Texte Biblique Esaïe 52.13-15
13 Mon serviteur prospérera ; il s'élèvera, il montera, il sera très haut placé. 14 De même qu'une multitude est atterrée à cause de toi, — tant son aspect, défiguré, n'était plus celui d'un homme, son apparence n'était plus celle des êtres humains 15 — de même il purifiera par l'aspersion une multitude de nations. Devant lui des rois fermeront la bouche ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
PRