Prière d'illumination CLIQUER
ESAÏE 25.6-9
Le SEIGNEUR (YHWH) des Armées fera pour tous les peuples, dans cette montagne, un banquet de mets succulents, un banquet de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux, clarifiés. 7 Dans cette montagne, il anéantira le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations ; 8 il anéantira la mort pour toujours ; le Seigneur DIEU essuiera les larmes de tous les visages ; il fera disparaître de toute la terre le déshonneur de son peuple — c'est le SEIGNEUR qui parle. 9 En ce jour-là on dira : C'est lui, notre Dieu ! Nous avons mis notre espérance en lui et il nous a sauvés. C'est le SEIGNEUR, en qui nous avons espéré : soyons dans l'allégresse, réjouissons-nous de son salut !
LUC 10
17 Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »18 Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.19 Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire.20 Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »21 À l’heure même, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.22 Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »23 Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24 Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
PRÉDICATION Robert PHILIPOUSSI
Ce qui est remarquable dans ce texte, c'est son verset 21.
À l’heure même, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint
C'est la seule fois, où l'on raconte non seulement que Jésus semble t il est « joyeux », mais qu'il EXULTE littéralement, qu'il exulte ! - on ne devrait d'ailleurs pas dire qu'il exulte de joie car le mot joie n'est pas dans ce passage. Ce sont les traducteurs qui l'ajoutent parce que juste avant ils ont vu les disciples revenir, de leur chasse aux démons , là, avec de la joie – dans le texte - alors ils se sont dit : on va faire un parallèle, parce qu'on est les traducteurs, et ce sont nous les traducteurs qui vous orientons comme nous le voulons, ou comme nous avons nous même été orientés...
Exulter, ex (s) ultare SAUTER BONDIR traduit très bien le verbe grec qui décrit Jésus qui SAUTE, QUI BONDIT QUI EXULTE.
Il ne se contente pas de tressaillir, comme toujours dans Luc, comme l'enfant dans le ventre d'Elisabeth quand elle rencontre Marie. Non, il EXULTE, et le seul à exulter de cette façon, c'est toujours dans Luc, l'esprit de Marie, dans son fameux Magnificat, ce texte inaugural de Luc qui parle, je vous le rappelle, de renvoyer les riches à vide, de rabaisser les rois, et de rassasier les affamés.
Vous n'aviez jamais vu Jésus SAUTER, BONDIR et bien vous le voyez maintenant. Profitez en, c'est la seule fois du nouveau testament où il fait cela.
Qu'est ce qui le fait EXULTER, BONDIR ? - rien à voir avec un mimétisme de comportement face à la joie de ses disciples.
Pour une fois, je vais convoquer la traduction CHOURAKI, qui a l'avantage de ne jeter aucun un voile pudique et théologiquement correct sur nos textes – (quitte parfois à en faire trop) : Chouraki dit : IL EXULTE AU SOUFFLE SACRÉ.
Souffle sacré : autre traduction de l'ESPRIT SAINT. Esprit saint qui est la formule pudique et théologiquement correcte pour dire SOUFFLE SACRÉ. Et c'est de cette façon que les gens qui lisaient et entendaient le grec, le percevaient, le recevaient, comme un SOUFFLE, comme UNE RAFALE DE VENT, sacrée, et pas simplement comme un « esprit » Parce qu'un esprit, finalement on ne sait plus ce que c'est, et le mot SAINT aussi devient vague quand on oublie qu'il signifie SACRÉ. MAIS SOUFFLE on le sait encore. SACRÉ, on le sait encore. On le dit encore « alors là pour moi, ça c'est sacré » .Saint, on ne le dit plus dans le langage courant, à part pour se moquer « oh lui c'est un saint, ou il se prend pour un saint »
Or, les évangiles étaient écrits dans un langage que les gens employaient, comprenaient, sentaient.
Pourquoi exulte-il ? Parce ce souffle vient de BALAYER un voile qui pesait sur tout le monde, qui obscurcissait tout le monde mais qui vient juste de se soulever au dessus des NÉPIOÏS, c'est-à-dire, les petits enfants, mais vraiment petits, en fait CEUX QUI NE PARLENT PAS, QUI NE PEUVENT PAS PARLER, ceux qui sont considérés comme des mineurs... , alors que ce voile, dit Jésus dans son exultation devant son Dieu, est toujours sur la tête des sages et des intelligents .
