LECTURES
Ecc. 9:5-10
les morts ne savent rien ; ils n'ont plus de récompense, et jusqu'à leur souvenir est oublié. » De même, « Quoi que tes mains trouvent à faire, fais-le pleinement car dans le Sheol, où tu vas, il n'y a ni travail, ni plan, ni connaissance, ni sagesse. »
Ps. 18:5-7,
« Les liens de la mort m'avaient environné, et les torrents de la destruction m'avaient épouvanté ; les liens du Sheol m'avaient entouré, les filets de la mort m'avaient surpris. Dans ma détresse, j'ai invoqué l'Éternel, J'ai crié à mon Dieu ; de son palais, Il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant Lui à Ses oreilles ; […] »
Marc 16.1-8
1Lorsque le sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates, pour venir l’embaumer. 2Le premier jour de la semaine, elles viennent au tombeau de bon matin, au lever du soleil. 3Elles disaient entre elles : Qui roulera pour nous la pierre de l’entrée du tombeau ? 4Levant les yeux, elles voient que la pierre, qui était très grande, a été roulée. 5En entrant dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche ; elles furent effrayées. 6Il leur dit : Ne vous effrayez pas ; vous cherchez Jésus le Nazaréen, le crucifié ; il s’est réveillé, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis. 7Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. 8Elles sortirent du tombeau et s’enfuirent tremblantes et stupéfaites. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.
PREDICATION
On y va tous. Au Sheol. Le Sheol, c'est un mot hébreu qui désigne la tombe commune de l'humanité. C'est situé au milieu des colonnes de la terre qui sont plantés au milieu de l'océan, enfin, du moins d'après la représentation du cosmos dans le proche orient ancien. Mais qu'importe, c'est là où tout le monde va.
Ce n'est pas très gai. D'après l'écclesiaste, on s'y ennuie ferme, vous l'avez entendu par la bouche de Claire. il n'y a ni travail, ni plan, ni connaissance, ni sagesse. » Ni rien.
C'est le pays de l'oubl i Car celui qui meurt n'a plus ton souvenir, dit le psalmiste. Qui te louera dans le séjour des morts?
Tout le monde y va, les justes comme les injustes, jusqu'au retour à la poussière. Fin.
Cela dit, pour certains comme Job, malgré l'ennui qui caractérise cet endroit , malgré l'oubli qui est sa matrice, le sheol est désirable ,... du moins par rapport à sa vie... chapitre 3
11Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles? 12Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des seins pour m'allaiter? 13Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais, 14Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées, 15Avec les princes qui avaient de l'or, Et qui remplirent d'argent leurs demeures. 16Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17Là ne s'agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force; 18Les captifs sont tous en paix, Ils n'entendent pas la voix de l'oppresseur; 19Le petit et le grand sont là, Et l'esclave n'est plus soumis à son maître.
Et puis plus loin, au chapitre 14
13Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts,
Oui les anciens hébreux ne croyaient pas à une vie réelle après la mort. Cette croyance est venue par l'intermédiaire des Egyptiens, dit-on qui eux, y croyaient ferme, et puis les pharisiens s'en sont emparés sur le thème du Dieu tout puissant qui est donc capable d'aller visiter ce sheol et d'y relever les justes qui le méritent. Jésus partageait cette croyance. Mais ceux qu'on appelaient les sadducéens, eux n'y croyaient pas du tout. "Fariboles". Ceux-ci n'étaient pas forcément les "méchants" de l'histoire, ces incroyants de l'époque de Jésus étaient les vestiges d'un temps où oui, on pouvait avoir la foi, sans croire à une vie après la vie ! C'est la pensée commune de la Bible hébraïque, d'où son intensité peut-être, quand il n'est pas question de procrastiner ! Dieu se rencontre dans ta vie, et point. C'est maintenant, ou jamais. Combien de fois ai je entendu dans mon travail des gens qui m'expliquaient qu'ils ne croyaient pas en Dieu parce qu'ils n'avaient pas besoin d'une vie après la mort - contrairement à vous, les croyants qui avaient besoin d'une assurance vie !
