Lectures (a) (lecteur)
Jean 15:26-27Louis Segond (LSG)
26 Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi; 27 et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement.
Jean 16:12-15Louis Segond (LSG)(lecteur)
12 J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant.
13 Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir.
Extrait musical
Lecture (b) (lecteur)
Actes 2:1-11Louis Segond (LSG)
2 Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. 2 Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. 4 Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. 5 Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6 Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient tous dans l'étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres: Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? 8 Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle? 9 Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, 10 la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, 11 Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu?
Prédication
En fait, tout bien pesé, cela fait 28 ans que je fais le pasteur, comme on dit dans le sud.
Et donc, cela fait 28 fois, que je prêche le jour de Pentecôte. Pas uniquement sur les textes qui ont été lus aujourd'hui, pas uniquement en compagnie des Parthes, des Mèdes, des Élamites, mais : à Pentecôte sur ce thème de la pentecôte.
Et donc - vous vous demandez peut-être pourquoi je vous raconte ma vie - certains peuvent se demander si je raconte ma vie vraiment où s'il ne s'agit que d'une forme rhétorique destinée à capter votre attention...
et donc... et donc , 28 prédications plus tard, j'ai besoin de quoi ? De prendre ma retraite ? Non, 28 annuités, ce n'est pas suffisant.
Au bout de 28 fois, j'ai besoin : d'un second souffle.
D'un second souffle... D'une nouvelle bouffée de cet esprit- dont la traduction littérale est le souffle - qui tombe sur les disciples lors de la fête de la pentecôte à Jérusalem. A un moment où ils n'étaient pas exactement au meilleur de leur forme et où ils auraient pu ... se disperser, ou abonder dans la nostalgie, ou jouer la comédie ....
Second souffle. C'est exactement l'expression qui m'est tombée dessus quand, vendredi soir, je songeais, devant mon ordinateur.
Quand je me demandais comment, de nouveau, interpréter ce texte, ce thème, cette fête, pour nous, ce matin assemblés dans ce Temple. Cet expression m'est tombée dessus parce que justement j'avais besoin de ce second souffle.
Parfois, quand un thème apparait brusquement dans l'esprit d'un interprète, il devient un vecteur, et l'interprète utilise ce vecteur pour scanner le matériau biblique et voir ce qu'il en ressort.
Je l'ai fait. Profusion. Récolte faramineuse !
Le second souffle, c'est le souffle du coureur apparemment épuisé, mais qui finalement repart : Des difficultés à respirer, les jambes lourdes, une envie de stopper la course… telles sont les sensations que vous avez après quelques minutes de course. Et puis… Un ouf de soulagement… Votre fréquence cardiaque retrouve la normale, votre respiration devient régulière, vos douleurs musculaires s’estompent, et vous êtes de nouveau prêt à courir quelques kilomètres ! Ce second souffle est une seconde chance, une seconde opportunité offerte d'avancer.
Si j'identifie ce second souffle à une seconde chance, et que je lise ma bible d'une façon transversale et disons le, d'une façon non scientifique.. un peu comme une pinata, vous savez , ce récipient qui peut prendre la forme d'une figurine ou de tout autre objet et que l'on remplit de sucreries et de jouets. Une succession d'enfants, les yeux bandés, armés d'un bâton essayent de casser la piñata afin de récupérer les sucreries cachées à l'intérieur. Parfois tout se casse et c'est l'avalanche. Parfois, un prédicateur, c'est comme un enfant devant une piñata...
Adam et sa femme ont eu une première chance et pour des raisons bien obscures finalement, ils ne l'ont pas saisie, mais ils en ont eu une autre.
Leur fils, Cain aurait pu rester tranquillement à faire pousser ses légumes, mais non, il lui a fallu tuer son frère. On va dire que dès lors sa course était terminée. Mais Dieu lui a offert une seconde chance, un second souffle. Poussé par l'esprit, ce meurtrier est allé fonder la civilisation.
Les humains, et toute la création, ayant pris un mauvais pli systématique ont été emporté par un déluge, mais cette création, dit cette légende, a eu une seconde chance, par l'intermédiaire de Noé. La course n'était donc pas terminée.
Abram évidemment qui, à 75 ans, commence une seconde vie. Quel sportif de légende !
Le peuple hébreu, qui, pendant l'ascension de Moise, se met à adorer un veau d'or, ce qui entraine Moise à fracasser les tables de la loi sur un rocher, mais qu'à cela ne tienne, il y aura de nouvelles tables de la loi.
Et je ne vais pas faire toute la liste, de tous épuisés, qui repartent, ces stériles qui enfantent, ces frappés par la fatalité qui se remettent à rire, ces déserts qui, en tous les cas en prophétie, refleurissent, ce bourgeon sur le vieux tronc...
