CULTE DU 21 MARS 2021, " Nous voudrions voir "

Frères et soeurs, soyez les bienvenus. Levons la tête, ouvrons les yeux. Accueillons le, comme il nous accueille et comme nous nous accueillons les uns les autres.

Le SEIGNEUR est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait coucher dans de verts pâturages,il me dirige vers des eaux paisibles. Il restaure ma vie, il me conduit sur les sentiers de la justice, à cause de son nom. Même si je marche dans la vallée de l’ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires ; tu enduis ma tête d’huile, ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la fidélité m’accompagneront tous les jours de ma vie, et je reviendrai à la maison du SEIGNEUR pour la longueur des jours

Notre Dieu, nous te prions pour la paix de l’humain, alors que nos cœurs connaissent les assauts de la colère ou de la lassitude, de l’envie ou de la déprime, du souci ou de l’indifférence. Seigneur, aie pitié de cet humain au cœur trouble.

Notre Dieu, nous te prions pour la joie de l’humain, toi qui es capable de te réjouir à cause de l’humain, ton image, à cause de la nature, ton miroir, à cause de l’histoire, ton projet.

Seigneur, aie pitié de cet humain, oublieux de la joie.

Notre Dieu, nous te prions pour le courage de l’humain, toi qui es venu en Jésus Christ pour affronter le mal, pour le rencontrer et le connaître, pour le guérir et le porter, pour le subir et le vaincre.

Seigneur, aie pitié de cet humain, qui a peur d'affronter.

Notre Dieu, nous te prions pour l’avenir de l’humain, toi qui achèves ce que tu as commencé, et qui recommences ce que nous avons cassé, toi qui prépares un royaume au bout de nos chemins.

Seigneur, aie pitié de cet humain, qui hésite à espérer.

Amen

Veuillons bien entendre cette évocation du pardon

Je ne t'excuse pas (ou je ne prends pas en compte tes excuses), je n'oublie pas ce que tu m'as fait, ou ce que tu me faisais, je ne me sens pas coupable, je sors du rôle de la victime, et même si tu nies, même si tu es mort, même si tu t'en moques et à condition que tu te sois arrêté, je te pardonne, c'est à dire , je me sors de ce que tu me dois et que de toutes façons tu ne me rendras jamais, je pars avec ma douleur, mais je me décharge de ta dette, de ma haine, et finalement de toi.

 " Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser, répond le philosophe Vladimir Jankélévitch. Il est fait pour les cas désespérés ou incurables. "

Le Seigneur vous pardonne pour que vous pardonniez à votre tour

JEREMIE 31

31 Les jours viennent – déclaration du Seigneur – où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, 32non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue, bien que je sois leur maître – déclaration du Seigneur. 33Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël, après ces jours-là – déclaration du Seigneur : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. 34Celui-ci n’instruira plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : « Connaissez le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand – déclaration du Seigneur. Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai plus de leur péché.

 

JEAN 12
 

20 Il y avait quelques Grecs parmi les gens qui étaient montés pour adorer pendant la fête. 21S’étant approchés de Philippe, qui était de Bethsaïda, en Galilée, ils lui demandaient : Seigneur, nous voudrions voir Jésus !


 

Ma prédication sera plus courte aujourd'hui. Mais surtout, elle sera plus silencieuse. Plus en harmonie avec ce culte où nous ne chantons pas.

Nous ne pouvons pas chanter ? Alors il nous faut prendre encore plus soin du silence.

Je savais que l'évangile était comme une mélodie et l'Église comme l'écriture improvisée d'une harmonisation; mais je n'avais pas bien admis que la prédication de cet évangile devait aussi se faire de silences.

Lesquels ne sont pas des non dits. Il en existe déjà beaucoup dans la prédication chrétienne.

Mais, plutôt, seraient une réserve d'espérance, pour demain : quand nous pourrons déployer des nouveaux mots, c'est-à-dire de nouvelles façons d'envisager notre humanité dans notre monde, à Paris, dans notre quartier.

Cette prédication , je la propose comme un un épisode de carême. Non pas ce carême qui prépare Pâques, plutôt comme celui de Jésus après qu'il avait été baptisé. 40 jours, pour qu'il prépare l'engagement de sa vie.

Nous sommes dans une espèce de carême étrange, que nous pourrions nous offrir pour penser, non pas uniquement à notre fragile et modeste condition - mais plus effrontément, plus énergiquement, à notre nouvel engagement , quand nous serons sortis de cette pandémie.

Après une semaine complexe, j'ai reçu ces textes du jour comme des cadeaux.

Le prophète Jérémie évoque une nouvelle alliance qui s'écrira directement sur les coeurs plutôt que sur des documents officiels.

Les chrétiens se sont appropriés ce texte pour désigner leur nouvelle alliance, mais moi, je crois que la prophétie de Jérémie est toujours active, dans le sens où nous pouvons encore l'espérer. Et au coeur de cette pandémie, j'active en mon coeur cette prophétie de Jérémie

Les jours viennent, d'une nouvelle alliance

Et puis, ce texte de l'évangile de Jean, que j'ai volontairement interrompu à une phrase qui m'a semblé symboliquement riche.

Pas d'exégèse même cachée aujourd'hui frères et soeurs, juste la méditation d'une phrase.

Cette phrase, émise par de Grecs, adressée à un des disciples appelé Philippe; des Grecs qui étaient là, pendant le temps de cette Pâque de cette année là, que l'évangile de Jean désigne comme "l'heure" de Jésus.

ils lui demandaient : Seigneur, nous voudrions voir Jésus !

