, ou par sa volonté, de faire exister Dieu ou de faire qu'il n'existe pas.

 

Le problème n'est pas là.

 

Le problème, que nous soyons croyant ou non, consisterait à renoncer à s'étonner, à s'émerveiller, puisque croyant ou pas, nous sommes, et nous vivons dans un monde, miraculeux, spectaculaire, déroutant.

Ce récit des Actes, au delà de sa vertu théologique, nous parle d'étonnement, d'effervescence, de foi, de doute, d'incrédulité, face à un même phénomène.

 

Alors j'invite les croyants ce soir à voir du miracle dans la banalité supposée de leur existence spirituelle ou de leur existence tout court. Vous priez? Comment pouvez vous trouver cela banal? Ou comment pouvez-vous ne pas vous réjouir du merveilleux de ce banal? Vous respirez? C'est à dire vous faites entrer dans des petits sacs vides de l'oxygène indispensable à votre survie, et cela sans en avoir conscience? Bravo, sincèrement.

 

Et j'invite les incroyants à faire pareil, à prendre exemple sur ce botaniste agnostique savant et épaté.

 

S'il y a quelque chose à dire dans cette fête de Pentecôte , c'est le brouillage des frontières, c'est la convocation à une unité beaucoup plus vraie, beaucoup plus résistante que nos clivages illusoires et très souvent mortels, c'est une convocation à voir la banalité du miracle, et le miraculeux dans sa parfaite banalité, c'est être convié fermement à entendre et à apprendre la langue pas si étrangère que ça, mais peut-être éminemment maternelle, qui résonne et qui s'exprime dans tout ce qui vit.

 

AMEN

MUSIQUE

 

ANNONCES OFFRANDE

 

LA PRIÈRE D'INTERCESSION (lecteur)

nous te remercions de nous avoir adressé ton appel, parce que cet appel a donné un sens nouveau à nos vies, et parce que, dans ton plan d’amour pour ce monde, tu nous as assigné une place où nous pouvons servir. Aide-nous à discerner et à comprendre ce que tu as accompli dans le monde, pour que nous désirions avec ardeur y participer, que nous sachions faire aujourd’hui que ce que nous n’avons pas su faire hier.

Montre-nous dans nos vies quelles sont les vraies questions, ce qui devrait être premier, ton dessein d’accorder à tous les hommes la guérison intérieure et la paix. Nous implorons tout spécialement ton aide pour ceux à qui il semble impossible ou insoutenable de placer leur confiance en toi. Augmente notre amour, non seulement pour nos frères chrétiens, mais pour notre proche, quel qu’il soit.

Fais de nos églises des églises pour les autres. Montre-nous comment vivre une vie plus conforme à ta volonté.

Et tous nos cœurs, unis dans la confiance élèvent vers toi, dans la communion de l’Église universelle, cette prière:

 

NOTRE PÈRE

 

 

 

L'ACTION DE GRÂCE

Mon âme, bénis le Seigneur. Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom.

 

 

 

LA BÉNÉDICTION

Que l'Éternel vous bénisse et vous garde; que le Dieu de Jésus-Christ tourne son visage vers vous et vous donne la paix du coeur et les trésors que personne ne peut vous ravir.

Allez en paix, chers frères et soeurs. Que Dieu demeure avec vous et avec les vôtres avec les présents et avec les absents, pour le temps et pour l'éternité

 

 

MUSIQUE

 


Témoignage de Myriam Saab Seurin, à l'occasion de son baptême, le matin à Port Royal

Témoignage :

 

Je suis très émue d’être aujourd’hui parmi vous pour recevoir le baptême, et, avant de débuter mon témoignage, je tenais à adresser mes remerciements les plus sincères au pasteur Robert Philipoussi pour son accompagnement bienveillant tout au long de ce processus depuis maintenant quelques mois.

 

D’éducation athée, mais empreinte de grandes valeurs de solidarité que j’ai toujours vues mises en pratique par mes parents, j’ai depuis longtemps une foi toute personnelle, nourrie par mes lectures et expériences propres, expériences de vie au sens large et musicales en particulier.

 

Il y a un an exactement, j’étais ici, au piano, pour accompagner musicalement le culte de la Pentecôte, avec mon amie Sasha Verner, qu’elle aussi, je remercie pour avoir été cet agent catalyseur, et je me suis dit que c’était le début d’un chemin à choisir, enfin, d’emprunter.

 

Le texte que j’ai choisi de citer dans ce témoignage est la Parabole du Semeur. La voici, telle que dans l’Évangile de Saint-Matthieu :

 

« Ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. Il se rassembla auprès de lui de si grandes foules qu’il monta dans un bateau et s’y assit. Toute la foule se tenait sur le rivage.

Il leur parla longuement en paraboles. Il disait : Comme il semait, des grains tombèrent le long du chemin ;

les oiseaux vinrent et les mangèrent. D’autres tombèrent dans les endroits pierreux, où il

n’avaient pas beaucoup de terre : ils levèrent aussitôt, parce que la terre n’était pas profonde ;

mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés et se desséchèrent, faute de racines. D’autres

tombèrent parmi les épines : les épines montèrent et les étouffèrent. D’autres tombèrent dans

la bonne terre : ils finirent par donner du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Que

celui qui a des oreilles entende ! »

 

Ce texte n’a cessé de m’interpeller, tout au long du parcours de conversion que j’ai suivi jusqu’à aujourd’hui. Je me suis demandé à quel endroit du chemin du semeur je me trouvais, comment était ma terre à moi, profonde ou pierreuse, avec ou sans épines. J’ai eu à cette question mille réponses contradictoires, et il m’est apparu que je pouvais être l’endroit du chemin, la terre à cet endroit-là et peut-être une main active pour labourer la terre et arracher des épines. 

En revanche, quand je me suis demandé quels étaient les grains que j’avais reçus, j’ai pu répondre : j’ai reçu des grains de bonté, de soutien, de bienveillance, d’amour inconditionnel, de don désintéressé, et tout cela en abondance. J’ai reçu de bons yeux et de bonnes oreilles pour voir et pour entendre la beauté du monde, et peut-être même avoir un accès fugace à la transcendance dont témoigne cette beauté, et ces bontés.

Un très, très grand merci, de m’accueillir ici aujourd’hui pour m’aider à faire fructifier ces grains.

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