CULTE DU 21 FÉVRIER 2021 "dans ce désert, devenir humain"

La grâce et la paix vous sont données

de la part de Dieu le créateur

en Jésus le Christ notre Sauveur.

Voici,

voici ce temps, voici ce lieu où Dieu nous précède

où

il nous invite au calme, à l'écoute.

Toi qui es au milieu de nous, accorde-nous de te reconnaître, de t’écouter et de te dire notre joie d’être là.

Éternel, nous te rendons hommage car tu es pour toujours, 

notre Dieu, de génération en génération,

tu es le rocher de nos vies, le bouclier de notre salut.

C’est toi que, depuis toujours, nous remercions,

pour notre vie qui vient de toi et que tu bénis,

pour nos âmes qui te sont confiées et que tu gardes,

pour tes miracles de tous les jours envers nous.

À toute heure, le soir, le matin et à midi,

Dieu de bonté, ta miséricorde ne s’achève pas.

Père éternel, tes grâces ne tarissent jamais,

Depuis toujours nous espérons en toi.

Tournons-nous vers Dieu

Seigneur notre Dieu, 

Viens au secours de notre faiblesse. Toi qui nous connais mieux que nous

accordes-nous ton pardon Au nom de Jésus-Christ.

Je m’attacherai à toi pour toujours; je te conduirai dans la solitude, je te parlerai cœur à cœur…

Je ferai de toi la porte d’espérance.

En ce jour-là, dit le Seigneur, mon nom sera amour.

Et je ne saurai plus m’en donner d’autres.

Je m’attacherai à toi pour toujours, par la justice et le droit, par la tendresse et l’amour.

 (D’après Osée 2)

Seigneur, tu es le maître et nous sommes tes disciples,

c'est de toi que nous avons tout à apprendre.

Cependant, nous sommes lents à comprendre et à croire ce qui concerne ton Règne.

Mais tu nous as promis ton Esprit de vérité, pour nous conduire dans toute la vérité.

Ouvre nos oreilles et dispose nos coeurs, afin que nous recevions ensemble, mantenant, la connaissance du salut que tu accordes à notre humanité

Amen

 Extraits du Psaume 25, 4-5ab, 6-7bc, 8-9

Et nous poursuivons notre prière par la lecture d'extraits du Psaume 25, un des textes du jour

Seigneur, enseigne-moi tes voies,

fais-moi connaître ta route.

Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,

car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,

ton amour qui est de toujours.

Dans ton amour, ne m’oublie pas,

en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,

lui qui montre aux pécheurs le chemin.

Sa justice dirige les humbles,

il enseigne aux humbles son chemin.

En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean.

Au moment où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer, et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe.

Et une voix vint des cieux: Toi,tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis mon bon plaisir

Aussitôt, l'Esprit l’expulse dans le désert,

Et il passa dans le désert quarante jours, éprouvé par Satan, il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

Marc, l'évangile le plus concis des quatre. Pas beaucoup de paroles, surtout de l'action. Les commentateurs aiment bien combler ce qu'ils croient être du vide par du matériel venu des autres évangiles. Aujourd'hui, nous allons nous demander ce que fait Jésus dans ce désert. Deux lignes chez Marc. Nous allons nous demander aussi ce que ça nous fait d'être devant ce texte furtif.

Nous pourrions combler ce minuscule récit par le matériel parallèle de l'évangile de Luc.

Même circonstances: Jésus est baptisé et immédiatement expulsé dans le désert.

Mais Luc raconte que le diable, après avoir tenté Jésus de plusieurs façons, s'éloigne de Jésus jusqu'au moment favorable.Jusqu’au Kairos , en grec. Il s'agit du temps pour rencontrer la mort.

Le diable, au moment favorable - même expression - investira Judas. Le diable/judas joue un rôle bien connu. Celui d’auxiliaire du destin. En l'occurrence de celui de Jésus.

Dans la Bible, c'est un schéma récurrent. Il y a une ligne névrotique de répétition perpétuelle et de recommencements. De temps en temps, le Dieu libre vient l'interrompre, en change le cours :Tour de Babel, esclavage en égypte, les Noces de Cana... Ce qu'on appelle une péripétie, qui est loin de n'être qu'une anecdote.

Satan, le diable, Judas. C'est comme si, ce qu'on pourrait appeler le "destin", était un personnage parfois caché, parfois figuré de toutes les histoires.

Le destin, comme dans toute tragédie, emploie ses agents - comme l'agent Smith, dans le film "The Matrix". Ici Satan et plus tard Judas.

