Bourdon est un des rares artistes réformés à être présenté comme tel, dès la fin du XVIIe siècle, La période d’apaisement qui suit l’édit de grâce de Nîmes (1629) permit l’épanouissement d’une importante colonie d’artistes réformés à Paris. Forts d’une tradition picturale en plein essor depuis le XVIe siècle dans les communautés d’Europe du Nord, mais soucieux de pouvoir bénéficier de commandes religieuses, nombreux furent les artistes protestants qui exécutèrent d’importantes décors pour les églises parisiennes ou les oratoires privés. Sébastien Bourdon se plia dans une certaine mesure aux exigences de commanditaires catholiques afin de poursuivre en France une carrière conforme à son talent. Au sein d’une abondante production, la suite des Œuvres de miséricorde constitue un ensemble à part qui permet de mieux comprendre les enjeux d’une représentation religieuse pour un artiste calviniste comme lui. A travers sept scènes tirées de l’Ancien Testament, Sébastien Bourdon fonde une série ambitieuse aujourd’hui trop méconnue, qu’il peignit et grava lui-même. Ces Œuvres de miséricorde, ont connu un destin difficile. Sans avoir été détruites comme la décoration de l’Hotel de Bretonvilliers, que Bernin lui-même admira, les sept tableaux passèrent rapidement en Grande-Bretagne. Achetées par John Ringling pour son musée de Sarasota, ils étaient réputés ruinés et l’intérêt se concentra sur les gravures dont la réputation avait, elle, traversé les siècles. Deux d’entre ces tableaux sont présentés à l‘exposition pour la première fois en France depuis le XVIIIe siècle ainsi que les plaques gravées originales et leurs tirages anciens, permettant mieux de comprendre les intentions politiques et morales du grand peintre fidèle à sa foi qu’il fut .
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