TEXTE DE LA PRÉDICATION
P R É D I C A T I O N
Luc 19 : 1-10
Quand deux gamins se bagarrent dans une cour de récré c’est difficile de dire qui a commencé. La punition collective s’impose. Pareil pour cette histoire de conversion, qui a commencé ? Jésus ou Zachée ? Nous verrons combien c’est difficile, peut-être impossible, de trancher. La conversion est une sœur de la guérison. Or, pour celle-ci, comment distinguer ce qui vient de la confiance du malade de ce qui vient du soignant ?
Mais d’abord je nous invite à observer le personnage de Zachée, sympathique et curieux. Curieux dans les deux sens du terme. Il est pittoresque avec sa petite taille et son don pour l’escalade, mais il est aussi désireux de voir et de savoir. Et voilà ! Je voulais justement vous parler un peu de la curiosité. Je ne crois pas que ce soit un vilain défaut. À condition peut-être de distinguer la curiosité, pour ce qui me regarde, de l’indiscrétion, envers ce qui ne me regarde pas.
Ainsi les enfants qui se demandent comment on fait les enfants. Ça les regarde absolument.
Pourquoi? Mais chaque pourquoi enfante d’autres pourquois. Parce qu’il faut que les adultes donnent leur langue au chat. On sait bien qu’on ne sait pas bien, en fait. D’où viennent les enfants ? où vont les morts ? Où vont les réponses toutes faites ?
Ainsi de ces trois amis qui discutent sur : « quand commence la Vie ». Le premier : quand le principe féminin croise le route du mâle. Le deuxième : quand le bébé sort du ventre de la maman. Le troisième : vous avez raison tous les deux, mais la vie commence vraiment quand les enfants quittent enfin la maison. (rires)
Revenons à la curiosité pour les choses cachées.
Si vous cachez quelque chose à quelqu’un en lui montrant que vous cachez quelque chose, la curiosité sera brûlante. La discrétion, ce n’est pas de cacher, c’est de ne pas montrer. C’est être secret et pas faire un secret.
Quand Jésus parle en parabole, il ouvre le chemin par de l’énigme. L’auditeur curieux va chercher. La parole, comme la graine du Semeur, va cheminer. Et s’il y a de la bonne terre cela portera du fruit.
Quand Dieu interdit les fruits de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, cela tient peut-être à la douleur qu’il a de se séparer de sa propre création.
Un peu comme une mère qui dirait : « laissez moi allaiter encore un peu ! ». Mais à peine plus loin Dieu dit à Abraham : « quitte ta patrie et ta famille, va, vie et deviens ». Peut on croire qu’il en veuille encore à Adam et Ève ?
La question de savoir qui a commencé (Satan, Adam, Ève, Dieu, le serpent) nous ramène à notre texte du jour. L’œuf ou la poule ? Zachée grimpe pour guetter Jésus... et...d’en bas, Jésus lui parle comme si déjà il s’était invité chez lui. L’arbre est le troisième personnage. C’ est un sycomore, symbole chez les indiens d’Amérique de fécondité et d’éducation. Il s’agit de l’authentique éducation, celle qui permet de sortir du lit de la rivière.
Cette question de la temporalité de la conversion se retrouve dans les résolutions de « commerce équitable » de Zachée. Était-il déjà un juste, lui dont le nom vient de l’hébreu Zakkaï, qui signifie « pur » ? Si c’était le cas, Jésus serait plutôt malhonnête de s’en vanter dans le verset 10 :
« Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Mais Zachée était il perdu parce que pas encore trouvé ou parce que pas encore pur ? Est-il purifié par sa parole ou par le regard de Jésus ?
Revenons à l’aspect économique de l’affaire. Qu’est ce qu’un collecteur de taxes, appelé aussi publicain ? C’est un fermier du recouvrement des impôts. Le fermage consiste à verser une somme régulière pour pouvoir taxer un lot de contribuables. Les sommes prélevées sont à la discrétion du collecteur.
Cela le rapproche un peu des corsaires, toujours pour partie pirates. Ceux-ci, après avoir donné sa part au Roi, pillaient pour leur propre compte.
C’est ce que Zachée va s’engager à ne plus faire. En donnant la moitié de ses biens aux pauvres d’une part, en rendant aux surtaxés le quadruple du dommage d’autre part. Son action s’apparente avec le New Deal de Franklin Delano Roosvelt après la crise de 1929. Ce changement de cap est une véritable conversion. Le contexte de notre passage du jour évoque un autre collecteur de taxes en Luc 18 : 9-14. Il exprime fort sa repentance. Il sera lui aussi déclaré juste car : « qui s’abaisse sera élevé ». Notre Pasteur a fait une prédication remarquable sur ce passage dimanche dernier.
