CULTE DU 31 JANVIER 2021 " quelle autorité !"

 Voici, il est là. Votre frère.

Elle est là. Votre sœur.

Vous ne l'avez pas choisi.e

Mais c'est votre frère, votre sœur en Jésus-Christ.

C'est dans cette fraternité que nous sommes accueillis aujourd'hui, par Celui qui nous a invité, à ouvrir les yeux, à sortir du brouillard et à nous apercevoir que nous n'étions pas seuls sur cette route où nous marchons..

Soyez, au nom du Seigneur qui pardonne nos fautes et nous rend libre, fraternellement accueillis.

Réjouissons-nous, en nous rappelant cette grâce infinie et profonde.

[Psaume 85]

Tu as été favorable à ton pays, SEIGNEUR ! Tu as rétabli la situation de Jacob ; Tu as pardonné la faute de ton peuple, tu as couvert tous ses péchés. Pause. Tu as ramené toute ta fureur, tu es revenu de ta colère ardente. Ramène-nous, Dieu de notre salut ! Cesse d’être contrarié à notre sujet ! Seras-tu toujours en colère contre nous ? Conserveras-tu ta colère de génération en génération ? N’est-ce pas toi qui vas revenir nous faire vivre, afin que ton peuple se réjouisse en toi? SEIGNEUR, fais-nous voir ta fidélité et donne-nous ton salut ! J’écouterai ce que dit Dieu, le SEIGNEUR ;car il parle pour la paix de son peuple et de ses fidèles ; mais qu’ils ne retournent pas à la stupidité ! Oui, son salut est proche pour ceux qui le craignent, afin que la gloire demeure dans notre pays

[Psaume 85 suite]

La fidélité et la loyauté se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent ; la loyauté germe de la terre, et la justice se penche du ciel.

Le SEIGNEUR aussi donnera le bonheur, et notre terre donnera ses produits. La justice marchera devant lui et marquera ses pas sur le chemin

Avant d'ouvrir la Bible, prions Dieu, avec le Psaume 119

10 Seigneur, je te cherche de tout mon cœur : garde-moi de fuir ta volonté !

11 Dans mon cœur je conserve tes promesses, pour ne pas faillir envers toi.

12 Toi, Seigneur, tu es béni : apprends-moi ta Parole !

13 Je fais repasser sur mes lèvres chaque décision de ta bouche.

14 Je trouve dans la voie de tes exigences plus de joie que dans tous les trésors.

15 Je veux méditer ta Parole et contempler de mes yeux tes sentiers.

16 Je trouve en tes commandements mon plaisir, je n'oublie pas ta parole.

21
Peut-être te diras-tu : « Comment reconnaîtrons-nous la parole que le Seigneur n’a pas dite ? »
22
Quand le prophète parle au nom du Seigneur (YHWH) et que la parole ne se réalise pas, qu’elle n’arrive pas, c’est une parole que le Seigneur n’a pas dite. C’est par arrogance que le prophète l’a dite : tu n’auras pas peur de lui.

21
Ils entrent dans Capharnaüm. S’étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner.
22
Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu’un qui a de l’autorité, et non pas comme les scribes.

23
Il se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur, qui s’écria :
24
Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu !
25
Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
26
L’esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri.
27
Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu’est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !
28
Et sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée

 

L'étymologie n'est pas ma matière favorite car je préfère la poésie quand elle trouve d'autres chemins que celui de permettre de s'amuser à vouloir fournir des preuves de ceci ou de cela. Mais aujourd'hui, je me sens contraint de la convoquer à propos du mot - utilisé deux fois dans le pourtant bref récit de l'évangile Marc et de la notion d'autorité. Problématique que Marc plante dès le début de son évangile et qui donne le ton du ministère de Jésus qui commence.

Et nous allons d'abord convoquer l'étymologie grecque : exousia, un mot qui se compose d'une part de la particule "Ek" qui a donné "ex" en français, et qui signifie "en dehors de" et qui se compose d'autre part d'une forme du verbe "eimi" qui en grec signifie " être".

Ce qui nous renvoie poétiquement à deux possibilités: l'autorité, c'est ce qui provient de l'en dehors de l'être de la personne, ou / et l'autorité, ce serait ce qui "sort" de l'être de la personne.

Personnellement je garde les deux. Pourquoi ?

Les distinctions entre l'autorité et le pouvoir /puissance, vous les connaissez. Le pouvoir est relié à la force et à la contrainte. L'autorité n'aurait justement pas besoin de contrainte, puisqu'elle serait acceptée, puisqu'elle serait reconnue.

Reconnue donc, si on suit la voie poético-étymologique grecque, grâce à la sensation ou la croyance que cette autorité est conférée par quelqu'un d'autre, d'incontestable : un Dieu, par exemple.

Mais il se peut aussi que cet "autre" de la personne ayant autorité, soit une instance que l'on jugerait peut-être encore plus incontestable qu'un Dieu, parce que ce serait soi-même. Soi-même conférant l'onction d'autorité sur une personne. Soi-même "autorisant" la personne à ce que je la suive et lui obéisse.