...Et combien de fois leur ai je repliqué qu'en gros personne n'y croit dans l'ancien testament, qui a pourtant fourni les plus grandes figures de croyants de tous les temps. Et vous, vous y croyez ? O moi vous savez, quand on a eu la sensation d'éternité ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, le problème ne se pose plus, il y a une vie éternelle, et j'ai eu l'opportunité de la sentir... après ma petite personne... je la vois mal gambader dans un paradis qui lui est une invention des Perses. En général, mon interlocuteur s'en va, légèrement ennuyé parce que, son argument était tellement parfait, pour refuser de rencontrer Dieu. Ici , maintenant. Et que ce n'est pas une question d'assurance, que même, cela n'a rien à voir.
Venons en à nos femmes du jour, Marie Madeleine, Marie mère de Jacques, et Salomé. Nos embaumeuses. Des femmes oui, qui s'occupent de l'humain quand il arrive, un peu étonné quand même dans ce monde extremement lumineux et bruyant, et qui prend sa première inspiration - avant on lui espère beaucoup d'autres inspirations, heureuses ou malheureuses, - des femmes qui s'occupent aussi de l'humain après qu'il a poussé sa dernière expiration. De bon matin, ce n'est pas vers le Sheol qu'elle vont, mais vers un tombeau particulier , celui que Joseph d'arimatée avait acheté , comme on le lit au chapitre précédent de Marc :
46. Ayant acheté un linceul, il le descendit, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un tombeau qui avait été taillé dans le roc, et il roula une pierre à l'entrée du tombeau.
La pierre est roulée. Elles entrent et voient un jeune homme. Elles ont peur. Celui ci leur dit de ne pas avoir peur et de dire que celui qu'elle cherchait s'est réveillé. Mais elles s'enfuient. Elle tremblent. Elles ne dirent rien à personne. Et elles ont peur.
Fin probable de l'évangile de Marc, le plus ancien des évangiles. Ce qui suit chez Marc n'est pas de la main de l'auteur principal. Il semble que Marc ait eu envie de terminer son évangile par la peur.
Mais la peur de quoi ? Enfin ? Mais la peur de rien justement. Il n'y a rien. Le tombeau est vide. Quelqu'un leur parle, mais qui est il celui là quel rôle joue t il ? Un ange ? Marc ne le dit pas, il aurait pu le dire, mais il dit "jeune homme". Pas un homme jeune comme était Jésus mais un jeune homme. Un jeune homme. Des femmes. On dirait ce jour là que tous ceux qui comptent, les vrais disciples, les vrais hommes, et aussi les hommes vieux, ne sont pas là. On dirait que tout le monde présumé important a disparu.
Et si on était mortes, si c'était ça la mort ? Cela expliquerait pourquoi le tombeau est vide. Quand on est mort, forcément , les tombeaux sont vides.
Peur de quoi ?
Peur de se retrouver de l'autre côté sans même s'en être aperçu. Elles vivent le moment favorable de leur vie. Ce moment où tout ce qui était important avant est devenu des ombres. Elles courrent, mais le paysage qu'elle font défiler n'a aucune importance. Tout ça n'existe plus.
Marc avait décidé de terminer son évangile comme cela, mais c'était sans compter sur d'autres rédacteurs qui trouvaient ça craignait trop - c'est le cas de le dire... Mais ce que Marc, s'il a réellement terminé son évangile ainsi, a voulu dire, c'est que le temps avait changé de nature, que plus rien ne serait comme avant. Elles étaient des disciples, des disciples cachés, évidemment car elles étaient des femmes, elles ont changé de nature, elles sont devenues des anges, c'est à dire des messagères, les premières messagères - enfin sans compter ce jeune homme - c'aurait pu être mon fils, dit Salomé - elles parlent en courant - les premières messagères de l'évangile, mais l'évangile de quoi ?
