LECTURES
Lecture Bahia IDRISSI
Apocalypse 21.10-22 (NBS)
10Il me transporta, par l’Esprit, sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. 11Elle avait la gloire de Dieu ; son éclat ressemblait à celui d’une pierre précieuse, une pierre de jaspe transparente comme du cristal. 12Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges. Des noms y étaient inscrits, ceux des douze tribus des Israélites : 13à l’est trois portes, au nord trois portes, au sud trois portes et à l’ouest trois portes. 14La muraille de la ville avait douze fondations ; elles portaient les douze noms des douze apôtres de l’agneau.
15Celui qui parlait avec moi avait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville, ses portes et sa muraille. 16La ville avait la forme d’un carré, sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau : douze mille stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. 17Il mesura la muraille : cent quarante-quatre coudées, d’une mesure humaine qui était celle de l’ange. 18La muraille était construite en jaspe, et la ville était d’or pur, semblable à du verre pur. 19Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses : la première fondation était de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d’émeraude, 20la cinquième de sardonyx, la sixième de sardoine, la septième de chrysolithe, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième d’hyacinthe, la douzième d’améthyste. 21Les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d’une seule perle. La grande rue de la ville était d’or pur, comme du verre transparent.22Je n’y vis pas de sanctuaire, car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, est son sanctuaire
LECTURE Psaume 67 ( dans traduction PDV)
2Ô Dieu, aie pitié de nous et bénis-nous,fais briller sur nous ton visage !3Alors sur la terre, tous verront comment tu agis,toutes les nations sauront que tu es le sauveur.4Ô Dieu, que les peuples te disent merci,que les peuples te remercient tous ensemble !5Que les nations se réjouissent et chantent leur joie,car tu juges les peuples avec justice,et sur la terre, tu conduis les nations.6Ô Dieu, que les peuples te disent merci,que les peuples te remercient tous ensemble !7La terre a donné ses récoltes,Dieu, notre Dieu, nous bénit.8Oui, que Dieu nous bénisse,et que tous le respectent, jusqu’au bout du monde !
Jean 14.23-27
23Jésus lui répond : « Si quelqu’un m’aime, il obéira à mes paroles. Mon Père l’aimera, nous irons à lui et nous habiterons chez lui. 24La personne qui ne m’aime pas n’obéit pas à mes paroles. Ce que je vous dis maintenant ne vient pas de moi, mais cela vient du Père qui m’a envoyé. 25Je vous ai dit ces choses pendant que je suis encore avec vous. 26Le Père enverra en mon nom l’Esprit Saint, celui qui doit vous aider. Il vous enseignera tout et il vous rappellera tout ce que je vous ai dit.27« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Ne soyez pas inquiets et n’ayez pas peur.
PREDICATION
La personne qui vient demander le baptême n'est pas celle qui veut rentrer à la maison, après un long voyage, heureux, comme Ulysse, d'être reconnu par son chien, qui serait Dieu.
Pourtant dans la Bible, cette maison existe, elle n'est pas faite de pierre ou de bois, elle est cette multitude de gens qui habitent là où nous sommes, ce cosmos, cet univers là où nous sommes.
La personne qui demande , et reçoit le baptême, car il suffit de le demander pour le recevoir et je dirais même qu'il suffit de l'avoir demandé pour avoir conscience de l'avoir reçu, cette personne-là habite déjà dans cette maison, la maison de tout le monde.
Mais cette personne-là qui a décidé de demander le baptême a aussi décidé de faire un pas de plus. Elle a décidé de devenir un peu plus ce qu'elle a envie de devenir. Au milieu de cette gigantesque maison qui traverse le temps, ce temps qui devrait tout de même, à la longue, nous permettre d'apprendre que cette maison est commune, qu'elle est une commune, la personne- consciente - qui demande le baptême vient se singulariser au milieu de la masse, comme si si cette personne là était neuve. Le baptême a souvent été compris comme cette novation.
Alors que cette personne là qui vient, elle est très ancienne, ces gènes qui l'animent, la composent , ces histoires transmises explicitement ou implicitement, qui provoquent ses réflexes, ses regards, ses réactions, viennent d'une sorte d'éternité, et beaucoup de ce qu'elle est, de ce qu'elle dit ou ce qu'elle pense, s'est déjà produit, chez beaucoup d'autres, bien avant elle. Pour dire que même une jeune fille est vénérable, tant elle charrie avec elle les myriades d'existences qui l'ont précédée.
Nous sommes tous vénérables, car tous, nous sommes de très grands anciens. Inconscients certes de l'être, mais nous le sommes. Parce que nous sommes de cette maison, qui nous a été offerte sans que nous en demandions rien, de cette maison qui nous a fait, et qui fera ceux qui viendront.
Vénérable et comme neuve, puisque d'une chance, d'une possibilité, la personne qui demande le baptême fait un choix. Elle décide de quitter la voie commune et commet ce qui se dit en grec une hérésie, c'est à dire tout simplement un choix pour elle-même, et cette qualité là de pouvoir le faire est une des qualités fondamentales en termes de philosophie antique.
Ce choix n'est pas de rentrer à la maison ni d'en sortir car la Maison est suffisamment infinie, si je puis dire, pour que cette question d'entrer et de sortie ne se pose pas, pas à vue humaine, car il y a une infinité d'entrées et de sorties.