Mais cet "autre" de la personne qui a autorité pourrait être aussi une opinion jugée générale, dont nous avons perçu la rumeur et l'onction.

Prenons des exemples :

Il aurait été difficile, après qu'ils en aient bavé ou qu'ils aient été tués pour leur cause, de n'avoir pas reconnu, à un moment, l'autorité de Nelson Mandela ou de Martin Luther King. Tous deux en quelque sort ayant été "élus" par une onction totalement non démocratique et pourtant quasi générale. Un peu comme cette "renommée" de Jésus qui se répand comme une trainée de poudre après cet événement de Capharnaüm, après que Jésus avait ex filtré un esprit impur d'un anonyme de la synagogue.

Dans les trois cas, qu'elle donne la sensation d'avoir été produite par un Dieu, par soi-même s'y soumettant, ou par une consistante rumeur, l'autorité semble être cette substance diffuse, cette espèce d'aura de la personne, une sorte d'esprit qui après être entré en elle, sort de celle-ci et vous enveloppe pour que vous pensiez, pour que vous disiez " oui". En latin que vous "obéissiez".

Mais pour faire un lien avec une actualité à la fois pénible et hautement réjouissante de la levée du tabou de l'inceste, il faut préciser que l'autorité n'est pas "la notion gentille" du couple "autorité /pouvoir". Le "pouvoir", qui serait le méchant pendant que l'autorité serait "la gentille".

À l'occasion des révélations actuelles, l'on s'aperçoit que l'autorité conférée, reconnue, est aussi la source d'épouvantables processus de domination, sans qu'aucune contrainte physique, ni utilisation de coercition, ni même aucun chantage, ne soit exercés.

De toute façon, tout dictateur a appris dans son manuel, ou sur le tas ..., sait que son pouvoir, s'il n'a pas l'autorité, même protégé par les moyens les plus terrifiants, ne pourra pas tenir longtemps.

Il lui faut, selon l'étymologie grecque, cet extra- ordinaire qui le maintiendra longtemps avant que lui aussi, évidemment, y passe.

Continuons. Il n'y a pas que les Grecs dans la vie. Il y a aussi les Romains. L’étymologie latine qui a donné le mot français d'autorité est bien plus intéressante. Vous l'entendez dans la sonorité même, c'est la notion "d'auteur" qui est au centre.

L'autorité d'une personne proviendrait simplement de la sensation que cette personne est véritablement "l'auteur" de ce qu'elle dit, de ce qu'elle raconte. Qu'elle n'est pas qu'un intermédiaire ou un relais d'opinion, ou simplement un bonimenteur.

Et cette sensation qui est produite, quelle est-elle ?

C'est la sensation d'incarnation d’une parole, d'une idée ou d'une recommandation, dans cette personne qui va pousser à lui faire confiance, à la croire, et à la suivre car elle-même non seulement semble y croire, mais donne la sensation de représenter, cette parole, cette idée, cette recommandation.

C'est sans doute une vertigineuse sensation d'autorité, ayant été ressentie chez les premiers disciples de Jésus qui a fini par conduire bien plus tard l'Église à parler, à propos de ce Jésus, "d'incarnation".

Il a été perçu comme La parole devenue chair et donc, devenant autorité.

Le christianisme serait donc la révélation parfaite de l'autorité, à laquelle finalement on ne peut que se soumettre … et le paradoxe de cette autorité est qu'on s'y soumet volontairement.

Bref, je voulais déjà ce matin vous donner quelques pistes pour vous amener vous-mêmes à défricher un peu plus, à construire votre rapport à l'autorité que vous pouvez conférer à Dieu, à Jésus, à la littérature biblique, à vous-même, à ceux qui vous entourent et vous encourager à vous interroger sur ce qui vous pousse, ou vous a poussé à dire "oui" et pas uniquement à l'occasion d'un mariage.

Et maintenant, et beaucoup plus brièvement, je vais vous dire les deux choses que j'aime le plus dans ce récit.

La première des choses est l'utilisation d'un procédé en miroir : L'esprit impur sort d'un homme après que l'autorité est sortie de Jésus pour le pousser à sortir, et la renommée de cette autorité sort de Capharnaüm et se répand dans toute la Galilée. Dès le début de la description du ministère de Jésus, tout est annoncé: il s'agira d'une lutte entre deux autorités: celle qui vient de sortir et qui libère, contre celle qui ne veut pas sortir, ni être révélée à la lumière, et qui préfère dans l'ombre, posséder et envahir. L'histoire de l'Église montrera que cette lutte n'a jamais, par la suite, vraiment cessé. Que cette tension a toujours existé, jusqu'à ce que, dans les temps très récents, l'Église, en devoir de se réinventer, constate qu'elle perd à la fois son pouvoir et son autorité.