Il n'y avait rien, elles n'ont rien vu. Juste , le tombeau était vide. L'a t-on enlevé du tombeau ? Et s'il n'était pas mort sur la croix ? S'il avait fait semblant, car après tout, il y est mort rapidement sur cette croix , par rapport aux autres crucifiés...et si et si... mais si les questions se posent, elle se posent sur rien, car l'évangile commence à courir, et rien ne l'arrête la mort n'a pas eu le dernier mot , le dernier mot, c'est la peur, la peur vitale de la vie qui nait - j'ai laissé les aromates près du tombeau - quels aromates ? l'évangile commence à courir, ces femmes croient à la vie après la mort, mais pas comme la plupart, pas après.
Elles, elles y sont.
Elles vivent, elles sont comme tous ces prophètes qui n'ont pas besoin d'attendre pour vivre, qui sont déjà après la mort, qui l'ont enjambée, qui l'ont dépassée.
La bonne nouvelle de Dieu n'a pas été enterrée, il n'y pas de sheol, et Job peut toujours l'espérer et l'Ecclesiaste toujours faire son cynique, la bonne nouvelle court encore depuis le premier souffle de vie sur la terre des hommes et des animaux et des fleuves et de la création et est toujours capable d'embrasser tout le monde.
Il a été relevé d'entre les morts , dira t on, mais c'est une façon de parler d'un espoir qu'une fatalité pourtant bien programmée n'a pas pu briser.
Il y a de quoi être heureux. C'est la guérison complète d'une maladie bien humaine, celle de ne croire en rien d'heureux et de toujours voir le gouffre, l'effondrement, le délitement. la mort.
Il ne s'est rien passé au tombeau. Il n'est plus là, c'est tout. Mais a t il jamais été là, n'a t il pas toujours été là ? Pourquoi n'avions nous rien compris ? Comment préserver au fond de notre coeur cette intensité, cette lumière, cette formidable nouvelle que l'histoire ne s'enfermera jamais dans un récit, puisque Marc l'a coupé juste là, pour laisser de la place .
Pour que ce temps nouveau ne souffre d'aucune faiblesse narrative.
C'est ouvert.
C'est maintenant.
AMEN.
Ecc. 9:5-10
les morts ne savent rien ; ils n'ont plus de récompense, et jusqu'à leur souvenir est oublié. » De même, « Quoi que tes mains trouvent à faire, fais-le pleinement car dans le Sheol, où tu vas, il n'y a ni travail, ni plan, ni connaissance, ni sagesse. »
Ps. 18:5-7,
« Les liens de la mort m'avaient environné, et les torrents de la destruction m'avaient épouvanté ; les liens du Sheol m'avaient entouré, les filets de la mort m'avaient surpris. Dans ma détresse, j'ai invoqué l'Éternel, J'ai crié à mon Dieu ; de son palais, Il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant Lui à Ses oreilles ; […] »
Marc 16.1-8
1Lorsque le sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates, pour venir l’embaumer. 2Le premier jour de la semaine, elles viennent au tombeau de bon matin, au lever du soleil. 3Elles disaient entre elles : Qui roulera pour nous la pierre de l’entrée du tombeau ? 4Levant les yeux, elles voient que la pierre, qui était très grande, a été roulée. 5En entrant dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche ; elles furent effrayées. 6Il leur dit : Ne vous effrayez pas ; vous cherchez Jésus le Nazaréen, le crucifié ; il s’est réveillé, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis. 7Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. 8Elles sortirent du tombeau et s’enfuirent tremblantes et stupéfaites. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.
PREDICATION
On y va tous. Au Sheol. Le Sheol, c'est un mot hébreu qui désigne la tombe commune de l'humanité. C'est situé au milieu des colonnes de la terre qui sont plantés au milieu de l'océan, enfin, du moins d'après la représentation du cosmos dans le proche orient ancien. Mais qu'importe, c'est là où tout le monde va.
Ce n'est pas très gai. D'après l'écclesiaste, on s'y ennuie ferme, vous l'avez entendu par la bouche de Claire. il n'y a ni travail, ni plan, ni connaissance, ni sagesse. » Ni rien.
