Prédication du 22 mai " nous sommes en paix avec Dieu"



LECTURES

Dans le livre des Proverbes 8.22-31 , c'est la Sagesse qui parle :

22Le SEIGNEUR m’a produite comme le commencement de sa voie,avant ses œuvres du temps jadis.23Je suis investie depuis toujours,depuis le commencement, depuis l’origine de la terre.24J’ai été mise au monde quand il n’y avait pas d’abîmes,pas de sources chargées d’eaux ;25avant que les montagnes soient en place,avant les collines j’ai été mise au monde ;26il n’avait encore fait ni la terre, ni les campagnes,ni le premier grain de la poussière du monde.27Lorsqu’il installa le ciel, j’étais là ;lorsqu’il traça un horizon sur l’abîme,28lorsqu’il fixa les nuages en hautet que les sources de l’abîme jaillirent avec force,29lorsqu’il assigna à la mer ses limites,pour que les eaux n’en passent pas les bords,lorsqu’il traça les fondations de la terre,30j’étais à ses côtés comme un maître d’œuvre,je faisais jour après jour ses délices,jouant devant lui en tout temps,31jouant avec le monde, avec sa terre,et trouvant mes délices parmi les humains.

 

Jean 16.12-15 LECTEUR

12J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter maintenant. 13Quand il viendra, lui, l’Esprit de la vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de sa propre initiative, mais il dira tout ce qu’il entendra et il vous annoncera ce qui est à venir. 14Lui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi pour vous l’annoncer. 15Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi pour vous l’annoncer.

Romains 5.1-5

1Etant donc justifiés en vertu de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ; 2c’est par son entremise que nous avons eu, par la foi, accès à cette grâce dans laquelle nous nous tenons, et que nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu. 3Bien plus, nous mettons notre fierté dans les détresses, sachant que la détresse produit l’endurance, 4l’endurance une fidélité éprouvée, et une fidélité éprouvée l’espérance. 5Or l’espérance ne rend pas honteux, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans notre cœur par l’Esprit saint qui nous a été donné.

PREDICATION

Vous venez d'entendre le passage de la lettre aux Romains, sans la méditation duquel, nous ne pourrions avoir aucune sensation d'être protestants.

Cette prédication vient donc tenter de proposer ce que c'est, d'où ça vient, et ce que ça veut dire, ce que ça fait, de se sentir protestant, en s'appuyant sur ce passage, justement.

Cette prédication sera une maison dans laquelle on entrera à condition d'avoir débarrassé son chemin d'accès de toutes ses branches mortes, tous ces détritus , toutes ses ornières. On va donc un peu dégager le terrain.

Il est couramment affirmé que pour être protestant, il suffit de se déclarer tel. Point.Passons sur le fait que jusqu'à encore une certaine époque, de se déclarer protestant, ça faisait un peu genre intrus dans une réception de mariage.

Mais aujourd'hui c'est plus détendu, ça va mieux. Et oui, c'est basiquement vrai. L’appellation n'étant pas protégée, personne ne viendra vous en redire, y compris l'autorité centrale du protestantisme, car, bien sûr, celle-ci n'existe pas. Mais comment dire, vous pouvez aussi vous déclarer DJ, et vivre votre vie sociale en vous déclarant DJ partout où vous allez, seulement, un jour, vous finirez par tomber dans une soirée où quelqu'un vous dira, ça tombe bien, j'ai une platine, un sound system, mettez vous aux platines. C'est malin.

Ou amateur d'art- quelle ne sera pas votre déconvenue quand vous ne saurez même pas quia fait ce merveilleux tableau qui s'intitule "le vent". J'en parle parce que je viens de découvrir ce tableau de Felix Vallotton et je ne cesse de l'avoir en tête. Je vous invite à le rechercher sur Internet, pour encore bénéficier de l'esprit de la pentecôte, de ce vent violent.

Et bien là, c'est pareil, vous êtes protestants parce que vous l'avez décidé, très bien mais quelqu'un vous dira un jour dans une soirée, avec vous lu Romains 5 ? Quoi ?

Continuons à balayer. Pour la plupart des gens, être protestant c'est être membre de "la religion protestante". Mais c'est faux. Il n'y a pas de religion protestante. Il y a des Eglises, dont certaines sont comprises sociologiquement comme des églises protestantes, et parmi elles certaines s'intitulent "protestantes", comme la nôtre (mais on rajoute, unie, de France, communion luthérienne et réformée, autour d'ajouts qui perdent le novice, à se demander si ce n'est pas fait pour).

Mais comment dire, une institution ne peut pas être protestante. Ce n'est qu'une vue de l'esprit. C'est comme si je disais Eglise Sympathique de France, ou Eglise généreuse de Franc... Si je désignais une Eglise d'un trait de caractère, ce serait comment dire.... grotesque ? Mais voilà.

Protestant, c'est plutôt un trait de caractère, et certains disent et en cela ils s'approchent d'une certaine pertinence, un état d'esprit, je dirais mieux moi-même : une attitude. En ce sens là, une action de cette Eglise pourrait être qualifiée de protestante. Une façon de témoigner dans une situation exceptionnelle, une façon de célébrer particulière, mais en soi , une Eglise-Protestante, c'est juste l'image d'un chien qui dort. Ce n'est pas réel. Et en plus, ça ne vit pas, même figurativement.

