"Avance vers le profond"

MUSIQUE

SALUTATION

Il nous a été transmis que "là où deux ou trois seraient rassemblés en son nom".

Nous ne serions pas seuls, qu’il serait présent au milieu de nous. Simone Weil la philosophe aurait ajouté que dès qu’on est plus de trois, il n’est plus présent. Il est vrai que certaines foules, comme celles qui vont se presser contre Jésus dans le texte de l'évangile que nous allons explorer tout à l'heure, ont de quoi inquiéter.

 

Mais qu’à cela ne tienne, Nous sommes ici pour entendre la parole de Dieu

C’est au nom du Seigneur que nous sommes invités aujourd’hui, premier jour de la semaine à vivre ce culte.

Nous le célébrons vivant au milieu de nous.

 

La grâce et la paix sur chacun d'entre vous

LOUANGE PSAUME 92

le fidèle pousse droit comme un palmier,

il s'étend comme un cèdre du Liban. 14 Il est un arbre planté dans la cour du temple,

il s'épanouit chez le Seigneur notre Dieu. 15 Même en vieillissant, il porte encore des fruits,

il reste plein de sève et de vie, 16 preuve vivante que le Seigneur est juste

et sans détour, lui, mon Rocher.

12/15   strophes 1 , 4, 5, 7 PEU CONNU, l'écouter avant. " O Dieu notre aide.(page 190)

REPENTANCE

Texte de Saint Augustin

De toutes mes forces, celles que tu m’as données, Je t’ai cherché, Désirant voir ce que j’ai cru. Et j’ai lutté et j’ai souffert.

Mon Dieu, Mon Seigneur, Mon unique espoir, Accorde – moi de n’être jamais las de te chercher, Qu’avec passion sans cesse je cherche ton visage.

Toi qui m’as donné de Te trouver, Donne – moi le courage de Te chercher Et d’espérer Te trouver toujours davantage.

Devant Toi ma solidité : garde – la. Devant Toi ma fragilité : guéris-la. Devant Toi tout ce que je sais, tout ce que j’ignore.

Par là où tu m’as ouvert, j’entre : accueille-moi. De là où tu m’as fermé, j’appelle : ouvre-moi.

Accorde-moi de ne pas t’oublier, Accorde moi de te comprendre. Mon Dieu. Mon Seigneur. Accorde-moi de t’aimer.

PSAUME  134 strophe 1 "Bénissons D. le seul Seigneur ( page 148)

PARDON

Entendons à travers ce texte du prophète Esaie, un des textes de ce jour, combien le pardon reçu peut enfin nous rendre disponible à ce que Dieu veut pour nous :

ESAIE 6

1 L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé ; le bas de son vêtement remplissait le temple. 2Des seraphim se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes : deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les jambes, et deux dont ils se servaient pour voler. 3Ils s’appelaient l’un l’autre et disaient :

Saint, saint, saint est le Seigneur (YHWH) des Armées !

Toute la terre est remplie de sa gloire !

4 Les soubassements des seuils frémissaient à la voix de celui qui appelait, et la Maison se remplit de fumée. 5Alors je dis :

Quel malheur pour moi ! Je suis perdu,

car je suis un homme aux lèvres impures,

j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures,

et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur (YHWH) des Armées !

6 Mais l’un des seraphim vola vers moi, tenant à la main une braise qu’il avait prise sur l’autel, avec des pincettes. 7Il toucha ma bouche et dit :

Ceci a touché tes lèvres :

ta faute est enlevée,

ton péché est expié.

8 J’entendis le Seigneur qui disait : Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? Je répondis : Je suis là, envoie-moi !

PSAUME  134 strophe 2 "Bénissons D. le seul Seigneur ( page 148)

VOLONTE DE DIEU

Je peux donner mon sang,

mon argent aussi, je peux le donner

En revanche, donner mon temps…

Pour laisser poser mon regard sur les choses de tous les jours

et les voir autrement,

celles que chaque matin,je croise, sans voir...

Toutes les choses familières que je côtoie à longueur de jour, de mois, d’année…

Donner mon temps pour voir l’étrangeté des arbres, ceux de mon jardin, ceux du parc voisin,

Donner ce temps à poser mon regard sur les êtres que j’aime et les regarder autrement… celles et ceux qui me sont les plus proches… et que parfois je ne vois même plus, que je n’entends même, plus,

Car je suis pris.

Oui, je vais donner ce temps pour les découvrir

Pour me laisser surprendre

Et je vais aussi donner du temps… à Toi mon Dieu,

Au-delà des formules, des habitudes.