C'est le pays de l'oubl i Car celui qui meurt n'a plus ton souvenir, dit le psalmiste. Qui te louera dans le séjour des morts?
Tout le monde y va, les justes comme les injustes, jusqu'au retour à la poussière. Fin.
Cela dit, pour certains comme Job, malgré l'ennui qui caractérise cet endroit , malgré l'oubli qui est sa matrice, le sheol est désirable ,... du moins par rapport à sa vie... chapitre 3
11Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles? 12Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des seins pour m'allaiter? 13Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais, 14Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées, 15Avec les princes qui avaient de l'or, Et qui remplirent d'argent leurs demeures. 16Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17Là ne s'agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force; 18Les captifs sont tous en paix, Ils n'entendent pas la voix de l'oppresseur; 19Le petit et le grand sont là, Et l'esclave n'est plus soumis à son maître.
Et puis plus loin, au chapitre 14
13Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts,
Oui les anciens hébreux ne croyaient pas à une vie réelle après la mort. Cette croyance est venue par l'intermédiaire des Egyptiens, dit-on qui eux, y croyaient ferme, et puis les pharisiens s'en sont emparés sur le thème du Dieu tout puissant qui est donc capable d'aller visiter ce sheol et d'y relever les justes qui le méritent. Jésus partageait cette croyance. Mais ceux qu'on appelaient les sadducéens, eux n'y croyaient pas du tout. "Fariboles". Ceux-ci n'étaient pas forcément les "méchants" de l'histoire, ces incroyants de l'époque de Jésus étaient les vestiges d'un temps où oui, on pouvait avoir la foi, sans croire à une vie après la vie ! C'est la pensée commune de la Bible hébraïque, d'où son intensité peut-être, quand il n'est pas question de procrastiner ! Dieu se rencontre dans ta vie, et point. C'est maintenant, ou jamais. Combien de fois ai je entendu dans mon travail des gens qui m'expliquaient qu'ils ne croyaient pas en Dieu parce qu'ils n'avaient pas besoin d'une vie après la mort - contrairement à vous, les croyants qui avaient besoin d'une assurance vie !
...Et combien de fois leur ai je repliqué qu'en gros personne n'y croit dans l'ancien testament, qui a pourtant fourni les plus grandes figures de croyants de tous les temps. Et vous, vous y croyez ? O moi vous savez, quand on a eu la sensation d'éternité ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, le problème ne se pose plus, il y a une vie éternelle, et j'ai eu l'opportunité de la sentir... après ma petite personne... je la vois mal gambader dans un paradis qui lui est une invention des Perses. En général, mon interlocuteur s'en va, légèrement ennuyé parce que, son argument était tellement parfait, pour refuser de rencontrer Dieu. Ici , maintenant. Et que ce n'est pas une question d'assurance, que même, cela n'a rien à voir.
Venons en à nos femmes du jour, Marie Madeleine, Marie mère de Jacques, et Salomé. Nos embaumeuses. Des femmes oui, qui s'occupent de l'humain quand il arrive, un peu étonné quand même dans ce monde extremement lumineux et bruyant, et qui prend sa première inspiration - avant on lui espère beaucoup d'autres inspirations, heureuses ou malheureuses, - des femmes qui s'occupent aussi de l'humain après qu'il a poussé sa dernière expiration. De bon matin, ce n'est pas vers le Sheol qu'elle vont, mais vers un tombeau particulier , celui que Joseph d'arimatée avait acheté , comme on le lit au chapitre précédent de Marc :
46. Ayant acheté un linceul, il le descendit, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un tombeau qui avait été taillé dans le roc, et il roula une pierre à l'entrée du tombeau.
La pierre est roulée. Elles entrent et voient un jeune homme. Elles ont peur. Celui ci leur dit de ne pas avoir peur et de dire que celui qu'elle cherchait s'est réveillé. Mais elles s'enfuient. Elle tremblent. Elles ne dirent rien à personne. Et elles ont peur.
Fin probable de l'évangile de Marc, le plus ancien des évangiles. Ce qui suit chez Marc n'est pas de la main de l'auteur principal. Il semble que Marc ait eu envie de terminer son évangile par la peur.