Voilà la phrase devant laquelle je suis d'abord et assez longtemps resté silencieux.

Et puis j'ai commencé à l'entendre à nouveau.

Ce sont bien des Grecs qui demandent à voir.

Les Grecs ont toujours aimé "voir", au point d'inventer la première théorie de l'optique. Au point d'inventer un mot, le mot "idée", qui vient du verbe voir; "idéa" (forme visible, aspect) comme si l'idée permettait de transpercer le territoire des ombres.

"J'ai une idée", est représenté dans les anciennes bandes dessinées par une ampoule qui s'allume sur la tête du bénéficiaire.

Ces Grecs du récit de Jean, ils veulent voir. Comme certains voudront voir pour croire.

Je ne sais pas si ces Grecs sont prêts à croire...ils s'évanouissent rapidement dans la suite du récit, mais je pense qu'ils veulent se faire "une idée" sur Jésus. Non pas forcément, le rencontrer, mais en tous les cas, se le figurer, se le représenter.

J'ai bien noté aussi que ces Grecs parlent de concert, ils disent "nous".

Et donc, ils me font donc penser à nous.

C'est un personnage bien particulier que ce "nous", puisqu'il déborde facilement sur le lecteur et souvent lui propose de l'englober

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Nous aussi, finalement nous voudrions "voir".

Jésus peut-être, mais en tant que protestants, nous ne l'avons pas mis sur la croix, ni huguenote ni latine... à Port Royal nous l'avons cependant mis sur nos mosaïques.. Pourquoi, parce qu'en 1898, en construisant ce Temple, nous voulions voir " Jésus".

Et nous aussi, aujourd'hui,i nous voudrions peut-être, comme ces Grecs, nous en faire une idée, de ce Jésus; une idée peut-être un peu plus fixe que celles offertes dans nos évangiles sibyllins.

Et aussi, nous voudrions peut être "voir", nous faire une idée, nous figurer ce que veut dire par exemple un culte sans les chansons. Plus largement, nous demanderions à voir, à avoir une idée correcte de ce temps particulier que nous vivons.

"Voir" , nous figurer, nous faire une idée du lendemain. Quel sera-t-il ?

La pandémie sera-t-elle reçue comme une leçon? La science sera-t --elle désormais la solution à tous nos problèmes quand visiblement ,l'espérance proprement religieuse a tendance à ne pas suffire.

Oui, nous demandons à "voir", ce qui nous attend; voir ce que deviendront nos enfants quand ils grandiront et nos petits enfants quand nous ne serons plus là et qu'ils seront adultes avec la responsabilité du monde que nous leur aurions laissés.

Alors, voilà.

Bien qu'à moitié grec moi-même, et malgré le respect que j'ai pour l'idée, pour les idées, et toutes ces petites lumières qui clignotent dans notre tête dans la pénombre, je nous invite à suspendre- momentanément- et dans une esprit de Carême, notre volonté de voir, l'aujourd'hui, le lendemain, Jésus.

Je nous invite plutôt à recevoir, à rencontrer, à saisir et être saisi par ce qui se passe. Par ce qui est bien au-delà de notre figuration et de notre vision des choses.

C'est même le véritablement sens de l'au-delà.

Dans ce concert où tout le monde parle, jacasse, désigne, prétend savoir... en fait, il est impossible de voir quoi que ce soit. Fermons les yeux.

Écoutons ce commandement du Deutéronome qui nous dit " Écoute, Israël"

Peut-être que nous pourrions avoir la bienheureuse sensation d'être vu, aperçu, reconnu, dans cette pénombre.

AMEN

CONFESSION DE FOI

Je crois que Dieu peut et veut faire naître le bien à partir de tout, même du mal extrême. Pour cela, il a besoin d’êtres humains pour lesquels, « toutes choses concourent au bien ». Je crois que Dieu veut nous donner dans toute situation difficile la force de résistance dont nous avons besoin. Mais il ne la donne pas d’avance, afin que nous ne comptions pas sur nous-mêmes, mais sur lui seul. Dans une telle foi, toute peur de l’avenir devrait être surmontée. Je crois que nos fautes et nos erreurs aussi ne sont pas vaines et qu’il n’est pas plus difficile à Dieu d’en venir à bout que de nos prétendues bonnes actions. Je crois que Dieu n’est pas une fatalité hors du temps, mais qu’il attend nos prières sincères et nos actions responsables et qu’il y répond.

D.Bonhoeffer

Sois béni, Dieu notre commune origine, toi qui as voulu être le Dieu de notre espérance!

Sois béni pour Jésus de Nazareth, le Christ, qui nous ouvre ton Royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de justice, d’amour et de paix!

Notre Dieu, nous sommes en solidarité avec ceux qui vivent dans le danger et dans le combat. De loin ou de près, nous partageons leur détresse et leur espoir.

Apprends-nous à étendre nos vies au-delà de nous-mêmes et à étirer notre cœur jusqu’aux frontières où nous souffrons à transformer le monde, ou à rendre vivable un quartier.

Mets-nous en solidarité avec l’étranger, que nous ignorons, avec le démuni, que nous effaçons, avec le prisonnier, que nous évitons. Mets-nous en solidarité avec cet autre nous-mêmes que nous ignorons, effaçons, évitons.

Oh Dieu, nous prions pour cette fraternité, qui va au delà de notre fratrie officielle, à laquelle tu nous appelles.

 

Notre Dieu, à toi seul soit le règne et la gloire
Amen.