Mais qu’est-ce qu’une conversion ? Cela vient du motlatin conversio qui correspond en fait à deux mots grecs de sens différents. D'une part epistrophê qui signifie changement d'orientation et implique l'idée d'un retour (retour à l'origine, retour à soi). D'autre part metanoïa qui signifie changement de pensée. Cela dit bien la dimension de surprise et de galipette spontanée.
J’en trouve une illustration sur un petit papier écrit par ma cousine et marraine Tania Metzel. Celle-ci était Pasteur et Aumônière des prisons.
Voici ce qu’elle avait écrit : « La première fois que je suis allée en prison je croyais que nous devions leur apporter le Christ. Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir qu’il nous y attendait déjà ».
Cela dit bien le double mouvement de la conversion. On se dirige vers un puits, et c’est une oasis qui vient à notre rencontre.
Blaise Pascal écrit : « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ». Je lui préfère cette formule dont je n’ai pas retrouvé la source: «vous ne me chercheriez pas si je ne vous avais pas déjà trouvés ».
Je crois que l’engagement de Zachée n’est pas une constatation. Son dire lui-même est un acte, qui répond du tac au tac aux grognements de la foule. Cette foule qui voyait en lui un traitre à la solde de l’occupant romain. Pour le dire avec les mots de Françoise Dolto, Zachée est « allant et devenant pur ».
C’est un temps qui se boucle sur lui-même, que celui de la conversion. On entend bien comment le futur vient à la rencontre du passé au travers du présent.
Cela me fait immédiatement penser à la temporalité du rêve, qui est l’un des outils les plus précieux en psychanalyse.
Pourquoi ? Parce que le rêve, et surtout son récit à haute voix, rend l’inconscient crédible. Cela permet d’y accorder foi. En ce sens le rêve EST une conversion. Ces trois temps du rêve sont évoqués dans les dernières lignes de l’ouvrage de Freud appelé : « l’interprétation du rêve » :
« En nous représentant un souhait comme accompli, le rêve nous mène (...) vers l’avenir ; mais cet avenir, considéré par le rêveur comme présent, se trouve modelé par l’indestructible souhait à l’image même du passé. » S. Freud OCF IV p. 677
Je nous souhaite d’être comme Zachée, curieux, pittoresques et joyeux d’être choisis.
Fions-nous à la coïncidence. C’est un mouvement singulier et actif qui nous dirige vers Celui qui nous aura choisis. On se sera déjà retrouvés dans un futur antérieur, porteur de la Vie Éternelle qui nous aura précédé. Nul ne sait quel fut le premier pas car nous marchons depuis cent mille saisons.
Sachons faire de nos curiosités des chemins. Et de nos chemins des engagements. AMEN
Texte de la liturgie
ORGUE
SALUTATION ANNONCE DE LA GRÂCE
Frères humains, sages par la foi et fous par l’Espérance, faites escale en ce lieu Pour y recueillir la Parole, la Grâce et la Paix Avec le souffle fragile de l’Esprit
LOUANGE
Louons l’Eternel avec le psaume 145 Tu marches à mon côté dans l’épreuve et ton bras me fait courte échelle. « L’Eternel soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous ceux qui sont courbés » Ta lumière ouvre ma route vers l’espérance et me donne pitié envers ceux qui m’affligent « L’Eternel soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous ceux qui sont courbés » Au dessus des montagnes tu portes la force du glaive contre les Puissants. Sous les cailloux tu offres l’ombre du feuillage pour rafraîchir les désespérés. « L’Eternel soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous ceux qui sont courbés » « Que ma bouche dise la louange de l’Eternel et que toute créature bénisse son saint Nom, pour toujours et à perpétuité ». AMEN
47-04 les strophes 1, 3 et 4 p.732
PRIÈRE DE REPENTANCE (LECTEUR)
« Ils ne sont plus, mes jours innocents, vois j’ai perdu mon rire d’enfant. Du fond de ma défaite, Dieu, mon rêve, mon foyer déserté, je crie ton nom. Du fond de mon désert, du fond de ma vaine survie, du fond de ma honte, Père de toute tendresse, mon havre perdu, je crie ton Nom.
Sais-tu, ô Dieu, la nausée de nos jours loin de Toi ?