Les biographies de Jésus - les 4 évangiles- ressemblent en effet à des tragédies dont le héros - le protagoniste, Jésus, est conduit inéluctablement vers la mort. Dieu viendra bouleverser le cours de la tragédie avec une ultime péripétie, et c'est la leçon de Pâques. Non seulement, la purification de la croix, mais le brisement de la fatalité trois jours plus tard. Cette leçon de Pâques, quand elle est mal apprise, permet au destin un instant démantibulé, de se redéposer et à la tragédie, de se ré-installer.

Chez Marc, Satan ne se départit pas de ce rôle, mais dans notre texte, il n'est encore qu'un délégué à l'examen d’un candidat au ministère. Cet examen prend la forme d'une expulsion dans un désert et ce pour une quarantaine. Mais ici, contrairement aux autres évangiles, il n'y a pas réellement de tentation. Chez Marc, pas de jeûne, ni cet ironique « il eut faim » (au bout de quarante jours…), Aucune "tentation" mais finalement, bien bel et bien une épreuve, faite pour conditionner les actions futures du protagoniste, qui devra se débattre contre ce qui est prescrit : il doit mourir mais ne jamais cesser de croire en la péripétie: l'infirmation heureuse du destin.

Continuons.

Jésus passe cette épreuve au milieu des bêtes sauvages et des anges. Avec l’assistance des anges dit-on, commente-t-on, en s’aidant d’un texte du premier livre de Rois, où le prophète Elie reçoit de la nourriture de la part d'un ange.

Cette façon de commenter m’a toujours intéressé. On parle d’un texte, d’un évangile qui déjà a la caractéristique de ne pas s’auto-commenter, qui en dit «peu»,.

Un récit bref où des anges entourent quelqu’un qui a été expulsé dans le désert par un souffle divin.

Ce qui est quand même loin de nos critères habituels.

Et voilà qu’il est commenté que leur fonction, à ces anges, était de le nourrir. Nous voilà rassurés! Tout s’explique!

Comment les commentateurs commentent a toujours été pour moi une source de ravissement. J’aime bien observer ce passage, ce saut - subliminal- du registre poétique au registre matériel. « À quoi pouvaient bien servir ces anges ? »« Il faut bien qu’il mange… »

Le problème n'est pas ce qu'ils commentent, mais simplement leur besoin de combler le vide. Pour moi, ce que ce texte ne dit pas, il ne veut pas le dire. Non pas qu'il s'agisse d'un secret, mais il ne veut pas le dire sans doute pour une autre raison, que nous allons découvrir.

Mais pour l'instant, nous devons continuer.

Marc est le seul en relatant cet épisode à parler des bêtes sauvages.

Et c'est là que nous retrouvons nos amis les commentateurs. Beaucoup d'entre eux utilisent la mention des « bêtes sauvages » pour évoquer le jardin d’Eden, et aussi la prophétie d'Ésaïe qui transforme les carnivores en végétariens « le loup et l’agneau se nourriront ensemble ». Pourquoi pas. Cela s’accorde bien avec le thème de la re-création évangélique.

Mais pardonnez moi pour cette remarque : dans le désert, il y a des bêtes sauvages. Pas forcément de grosses bêtes sauvages, mais beaucoup de bêtes sauvages!

Des Fourmis, des araignées, des coléoptères, des papillons et leurs prédateurs : serpents, scorpions, caméléons, tortues, hérissons.. des fennecs...

Donc ce n'est pas parce qu'il y a des bêtes sauvages que cela veut dire le jardin d'Eden.

Cette perspective je le conviens très ras de terre, pourrait être contrée, mais dans un débat imaginaire et de plus en plus surréaliste, par l’affirmation que dans le désert, il n’y a pas d’anges.

Mais de cette affirmation négative, je n’ai aucune preuve. Je m’imagine que, dans le désert, seul, en quarantaine comme Jésus, je rencontrerais des anges. Qui ici a l’expérience de quarante jours non pas de solitude, mais d’isolement total dans un désert?

Où va l’esprit quand il n’est plus contenu dans la maintenance des autres, soumis aux définitions des autres, à la loi des autres, à l’amour des autres, au droit des autres, à la raison des autres ...

Le désert dans ce texte n’est pas le jardin d’Eden. Ne serait-ce que parce que Jésus a été expulsé dans ce désert. Et Adam et Eve ont été expulsés du jardin d'Eden. Associer ce désert et le jardin d'Eden serait une faute logique.