Oui, je vais aller à ta rencontre comme au désert

Oui, je vais me donner ce temps pour te rencontrer

PSAUME  134 strophe 3 "Bénissons D. le seul Seigneur ( page 148)

ILLUMINATION Nous prions :

Seigneur, ce n’est pas pour trouver grâce à tes yeux que j’écoute ta parole, car tu m’as déjà trouvé et tu m’as déjà tout donné. Si j’écoute ta parole c’est parce qu’elle me fait vivre, C’est parce qu’elle me délivre, c’est parce qu’elle me console. Elle est le pain de ma route, La paix dans mes tourments, la force de mes jours.

Notre Dieu, nous nous ouvrons à ton Esprit,  afin que l'Écriture devienne pour nous maintenant, source de vie.

LECTURE

LUC 5

Cf. Mt 4.18-22 ; Mc 1.16-20 ; Jn 1.35-51 ; 21.1-11

1 Comme la foule se pressait sur lui pour entendre la parole de Dieu, et qu’il se tenait près du lac de Gennésareth, 2il vit au bord du lac deux bateaux d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. 3Il monta dans l’un de ces bateaux, qui était à Simon, et il lui demanda de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit, et du bateau il instruisait les foules.

4Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance vers le profond et jetez vos filets pour pêcher. 5Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. 6L’ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons : leurs filets se déchiraient. 7Ils firent signe à leurs associés qui étaient dans l’autre bateau de venir les aider. Ceux-ci vinrent et remplirent les deux bateaux, au point qu’ils enfonçaient. 8Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Seigneur, éloigne-toi de moi : je suis un homme pécheur. 9 Car l’efftoi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu’ils avaient faite. 10Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les compagnons de Simon. Jésus dit à Simon : N’aie pas peur ; désormais tu captureras des humains. 11Alors ils ramenèrent les bateaux à terre, laissèrent tout et le suivirent.

MUSIQUE BREF

PRÉDICATION

Les connaisseurs de la bible ont peut-être reconnu, lors de la lecture, un des deux récits des évangiles appelés «  la pêche miraculeuse ».

Reprécisons que nous sommes au début de l'évangile selon Luc, l'autre récit de pêche miraculeuse est à la fin de l'évangile selon Jean.

Mais ces même connaisseurs ont peut-être été étonnés de ne pas avoir entendu la fameuse phrase finale de Jésus adressée à Simon :

N'aie pas peur, désormais tu seras pécheur d'hommes.

Le texte de Luc ne contient pas à ce moment là le mot pécheur (qui figure déjà auparavant dans le texte) mais contient un autre substantif en grec, plus générique, qui n'existe pas en français et qui signifie «  celui qui capture vivant ».

Vous verrez souvent dans vos bibles le maintien du mot « pécheur », car en revanche ce terme existe chez Marc et Matthieu dans les récits d'appels de disciples, et paresseusement, beaucoup de traductions remettent « pécheur ».

Mais dans Luc, Jésus ne dit pas à Simon, « tu seras pécheur d'hommes  (ou d'humains )», mais « tu captureras vivant des humains » !

De la sorte, le malaise qui survient toujours après l'écoute de la traduction traditionnelle de cette phrase de Jésus n'est plus le même.

Avec l'expression pécheur d'hommes, on envisageait étrangement la récolte d'un peuple humain vivant sous l'eau puis destiné à étouffer sur la terre ferme après quelques spasmes, ce qui était assez répugnant.

D'ailleurs, faites dessiner des enfants sur ce texte sans les briefer et vous allez voir ce qu'ils commettent...

C'est sans doute cette incongruité qui a incité Luc à changer le terme.

Mais quand la comparaison avec les poissons n'existe plus, subsiste tout de même le malaise suscité par la notion de la capture d'humains, même encore vivants .

La question devient donc : la vocation d'un chrétien est-elle de capturer des humains, même vivants?

Bien entendu, on peut atténuer le propos en arguant qu'il s'agit ici d'une sorte de métaphore.

Cela dit, métaphore ou pas, le nerf signifiant est toujours bien là : la capture, au nom de l'évangile, d'êtres humains.

Cette prédisposition qu'a l'humain de tout prendre au premier degré et donc aussi les paroles de Jésus, et aussi sa nature de chasseur cueilleur pécheur et aussi de maitre de la domestication a quand même permis, en quelques siècles que le christianisme devienne une religion globale, et deux mille ans plus tard, qu'il reste, bien qu'en déclin en occident, la religion majoritaire dans le monde : sont-ce donc des milliards d'humains qui ont été capturés ?