Ce choix, inspiré sans nul doute mais qui peut le dire, personne, car ce que nous voyons c'est juste le geste, et personne n'est non seulement capable mais autorisé à scruter les motivations ou établir des critères, lui permet de tout simplement de mieux voir. Recevoir le baptême, comme son etymologie le dit, c'est être plongé dans de l'eau, un plongeon , un bain pour se débarrasser , ou pour provoquer l'envie de se débarrasser, de tous les ajouts, de toutes les étiquettes qu'on nous a tagées.
De toutes ces paroles qu'on dit parce qu'il faut les dire, auxquelles on n'a même pas l'envie de repenser, car si on le faisait, on sentirait bien qu'elles ne sont pas de nous, que nous n'avons fait que les relayer. Ce sont des paroles communes qu'on a adoptées parce qu'il fallait communiquer.
Se laisser débarrasser, le mieux possible et le moins douleureusement possible et avec une certaine fierté de ce qui en gros n'est pas nous, ce nous-mêmes que nous n'aurions pas pu découvrir, ou croire à son existence si justement nous n'avions pas fait un choix, approprié, pour son développement.
Une personne demande le baptême. Elle faisait partie d'une masse, et elle reçoit le baptême et elle est comme neuve. Un bref instant, elle se retrouve seule, sortant d'un fleuve, et allant rejoindre ses compagnons sur la terre ferme. Elle saisit désormais qu'il y a une différence, que sa singularité vient de s'éclairer. Comme neuve, comme une nouvelle naissance. Elle est toujours dans la maison mais désormais elle ne la regarde plus de haut avec elle dedans, allant et venant, faisant ses petites affaires comme une fourmi. Ou, elle en prend conscience. La personne qui vient de sortir de l'eau regarde désormais cette maison de son point de vue à elle. Elle a décidé d'aller à la source et elle a été désaltérée. Elle n'est plus autre alter, elle n'est plus altérée et le baptême conçu comme un sacrement ce qui veut dire, pour le croyant un acte qui est plus qu'un symbole ou signe, mais un acte de Dieu, permet de dire qu'elle ne peut plus être altérée. Baptisée, elle est désaltérée. Le prodige, car il y en un c'est que dans ce passage, elle aurait croisé la singularité toute personnelle de celui que tout le monde appelle Dieu. Et cette lumière révèle sa singularité. Comme Jésus lors de son baptême dans le récit qu'a choisi Luna, est révélé comme une personne singulière.
Arrive à ce moment là un contradicteur. Normal, il faut que la pensée se fasse. Et que dit il ? Il dit qu'il y a , qu'il y a eu, des milliards - et je dis bien des milliards, dit il, de baptisés. Ce qui réduit carrément mon apologie de la singularité.
La réponse vient toute seule. D'abord, parmi ces milliards, combien ont senti la singularité de Dieu réveillant la leur ? Car le baptême n'est pas un acte passif. Il s'agit de le vivre. De sentir ce qu'il crée au delà de ce qu'il signifie.
Et ensuite, très bien, heureux ceux qui compris que demander le baptême n'est pas exclusivement un acte religieux, mais d'abord, un acte philosophique et qui ont désormais la chance d'apercevoir, bien avant que l'humanité prenne le temps d'enfin le comprendre, combien cette maison qu'ils habitent est commune et de saisir ce que cela implique comme engagement, comme prise en compte, et comme exercice de l'intelligence pour révéler cette évidence au plus grand nombre. Les baptisés, s'ils comprennent ce que le baptême créée , sont des précurseurs de cette commune qu'est cette maison qui nous a été donnée, au sein de laquelle Jésus appelé Christ a crié qu'elle était possédée, par des aveugles guidant d'autres aveugles. Le baptisé, lui, est capable d'avoir un nouveau regard sur cette maison très mal entretenue. Baptisé, il restera un hérétique, s'il le souhaite.
Le personne fraichement baptisée rejoint ses compagnons et les regarde autrement, avant ils étaient des autres, désormais depuis qu'elle s'est sentie autorisée à devenir elle-même, elle voit chez eux des correspondances. Normal, rien de prodigieux, ils sont issus du même bouquet créatif. Cette évidence que pas grand monde ne voit ou n'accepte, la personne baptisée la voit simplement, et devient disponible pour aimer son prochain comme elle -même. Parce qu'elle -même vient de naître comme neuve.
Ainsi ces textes simples de ce jour, cette multitude de pierres précieuses qui attendent de recevoir leur signification, cette prophétie du psaume d'une alliance de toutes les nations, et ces recommandations finales de Jésus à ces nouveaux baptisés de recevoir la paix, cette paix spécifique qui n'est pas la paresse, ni l'évitement du combat, mais cette paix qui se fonde sur cette rencontre de deux singularités , croisées lors d'un baptême, celle d'une personne singularisée et de celui qu'on appelle Dieu, cette paix qui provoque une heureuse fierté d'être là parmi les compagnons, d'être conscient qu'on vient d'âges infinis, mais qu'on est comme neuf, cette paix qui nous rend présent et qui abolit l'inquiétude et la peur, ainsi Luna, ces textes du jour que nous n'avons pas choisis puisqu'ils étaient là éclairent ta décision d'aujourd'hui, éclairent aussi ton chemin avec tes compagnons, ceux qui partagent le pain, ça veut dire ça compagnons , avec tes soeurs et tes frères, tes parents, beaux parents, ta marraine et ton parrain. Que Dieu te bénisse, bien sûr, qu'ils bénissent tous ceux qui sont là où non, qu'ils prennent soin de toi, et que toi aussi tu les bénisses.
AMEN