Et l'autre chose que j'aime beaucoup dans ce récit c'est que l'autorité de Jésus ne consiste pas d'abord à faire accepter à cet esprit impur de sortir, mais d'abord, à lui faire accepter de se taire. Et c'est vrai qu'il a été très bavard, d'abord, cet esprit, en essayant d'amadouer Jésus avec une confession de foi.

Tais-toi, dit Jésus.

[Non dit dans la prédication orale pour ne pas la compliquer davantage : l'esprit impur, sommé de se taire, n'est plus qu'un cri final, un cri littéralement insignifiant]

Ma prière donc, serait qu'enfin la véritable autorité surgisse et fasse taire. Taire tous les commentaires inutiles, fasse taire tous les haters et tous les trolls, fasse taire toutes les rumeurs, fasse taire toutes ces opinions de masse qui se croient singulières, fasse taire toute forme de publicité et ce pour l'éternité, fasse taire toutes les perfidies sur des tiers qu'on aime bien s'échanger entre nous, fasse taire la langue de bois, fasse taire toutes ces paroles lénifiantes et condescendantes, et qu'elle laisse la place

à ce qui doit vraiment être dit ou révélé. Elle n'imposera pas le silence comme le font certains pouvoirs. Elle laissera aussi et aussi la poésie et l'humour.

Mais, encore plus loin, que cette autorité, aussi, fasse taire en moi-même, toute autre voix que la sienne, comme le dit un cantique.

Alors pour incarner un tant soit peu ce dont je parle, je vais donc conclure cette prédication,
en me taisant.

...

Nous ne sommes pas seuls,

nous vivons dans le monde qui appartient à Dieu.

Nous croyons qu’il fait le monde pour le bonheur et pour la vie ; 

malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur,

Nous croyons en Dieu.

Nous croyons qu’il travaille en nous par son Esprit 

pour nous apporter la réconciliation et le renouveau,

Nous avons confiance en lui.

Il nous appelle à nous rassembler : 

pour célébrer sa présence, pour aimer et servir les autres, 

pour rechercher ce qui est juste et résister au mal.

Nous proclamons le Royaume de Dieu,

Dans la vie, dans la mort, dans la vie après la mort, 

il est avec nous. Nous ne sommes pas seuls.

Nous croyons en Dieu.

Cette annonce aujourd'hui parle de l'Église. La Nôtre. Cette assemblée mouvante et émouvante. De gens, si différents, réunis par l'Esprit de Dieu. Cette Église, qu'elle prenne la forme pour nous d'une paroisse, d'une famille, d'une utopie, de moments sacrés comme la communion, comme un canal de la Parole de Dieu qui désaltère ou toutes ces formes croisées, nous y tenons.

Elle ne vit que de notre confiance et de nos dons, en temps, en service, en argent.

Cet argent sert à entretenir un piano et les orgues, à attirer des musiciens, à faire résonner notre joie dans ce temple et dans un futur proche nous l'espérons, faire vivre notre chœur du Temple

Cet argent sert à entretenir nos bâtiments et nos salles, celles de la Maison fraternelle et du Temple de Port Royal, pour y accueillir de nouveau dans un futur pas trop lointain, des expositions qui nous procurent des émotions à la fois esthétiques et spirituelles, des conférences, des repas, des spectacles, des enfants, des militants , des artistes qui inventent.

Cet argent sert à avoir des pasteurs, à accueillir des demandes de baptêmes, des demandes de bénédiction de mariage, à partager des projets.

2021: une année de plus où notre envie et notre devoir de solidarité va être primordial. Nous sommes solidaires de notre Église Protestante Unie de France. Alors voici le moment de l'offrande, que le Seigneur bénisse ce que vous donnerez.

Divers moyens sont à votre disposition. Un virement, ponctuel ou régulier, les coordonnées sont à télécharger en dessous ce message. Et aussi, donner en ligne, à l'aide du lien qui vous est proposé.
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nous te remercions de nous avoir adressé ton appel, parce que cet appel a donné un sens nouveau à nos vies, et parce que, dans ton plan d’amour pour ce monde, tu nous as assigné une place où nous pouvons servir. Aide-nous à discerner et à comprendre ce que tu as accompli dans le monde, pour que nous désirions avec ardeur y participer, que nous sachions faire aujourd’hui que ce que nous n’avons pas su faire hier.

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Fais de nos églises des églises pour les autres. Montre-nous comment vivre une vie plus conforme à ta volonté.

Et tous nos cœurs, unis dans la confiance élèvent vers toi, dans la communion de l’Église universelle, cette prière :

Écoutons cette expression de la volonté de Dieu au travers de ce verset 18 de la lettre de Jacques :

Le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de paix.

BÉNÉDICTION

Notre Seigneur Jésus-Christ dit: “Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Que votre cœur ne se trouble pas.” Allez sur le chemin de la vie, confiants dans cette parole! Le Seigneur vous accompagne et vous garde dans son amour. Amen