Mais la peur de quoi ? Enfin ? Mais la peur de rien justement. Il n'y a rien. Le tombeau est vide. Quelqu'un leur parle, mais qui est il celui là quel rôle joue t il ? Un ange ? Marc ne le dit pas, il aurait pu le dire, mais il dit "jeune homme". Pas un homme jeune comme était Jésus mais un jeune homme. Un jeune homme. Des femmes. On dirait ce jour là que tous ceux qui comptent, les vrais disciples, les vrais hommes, et aussi les hommes vieux, ne sont pas là. On dirait que tout le monde présumé important a disparu.
Et si on était mortes, si c'était ça la mort ? Cela expliquerait pourquoi le tombeau est vide. Quand on est mort, forcément , les tombeaux sont vides.
Peur de quoi ?
Peur de se retrouver de l'autre côté sans même s'en être aperçu. Elles vivent le moment favorable de leur vie. Ce moment où tout ce qui était important avant est devenu des ombres. Elles courrent, mais le paysage qu'elle font défiler n'a aucune importance. Tout ça n'existe plus.
Marc avait décidé de terminer son évangile comme cela, mais c'était sans compter sur d'autres rédacteurs qui trouvaient ça craignait trop - c'est le cas de le dire... Mais ce que Marc, s'il a réellement terminé son évangile ainsi, a voulu dire, c'est que le temps avait changé de nature, que plus rien ne serait comme avant. Elles étaient des disciples, des disciples cachés, évidemment car elles étaient des femmes, elles ont changé de nature, elles sont devenues des anges, c'est à dire des messagères, les premières messagères - enfin sans compter ce jeune homme - c'aurait pu être mon fils, dit Salomé - elles parlent en courant - les premières messagères de l'évangile, mais l'évangile de quoi ?
Il n'y avait rien, elles n'ont rien vu. Juste , le tombeau était vide. L'a t-on enlevé du tombeau ? Et s'il n'était pas mort sur la croix ? S'il avait fait semblant, car après tout, il y est mort rapidement sur cette croix , par rapport aux autres crucifiés...et si et si... mais si les questions se posent, elle se posent sur rien, car l'évangile commence à courir, et rien ne l'arrête la mort n'a pas eu le dernier mot , le dernier mot, c'est la peur, la peur vitale de la vie qui nait - j'ai laissé les aromates près du tombeau - quels aromates ? l'évangile commence à courir, ces femmes croient à la vie après la mort, mais pas comme la plupart, pas après.
Elles, elles y sont.
Elles vivent, elles sont comme tous ces prophètes qui n'ont pas besoin d'attendre pour vivre, qui sont déjà après la mort, qui l'ont enjambée, qui l'ont dépassée.
La bonne nouvelle de Dieu n'a pas été enterrée, il n'y pas de sheol, et Job peut toujours l'espérer et l'Ecclesiaste toujours faire son cynique, la bonne nouvelle court encore depuis le premier souffle de vie sur la terre des hommes et des animaux et des fleuves et de la création et est toujours capable d'embrasser tout le monde.
Il a été relevé d'entre les morts , dira t on, mais c'est une façon de parler d'un espoir qu'une fatalité pourtant bien programmée n'a pas pu briser.
Il y a de quoi être heureux. C'est la guérison complète d'une maladie bien humaine, celle de ne croire en rien d'heureux et de toujours voir le gouffre, l'effondrement, le délitement. la mort.
Il ne s'est rien passé au tombeau. Il n'est plus là, c'est tout. Mais a t il jamais été là, n'a t il pas toujours été là ? Pourquoi n'avions nous rien compris ? Comment préserver au fond de notre coeur cette intensité, cette lumière, cette formidable nouvelle que l'histoire ne s'enfermera jamais dans un récit, puisque Marc l'a coupé juste là, pour laisser de la place .
Pour que ce temps nouveau ne souffre d'aucune faiblesse narrative.
C'est ouvert.
C'est maintenant.
AMEN.