Jésus, de ce jardin symbolique, il en sort. De son enfance, de sa jeunesse, de son baptême, il en vient. En cela, il pourrait être comparé au nouvel Adam. Il vient de naître. Et il va grandir.

Dans les autres textes d’épreuve, ceux de Mt et Luc, Jésus n’est pas seul. Il est encombré. Mais de qui ?

Eh bien: de nous. De notre présence. Dans les autres textes, il y a un dialogue, entre le diable et Jésus. Un dialogue, donc du "son", et cette particularité fait que en "entendant" ce dialogue, un dialogue très théâtral, nous nous approchons et finalement nous nous installons dans les gradins du récit. Dans les gradins de cette représentation, mais je dirais finalement que nous prenons place dans le Choeur de cette tragédie et comme un Choeur antique, nous commentons l'action en train de se dérouler.

Oui, oui. il est l’Emmanuel parfait, le Dieu avec nous qui est condamné à nous avoir toujours dans son sillage. Nous sommes un troupeau, son peuple exégétique, avide d’informations toujours plus pertinentes, avec toujours quelque chose à dire et à expliquer.

Chez Marc, il n'y a pas de Dialogue. Pas de son. Jésus est seul avec sa conscience qu'on appelera ici " Satan". Jésus est seul. J’ai envie de dire : «  enfin, seul ! » et nous, nous n’avons aucun accès au scénario de cette épreuve. Nous essayons de nous installer dans les gradins, mais c'est fermé. Nous prétendrions faire partie du Choeur, peine perdue. Il n'y a pas d'embauche.

Nous sommes maintenus à l'extérieur de ce récit, qui est trop court, trop loin, trop bizarre, trop vague.

Si celui-ci est de Dieu, ou s'il est Dieu : Il est ici le Dieu pas avec nous.

A-t-on déjà éprouvé la sensation d’un Dieu pas spécialement avec nous ? Pas la sensation d’un Dieu qui n’existe pas, ni d’un Dieu sans nous, mais d’un Dieu pas spécialement avec nous.

Nous sommes nous éprouvés dans la méditation d’un Dieu présent mais pas forcément attaché à nous, et donc nous pas forcément attachés à lui comme un tout-petit accroché aux jupes d'une toute -puissante  mère? Comme si nous étions les esclaves d'un Dieu que nous aurions fait notre esclave?

Avons-nous éprouvé la présence du Dieu pas spécialement avec nous, pour que sortis de cette épreuve, nous puissions goûter plus subtilement la saveur retrouvée de l’ « avec-nous »? La saveur d’un Dieu qui reste libre de nous aimer. De nous voir quand nous sommes là. De nous entendre quand nous lui parlons. Un dieu que nous entendons quand il parle. Avons-nous passé cette épreuve qui nous dispensera de transformer cet «avec» subtil en un grossier «pour-nous». Un Dieu «pour-nous». Un Dieu que finalement nous nous serions offerts .Un Dieu que finalement nous aurions faits: pour nous.

Telle est pour moi la performance de Marc. Par un effet de miroir bouleversant, face à ce texte, je passe la même épreuve que Jésus. Jésus est seul dans le désert. Et moi, ne pouvant le rejoindre, je suis seul aussi.

Le texte m’interdit d’entrer dans son sanctuaire, de comprendre ce qui s'y passe. Je contemple donc le fils bien aimé de Dieu seul au milieu de la création.

Jésus est avec Satan, avec les bêtes sauvages et les anges, mais il n’est pas dit que Dieu était spécialement avec lui.

Si je contemple ce texte, si je le lis intensément, je suis bloqué à la frontière de ce désert. Je reste comme plaqué sur les parois de ces bulles étranges qui parfois enclosent des villages américains dans des films de science fiction. Il parle peut-être, je n'entends rien. Je crie, j'appelle, mais il n'entend pas. Ce fils de Dieu, ce nouveau Dieu, en compagnie des bêtes sauvages et des anges, m’est inaccessible.

Je suis, comme lui, mais sans lui, au milieu des bêtes sauvages et des anges, dans un univers qui me comprend, puisque j’en fais partie, mais que je ne comprends pas. C’est véritablement une épreuve. Une épreuve qui m’immunisera à jamais de l’illusion de posséder la moindre parcelle de ce Dieu, ne serait-ce, peut-être, parce que je ne peux pas posséder ce dont je fais partie. Une épreuve de maturité.

C’est une épreuve que de lire ces quelques mots de Marc.

Alors que je commençais à comprendre que la réception de ces textes bibliques devrait être aussi des expériences de vie, d'autres commentaires me sont venus à l'esprit.