Jusqu'à cette bande, ces Galiléens - ne sont-il pas Galiléens ? - qui avaient suivi leur maître jusqu'à disons son avant dernier souffle - car au dernier, ils n'étaient même plus là...et qui, comme le raconte l'évangile de Jean, s'étaient enfermés toutes portes verrouillées dans un lieu...Ils avaient couru la course, et comme le raconte l'évangile de Jean et d'une autre façon Luc dans le livre des Actes, ils ont reçu un second souffle, qui leur a permis de reprendre la route, route dans laquelle nous sommes encore aujourd'hui. Le second souffle a été donné. Et puisque nous allons maintenir cette notion de second souffle, en bon français, il n'y en aura pas de troisième. Ce n'est pas un deuxième souffle, c'est le second et dernier souffle.
Et ce second souffle souffle encore. Et la fête de Pentecôte est le moment de l'invitation à se laisser emplir de ce souffle, à se gorger de cet esprit.
A toi qui certes n'a pas forcément eu besoin d'un second souffle pour ta vingt huitième prédication sur le même thème, mais qui probablement a pu sentir cette courbe déclinante, ce ralentissement progressif de ta passion... pour la vie.
La vie, quand on y pense, on ne devrait la vivre qu'intensément, car ce phénomène là, dans lequel nous sommes est stupéfiant, pourtant, la plupart du temps, beaucoup en arrive à trouver ça, progressivement, - ennuyeux, répétitif...alors on ralentit.. C'est alors qu'on a besoin d'un second souffle...
Parfois, ce second souffle est tellement nécessaire qu'il nous arrive de produire une catastrophe, qui brusquement va nous remettre en alerte, et paradoxalement, nous rendre à la vie, qui nous redevient précieuse, ainsi que redeviennent précieux nos chers prochains qui sortent brusquement de la grisaille de laquelle progressivement nous les avions recouverts.
La foi, c'est pareil. On pourrait s'imaginer que croire en Dieu, c'est à dire croire que Dieu existe réellement devrait nous maintenir en permanence dans une orientation vers le sublime...Pourtant - et personnellement cela ne laisse pas de m'étonner- pourtant, cela n'étonne pas grand monde, parmi les croyants, de croire en Dieu... au point qu'ils trouvent des dérivatifs nombreux, pour , tout en se maintenant croyants, s'occuper...en se faisant la guerre, en s'entredéchirant au nom de leur foi, à conquérir de nouvelles Constantinople, en désignant un ennemi...alors que, s'ils réalisaient - simplement - l'objet même de leur foi, ils deviendraient des intenses pratiquants de cette vie improbable qui leur est donnée.
La bande de Galiléens n'a pas eu le temps de s'ennuyer, car la tradition biblique raconte qu'à Pentecôte un second souffle, un nouveau baptême, celui de l'Esprit, leur a été donné...
Et ensuite on raconte que ce souffle s'est atténué jusqu'à disparaitre, puisqu'ils ont commencé à fixer les limites de leurs croyances, à se diviser, à se battre, à s'identifier... Mais cette vision pessimiste - du second souffle qui s'éloigne... peut être évangéliquement mise en question. Le second souffle ne s'est pas éloigné...Ce sont eux qui s'en sont éloignés...et ils ont recommencé à respirer l'air plus ou moins vicié de leur habitudes...Oh certes, il y a eu et heureusement de splendides bouffées de ce second souffle qui ont occasionné ce qu'on appelle des réveils... Par exemple, le réveil protestant d'origine méthodiste... Mais globalement, ce n'est plus Pentecôte..
C'est alors que se pose la question de notre Eglise Protestante Unie de France, qui s'affirme désormais comme une Eglise de Témoins, qui va rechercher ses nouvelles thèses pour l'anniversaire de la Réforme en 2017.
Cette Eglise, Une église de communion plus de conviction globale et linéaire, est la seule qui s'affirme déjà comme diverse, la seule qui admet constitutivement dans sa communion des différences de points de vue assez radicales, comme en témoigne notre dernier synode national... une Eglise qui est pressée par ses voisins évangéliques et fondamentalistes qui se proclament eux héritiers directs des réveils religieux.
Mais sans pactiser naturellement avec une vision obscurantiste de l'interprétation de la Bible et de la tradition, notre Eglise, et aussi la nôtre: de Port Royal Quartier Latin, n'a t elle pas besoin d'aller chercher ce second souffle, celui qui souffle depuis la première des secondes chances qui a été donné au premier coureur qui s'envisageait en fin de course,
cette Eglise n'a t elle pas besoin de retrouver la stupéfaction du miracle de la vie et de la foi ?
Sans perdre son intelligence , n'a t elle pas besoin d'une ferveur plus intense ? Pour cela , ne faudra t il pas qu'elle se redresse un peu, qu'elle proclame un peu plus, qu'elle renaisse un peu plus, qu'elle accueille un peu plus et qu'elle vive un peu plus, beaucoup plus ?
Et si nous inspirions pour l'année qui va venir, une grande bouffée de ce second souffle et que nous nous mettions à sentir notre fréquence cardiaque s'équilibrer , notre respiration devenir régulière - et ici c'est bien la régularité des assemblées dont je parle - et nous nous mettions à constater que nos douleurs musculaires s’estompent, et que nous revenions en piste pour courir, comme le dit Paul, quelques kilomètres de plus ?
Ce question nous est posée à tous à Pentecôte...Allons nous saisir ce second souffle ?
AMEN