L'auteur de ces mots lui-même réalise au travers de ce récit qu'il a été lui-même capturé, et ce par le truchement d'une parole humaine qui l'a un jour incité à aller voir et entendre, et ce bien qu'il se moque de ceux et celles qui revendiquent une évangélisation en mode cynégétique, où le défi- mais ils emploient plutôt le mot «  challenge »- est de toucher le maximum de personnes en dressant sur eux -disons le- un filet, psychologique et rhétorique et de nos jours en particulier sur le « net » terme qui on s'en souvient veut dire « filet », ou grâce au « web » qui rappelons-le aussi veut dire « toile ». D'araignée.

En réalité, même animé des meilleures intentions du monde, et en aillant en horreur toute forme de propagande et de prosélytisme, il est difficile de séparer l'évangile du concept d' « évangélisation ». L'évangile lui-même- la bonne annonce - est dans son terme même une annonce bonne pour que les gens la reçoivent ! Qu'ils sortent de leur condition précédente, qu'ils se convertissent (, et qu'ils entrent dans la fraternité des humains en Christ. Parce qu'il est cela, et sans dire que cet évangile n'a pas de contenu, je dirais qu'il est avant tout une force de conviction, qu'il est plus une présence que des mots, plus une matière vivante, et mutante, au fils des millénaires, qu'un discours.

Et en plus, la dynamique exceptionnelle des premiers temps du christianisme s’appuyait sur la pression de la fin des temps, et qu'il fallait en urgence toucher, capturer , sauver ou on va dire « repêcher !» le maximum de monde avant la clôture.

Après l'urgence apocalyptique, l'évangélisation chrétienne a ensuite produit l'idée qu'il fallait capturer ou baptiser les gens avant qu'ils ne meurent, sous peine d'aller en enfer ; un argument aussi peu biblique que très efficace...

Mais le problème est avant tout une question de degré, de comment nous avons envie de nous saisir des textes, des concepts, des histoires.

Et c'est là que nous pouvons retourner à notre récit de Luc qui comme cet auteur nous y a habitué contient un infra discours, lequel est presque contradictoire avec le discours immédiat, en tous les cas plus complexe que : allons ramasser des humains au nom du Christ à l'aide de notre nasse.

Jésus s'installe sur une barque qui déjà n'est pas à lui. Pourquoi le fait-il ? Parce que la foule se presse sur lui, et non pas « autour de lui » comme toutes les traductions qui édulcorent cette description de l'étouffement.

Cette barque appartient à Simon à qui Jésus demande – ordonne ? - de l'éloigner un peu du rivage, pour se distinguer de cette foule oppressante. Déjà, l'on voit qu'il y a d'une façon sous-jacente une méfiance du nombre. Car dès ce moment-là du texte, le modèle n'est pas la récolte du plus grand nombre, mais celui d'un tête à tête, entre Jésus, et Simon.

Certes, Jésus profite de cet espace créé entre lui et les gens pour dire son enseignement. Cependant, nous, les lecteurs, nous ne saurons jamais ce qu'il disait à cette myriade de gens. Comme si cela ne constituait pas l'important de ce récit, comme si à ce moment-là, nous n'avions pas besoin de cet enseignement, comme si à ce moment-là nous avions plutôt besoin d'un tête à tête. Et que Jésus nous dise quelque chose de plus directement adressé à nous-même, et non pas d'une parole magistrale et générale dans un amphithéâtre.

Le texte est un peu flou sur le nombre de personnes qu'il y a dans cette barque, mais c'est à Simon (nom dont l'origine hébraïque provient d'un verbe qui signifie «  écouter » (rappelez vous du Shemaʿ Yisrā'ēl, écoute Israël, ce commandement préface de tous les autres, dans le livre du Deutéronome),

C'est à Simon que Jésus s'adresse, ni à la foule sur le rivage, ni autres gens embarqués, mais à celui qui doit entendre et écouter cette phrase : « avance vers le profond ». (Et non pas avance en pleine eau, comme l'édulcore encore une fois beaucoup de nos traductions). Cette injonction de Jésus n'est nulle part ailleurs dans les évangiles.

Ce qui soutient la probabilité que Luc a voulu que nous entendions précisément qu'il s'agit bien d'avancer vers le profond.

Alors, frères et sœurs, vous avez le choix aujourd'hui entre deux tonalités d'évangile. Vous pourriez, quelque soit la traduction d'ailleurs, choisir comme axe majeur d'interprétation de ce texte, cette injonction d'aller capturer des êtres humains vivants, en vous inspirant de ces filets miraculeusement pleins à craquer. Une mission vous est confiée, pour sauver le monde et les gens de leur perdition. Mais peut-être vous manquera t il quelque chose...