Marc décrirait ici l’éternelle hésitation de l’humain entre le type de "la bête sauvage" et "celui de l’ange".

Peut-être. Mais alors au milieu de cette épreuve, qu’il se découvre humain ! Et qu’il réfléchisse bien à ce mot humain. Qui lui a dit qu’il était humain? Les anges? Les bêtes sauvages? Satan ? Lui-même? Et si ce n’était pas prescrit? Et s’il était mis en demeure, cet homme, seul, au milieu des bêtes sauvages et de la création, de construire son humanité? Le mot humain étant juste un point, un "son" de départ, mais qu'il s'agit sans doute de constituer, d'harmoniser.

Cette épreuve effrayante, d’une grande densité, bien plus dense que les joutes oratoires qui se déploient chez Matthieu ou Luc, suit immédiatement le baptême par Jean.

Jésus quitte le groupe de Jean et imprime une autre nuance qui sera une ligne de fracture pour la suite: le règne de Dieu n’est pas seulement proche dans le temps, il ne va pas simplement arriver et agiter les vierges folles et sages que nous sommes, mais ce règne est proche dans l’espace, ce que cette épreuve dans ce désert nous permet de comprendre de façon intense.

Dans ce désert, devenez humains.

Laissez vous tenter par une expérience étonnante. Passez quarante jours d’isolement total dans ce désert. Abandonnez tous les commentaires préalables et toutes les prescriptions qui disent que l'existence n'est qu'une tragédie dont vous seriez le protagoniste. Les bêtes sauvages et les anges se chargeront de vous inspirer dans la construction de votre humanité, et le reste, tout le reste, quarante jours et quarante nuits de débats avec votre conscience, débats que personne d'autre que vous n'aura entendus, peut-être même pas Dieu, tout cela vous permettra de saisir que le règne de Dieu est déjà votre demeure.

AMEN.

Je crois en Dieu, notre Père,

créateur du ciel et de la terre.

créateur des choses visibles et invisibles.

L'Éternel règne, il est esprit, il est amour.

Je crois en Jésus-Christ son fils bien-aimé, notre Seigneur,

Il est venu nous apporter la lumière et le salut,

il est le chemin, la vérité et la vie

Je crois en l'Esprit Saint,

qui est Dieu agissant dans son peuple et dans nos cœurs,

nous offrant par grâce le don de devenir enfant de Dieu.

Je crois au Royaume de Dieu, à l'amour plus fort que la mort,

et à la vie éternelle. Amen.

O Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Père, nous te rendons grâce pour ce privilège que tu nous a accordé de recevoir ta parole vivante et de communier en elle. Ses avertissements, et ses consolations, ses blessures et ses guérisons, tout ton amour, Seigneur, nous l'emportons vivant en nous.

Conduit notre soif de vie vers ton Royaume et ta justice, et pour cette oeuvre: purifie-nous, inspire-nous, fortifie-nous.

Accore les mêmes grâces à ceux qui nous sont chers, nos bien-aimés que nous te nommons dans le secret de nos coeurs. Soutiens les malheureux, marche auprès des solitaires, illumine et réconforte ceux qui fléchissent dans l'insuccès et les peines qui semblent perdues. Sois avec ceux qui n'ont pu se joindre à nous, malades ou surmenés par un travail implacable, comme avec ceux qui cherchent secours dans la communion des fidèles.

Nous te prions pour notre peuple, pour tous les peuples qui cherchent la Cité fraternelle.

Nous te prions pour toutes les Églises et pour notre Église, pour ses ouvriers connus ou anonymes, pour ses bergers, ses anciens et ses diacres, comme pour ses plus humbles fidèles.

Nous te prions pour ceux qui t'aiment et trouvent leur joie dans ton amour, pour ceux qui te cherchent et qui espèrent en toi, pour ceux qui t'ignorent ou te méconnaissent et que ton amour attend au seuil de la maison paternelle.

O Dieu de lumière et de vie, de tout notre coeur et d'un seul élan, dans la communion de l'Église universelle, nous t'adressons la prière que le Christ Sauveur et Seigneur nous a confiée:

Notre Père...

EXHORTATION

Écoutons ensemble les exhortations de l’apôtre Paul :

Ayez un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.

Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en Dieu, n'a pas regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur. (Phil. 2:2-7)

24. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui de l’autre !

BÉNÉDICTION
 

Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ,

l'amour de Dieu le Père,

et la communion du Saint-Esprit

soient avec vous tous, dès maintenant et pour toujours.

Amen