Sais-tu le désespoir de vivre, quand l’amour n’est plus aimé ? » Lytta Basset ANNONCE DU PARDON (ENSEMBLE)
Quand les ténèbres brouillent toute piste, Quand ma boussole intérieure bat la chamade, Quand ma route s’emballe sur elle-même, Tu me montres quelque part dans la nuit L’étoile inconnue que tu fais lever pour moi
Tu me dis que je n’ai pas perdu ma vie, Ce temps que j’avais rêvé tout autre ! Tu me dis que Tu m’attends encore, Car la fête ne commencera pas sans moi Et je T’offrirai mon enfance
Tapie sous les décombres de mon passé
« Mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la Vie. » Luc 15 : 23, 24
34A strophe 1 et 2 p.58
VOLONTÉ DE DIEU (LECTEUR)
Pour aimer selon le cœur de Dieu, Je changerai mes paroles et mes actes : Je dirai que chacun est précieux, et capables de choses étonnantes. Non pas du bout des lèvres, et avec réticence, Mais sans hésiter parce que c’est une réalité pour moi. A celui ou celle qui me frappe ou me blesse, volontairement ou par inadvertance, J’ouvrirai mes poings et dans ma main offerte, le pardon fleurira, Timidement au début, mais avec assurance ensuite. A celles et ceux qui m’entourent, je donnerai le meilleur, Sans rien attendre en retour.
34A strophe 3 et 4 p.58
PRIÈRE D’ ILLUMINATION (LECTEUR)
Seigneur, si Tu veux m’attendre encore, Je serai le quatrième mage Parti de nulle part Pour un voyage au bout du temps
Pour un voyage au bout de moi J’adorerai l’enfant de Noël Comme on s’agenouille émerveillé Devant le miracle fragile
D’une parole enfin devenue vraie
LECTURE BIBLIQUE (LECTEUR) Luc 19 : 1-10
1 Il entra dans Jéricho et passa par ville. 2Un nommé Zachée, qui était collecteurs des taxes et qui était riche, 3cherchait à voir qui était mais à cause de la foule, il ne pouvait pas le voir, car il était de petite taille. 4Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par
là. 5Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : Zachée, descends vite ; il faut que je demeure aujourd'hui chez toi. 6Tout joyeux, Zachée descendit vite pour le recevoir. 7En voyant cela, tous maugréaient : Il est allé loger chez un pécheur ! 8Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j'ai extorqué quoi que ce soit à quelqu'un, je lui rends le quadruple. 9Jésus lui dit : Aujourd'hui le salut est venu pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. 10Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
la chef des
Jésus ;
ORGUE BREF PRÉDICATION
ORGUE
CONFESSION DE FOI (ENSEMBLE)
Je crois que Dieu peut et veut faire naître le bien à partir de tout, même du mal extrême. Aussi a-t-il besoin d’hommes pour lesquels «toutes choses concourent au bien ». (...)
Je crois que nos fautes et nos erreurs ne sont pas vaines et qu’il n’est pas plus difficile à Dieu d’en venir à bout que de nos prétendues bonnes actions.
Je crois que Dieu n’est pas une fatalité hors du temps, mais qu’il attend nos prières sincères et nos actions responsables, et qu’il y répond.
Dietrich Bonhoeffer.
PRIÈRE D’INTERCESSION (LECTEUR)
Seigneur, transmets nous s’il te plaît ta sympathie débordante qui nous ouvre aux plus lointains de nos frères. Je cite un poète :
« On me dit que le doute, c’est le Bon Dieu qui clignote mais ma foi est fébrile comme une chandelle. La foule est ventriloque, à couvert on chuchote, c’est dans la pénombre que la lumière est belle. »
Fred Pellerin, dans la chanson : « Tenir debout »
Merci de nous donner des poètes pour tourner la plainte en complainte, seuil d’espérance. Prions pour celles et ceux que le vacarme empêche d’ écouter le clignotement de Dieu. NOTRE PÈRE.
4
Leur louange a donné sa langue au chat. Pourquoi ? Parce que l’injustice, la rancœur, l’envie, la rage, hantent la maison. C’est un endroit navré, qui ne peut plus être un havre.
Ils n’ont plus de vraie maison. Qu’on leur dise, aux exilés de la Vie, que nous voulons partager avec eux une très grande maison. Ton Royaume ici présent.
NOTRE PÈRE 21-16 strophes 1, 2 et 3 ANNONCES et OFFRANDE EXHORTATION
Esaïe 22 : « Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre «
BÉNÉDICTION
Soyez fidèles à la Joie et tenaces dans vos prières. Annoncez la Bonne Nouvelle par vos gestes et vos paroles. Que Dieu vous remplisse de courage et de d’espérance.
ORGUE