La réalité du caractère se produit dans les actes de cette église, dans des actes de personnes de cette Eglise mais pas en soi. Et ce n'est donc pas parce que j'appartiens à ce cercle auto désigné d'amateur d'art ou de musique électronique que je suis moi-même amateur d'art ou DJ. Votre appartenance à une institution dotée de ce trait de caractère ne fait pas automatiquement de vous un protestant. C'est votre attitude qui le fera, qui le dira, que oui, vous êtes protestants. Personne ne jugera que vous l'êtes ou pas, mais cette attitude, là, ce trait de caractère là est indépendant, y compris de votre religion.

Une partie de l'Europe est devenue protestante à travers la méditation de Luther de cette épitre aux Romains. Pourtant Luther n'était pas membre d'une Eglise Protestante, et Paul, l'auteur de cette lettre que Luther méditait était un juif radical et messianique.

Pourtant, les deux avaient ce trait de caractère et qu’évidemment, on trouve, en nombre considérable quand même et heureusement dans notre Eglise protestante unie de France. Mais heureusement pas que.

Donc voilà, maintenant c'est bien dégagé derrière les oreilles, vous aurez le temps de relire cette prédication et sa grosse et bizarre introduction sur notre site et maintenant trouvons dans ce passage de la lettre aux Romains quelques traits essentiels de ce caractère, de cette attitude, de cet état d'esprit, de cette forme particulière de présence au monde.

 

nous sommes en paix avec Dieu

D'abord, la paix. La guerre avec Dieu est finie. La poursuite de ses grâces, la culpabilité, le doute, l'envie d'en découdre ou quoi que ce soit avec Dieu, terminé.

Cette paix nous est donnée de façon évidente quand nous réalisons enfin, comment dire que ce Dieu auquel nous croyons n'a aucune commune mesure avec nous. Quand nous en acceptons pleinement sa souveraineté radicale. Le protestant commence quand il reçoit la grâce dont il perçoit le coup, quand il prend conscience de la démesure de celui qui lui fait grâce sans aucun lien avec ses éventuels mérites, le protestant commence quand il cesse de protester contre Dieu.

Le protestant commence quand le problème de Dieu est derrière lui. Quand Dieu ne lui est plus un problème, ni une solution, mais un fait. Il a vécu son premier moment, découvrir la paix du justifié , du justifié d'exister, d'être là, parce que maintenant il sait que ce Dieu démesuré, incompréhensible est une volonté dans laquelle, il est, ce protestant émergent de toutes façons, inclus. Comment pourquoi ? Il n'en sait rien. Mais cette simple sensation de la Providence lui a donné la paix et cette paix ne le quittera jamais.

Devenu paisible sur ce sujet, le protestant peut émerger .

Et voici maintenant que Paul décrit un autre trait important de ce caractère : la fierté. Avez vous déjà rencontré un protestant revendiqué qui n'était pas fier de l'être ? Mais c'est une fierté qui est dirigée vers l'espérance.

nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu.dit Paul.

Ce n'est pas une fierté d'être quelque chose, poursuite du vent, mais une fierté d'espérer au nom justement de la perception de cette gloire, de cette densité qui nous a donné la paix comme la sensation de la grâce. Fier de se retrouver devant un chemin ouvert, fier des prophéties, fier du temps qui reste, fier d'être pris en compte par une densité plus remarquable que l'opacité d'un monde humain parfois terrifiant.

Nous mettons notre fierté dans les détresses

Fier des tribulations aussi, tribulations, épreuves, qui de toutes façons auraient été là, même sans l’expérience de la grâce, et de sa sensation la paix, même sans Dieu, mais fier de ses détresses car, porté par cette nouvelle trajectoire de vie, le protestant qui le devient se met, non pas à les rechercher, ces détresses, ces tribulations, mais à les utiliser, pour acquérir de l'endurance, pour mettre à l'épreuve sa fidélité et pour conforter son espérance.
Le protestant est né. Il a fièrement émergé.

Là. Dans ce chemin, le même que ses frères humains, remplis d'embuches, mais où Dieu est désormais derrière lui, et lui maintenant il est devant, il est un témoin de ce qu'il a reçu, témoin de cette providence disponible pour chacun, de cette mystérieuse providence dont il ne connait que la sensation: la paix, et qui le pousse à vouloir partager, car comment ne pas partager ce qui nous fait réellement vivre.

l’espérance ne rend pas honteux, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans notre cœur par l’Esprit saint qui nous a été donné.

Voilà, dans ce passage Paul a défini les traits de caractère d'un protestant.

Il n'a plus à se battre avec Dieu car , ayant reçu par grâce la justification complètement incompréhensible de son existence, il préfère désormais la paix. Il avance avec Dieu derrière lui, comme la source inépuisable de paix.

Il est endurant dans les détresses car si celles ci n'ont aucun sens en soi, elle lui servent, il les utilise pour vivifier sa fidélité.

Il est fier, il n'est pas honteux. Et donc, il témoigne devant. En bonne étymologie. Il pro teste

Alors en conclusion.

Le protestant "n'est pas" protestant. Il le devient seulement dans un acte .Protester, c'est un verbe d'action. Protestant c'est beaucoup de choses, sauf une identité. Alors, quand on vous demandera dans une soirée ce que c'est d'être protestant : protestez , témoignez devant et faites votre exégèse personnelle de Romains 5, et soyez fier de faire désirer par vos convives cette paix dans laquelle vous habitez, étonnez les par l'évocation de cette grâce reçue que ne vous n'avez aucunement méritée , faites leur sentir cette endurance palpable, et le tout, sans en éprouver aucune espèce de honte. Vous n'avez pas à vous justifier, vous l'êtes. Ce sera un bel acte de pro testation. Mais de grâce, à la question "êtes vous protestant ? Ne répondez pas juste " oui, je le suis".

 

 

ORGUE

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