Car vous auriez peut-être dû choisir d'abord cette autre injonction: d'avancer vers le profond. Déjà, dans l'abord des textes et de ce texte-ci. Pour ne pas vous laisser fasciner par ce qui y clignote superficiellement. Mais aussi, ce serait bien:

D'avancer vers le profond d'un contexte dans lequel l'évangile est censé se proclamer, pour s'apercevoir qu'il n'y a aucune méthode préalable

.

D'avancer vers le profond de votre propre sincérité face à votre conviction proclamée, sans quoi ce ne sera jamais vous qui parlerez, mais une image désincarnée de vous mêmes, votre propre fantôme.

D'avancer vers le profond, c'est à dire vers ce que vous sentez sans pouvoir le décrire et qui vous définit comme croyant.

D'avancer vers le profond pour aller à la rencontre de celui ou celle qui n'est donc peut-être pas une proie, mais quelqu'un peut être qui s'était déjà avancé vers vous parce qu'il s'était aperçu que vous aviez quelque chose à partager.

D'avancer vers le profond en passant pourquoi pas comme Simon par le stade de l'effroi face à la merveilleuse et incompréhensible œuvre divine, mais en sachant déjà qu'on retrouvera bientôt la terre ferme.

D'avancer vers le profond comme celui qui va se faire baptiser.

D'avancer vers le profond en n'ayant plus peur d'un tête à tête, avec Dieu ou avec son prochain.

Peut-être que l'évangélisation ne se passe que dans un tête à tête.

Et c'est peut-être ce que Luc veut dire profondément, quand il masque le contenu du discours ex cathedra de Jésus aux foules, et qu'il se focalise sur le dialogue intimiste de celui-ci avec Simon.

AMEN

MUSIQUE MEDITATIF

CONFESSION DE FOI (ou autre au choix)

Je crois en Dieu, notre Père,
créateur du ciel et de la terre.
Créateur des choses visibles et invisibles.
L'Éternel règne, il est esprit, il est amour.

Je crois en Jésus-Christ son fils bien-aimé, notre Seigneur,
Il est venu nous apporter la lumière et le salut,
il est le chemin, la vérité et la vie,
[Et à ceci tous reconnaîtrons que nous sommes ses disciples
si nous avons de l'amour les uns pour les autres.]

Je crois en l'Esprit Saint,
qui est Dieu agissant dans son peuple et dans nos cœurs,
nous offrant par grâce le don de devenir enfant de Dieu.

Je crois au Royaume de Dieu, à l'amour plus fort que la mort,
et à la vie éternelle. Amen.

PSAUME 136 strophes 1,2,3,4 "louez Dieu car il est bon" ( page 150)

ECHANGE DE NOUVELLES ET OFFRANDES 

Père, accepte notre offrande joyeuse, l’offrande de notre argent, l’offrande de notre travail, l’offrande du temps nécessaire à l’écoute et toute offrande que nous inspire ton amour. Amen.

// MUSIQUE

PRIERE D’INTERCESSION

Dieu Notre Père,

Nous te rendons grâce pour ce temps de louange, et d’écoute de ta Parole.

Ton Esprit nous donne d’être un devant toi, reconnaissants pour ta fidélité et ta présence à nos côtés au fil des jours et pleins de confiance pour vivre le chemin ouvert devant nous.

Béni sois-tu pour ta Parole qui renouvelle notre foi et notre espérance. Elle est Bonne Nouvelle dans l’actualité de nos vies.

Nous confions à ta miséricorde nos frères et sœurs qui souffrent dans leur corps ou leur esprit, sois pour eux source de paix intérieure et force nouvelle.

Nous te confions celles et ceux qui sont sans espérance, touchés par la pauvreté, les épreuves des jours, sois pour eux source d’avenir placé dans la lumière.

Guide les dans la communion de ton Esprit et bénis leur témoignage au cœur de ce monde.

Nous te confions nos dirigeants et les chefs des nations, inspire leur des paroles et des projets source de réconciliation, de solidarité et de paix entre les peuples.

A toi, Notre Père, qui peut au-delà de ce que nous demandons et pensons, nous nous confions ayant l’assurance que tu nous gardes dans ta main et que tu poses ton regard sur l’œuvre de nos mains.

A toi louange, honneur, gloire et puissance, aujourd’hui et toujours, en ce lieu et en tout lieu, pour les siècles des siècles, au nom de Jésus, le Christ, notre Seigneur

Amen

NOTRE PERE