JÉSUS EXULTE, par que soudainement, par la rafale de l'ESPRIT SACRÉ, il comprend cela. Je dirais mieux qu'il EST COMPRIS par cela, il découvre, qu'il participe à cette mission de dévoilement ...PARTIEL
Et bien entendu, puisque nous sommes chez Luc, il y a de l'ironie, il découvre cela au moment où il voit ses disciples revenir avec toute leur joie et leur fierté naïve, et après les avoir un peu corrigé, en leur disant qu'ils feraient mieux de réjouir d'être sauvés plutôt que de se réjouir bêtement d'avoir été les plus forts à la chasse aux esprits malins, après les avoir ré orienté – peut -être pour éviter que leur naïveté associée à un grand pouvoir ne se transforme en férocité, IL COMPREND SUBITEMENT que ce sont eux, ces disciples bravaches et joyeux, cette bande de Galiléens, qui sont ces NEPIOIS, ces touts petits, ces minables qui ont le privilège ahurissant de regarder le ciel sans toute cette couverture pesante qui embrouille la vue et l'entendement de tous ces sachants, qui il y a encore un peu de temps leur disaient ce qu'ils devaient voir, penser, croire et faire. Et concernant ces sages et intelligents, fonctionne ici un des traits majeurs de la Bible, la critique de tous ceux qui prétendent être supérieurs, par exemple dans le livre de Job : 5:13 Il prend les sages dans leur propre ruse
Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Dit Jésus à ses disciples qu'il porte dans une très grande affection. beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »
Non pas, parce qu'ils en étaient forcément incapables, comme on le comprend trop souvent, par habitudebinaire, mais parce que, dans cette logique évangélique, encore une fois LE VOILE n'avait pas encore été balayé par le SOUFFLE SACRÉ au dessus de la tête spécifique de ces gens du commun.
C'est littéralement un texte APO CALYPTIQUE, qui comme vous le savez bien, parle du dévoilement, de la révélation.
Ce qui évidemment nous relie très facilement au texte d'ESAIE ou le prophète après avoir décrit au chapitre 24 la catastrophe qui va s'abattre – et elle s'est abattue, sur le peuple de Juda : une catastrophe qui a un nom : LES ASSYRIENS, mais qui a aussi des causes : les tergiversations des Rois de Juda, leur surdité aux avertissements, leurs compromis stupides, et l'acceptation de l'injustice comme une NORME... ESAIE après avoir raconté comment tous ces lieux de vie vont se transformer en déserts, en plaines infertiles, au chapitre suivant, le prophète,
ANNONCE : sur la Montagne, un banquet de mets succulents,
ANNONCE : l'anéantissement du voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations
ANNONCE l'anéantissement de la mort
ANNONCE la disparition des larmes.
PROCLAME : la nécessité de se réjouir.
ESAIE est le prophète le plus cité dans le nouveau testament. mais au delà de son écriture , l'aventure évangélique elle même s'est vécue comme la réalisation des prophéties d'ESAIE . Ce qui n'était qu'une fiction dans le plus mauvais sens de ce terme, que de la littérature dans le pire sens de ce terme est devenu VRAI, réel, charnel, sensuel, comme ces mets succulents pleins de moelle, comme doit l'être une littérature qui n'arrivant pas à rester tranquille, agit , bouge et fait bouger, et produit , des sentiments, des bouleversements, des catastrophes, de la conversion, comme de la PAROLE se faisant CHAIR, se faisant mouvement comme celui de l'exultation de Jésus qui découvre dans ces disciples : ce petit peuple de la terre qui est la cible du dévoilement annoncé, prophétisé par ESAIE, après une terrible catastrophe de politique internationale.
Bien sûr la question que nous nous posons c'est , et nous ? Quand sommes nous ? Pour nous, il y a encore du voile, semble t il . Pour nous, 2000 après ce grand mouvement d'EXULTATION AU SOUFFLE SACRÉ, y a t il encore du souffle ? Y a t il encore de la possibilité pour que cette parole littéraire et prophétique ne se range pas dans notre placard à antiquités, mais qu'elle, se dérange, nous dérange et pourquoi pas nous fasse EXULTER ? Pour qu'elle agisse dans notre chair. Nous soulève ? Surtout dans cette actualité qui est pathétiquement à l'image de ce que vivait le royaume de Juda au 8 siècle avant JC.
Qui sommes nous ? Des simples lecteurs patients des textes, y cherchant de la sagesse supplémentaire pour notre quotidien ce qui est très respectable ou, mais pas forcément un « ou » exclusif , ou ces gens là, ces tout petits pour qui UN COIN DE VOILE s'est soulevé pour qu'ils puissent être heureux de VOIR et pas simplement de considérer, d'intellectualiser, de conceptualiser, VOIR, dit le texte, la vérité en face ? Au delà du voile ? Que voulons nous finalement, considérer que la Cène est un simple rite communautaire, ce qu'il est d'un certain point de vue , ou pas exclusif : la réjouissance que la prophétie du banquet d'ESAIE se réalise. Réjouissance qu'elle était au départ : la fin des larmes, de la mort, du voile. Réjouissance d'être complètement réhabilité.
Ils l'ont réellement vécu et je crois profondément qu'ils ne sont pas trompés, nos frères et nos sœurs d'il y a 2000 ans. Ils ont vécu le règne de Dieu et je ne m'explique pas trop comment, peut être à coup de traductions un peu plates, en tous les cas, ce règne de Dieu, s'il existe encore, nous, nous nous en serions éloignés, nous nous en serions exilés... Je ne sais pas comment. En l'intériorisant sans doute, en le transformant en itinéraire spirituel et personnel au mieux. Alors que la prophétie d'ESAIE était claire : un banquet de mets succulents, une réjouissance réelle d'avoir été sauvés, et de n'avoir pas espéré en vain.
Ou alors... Peut être que nous nous sommes mis à manquer de perspicacité.
AMEN.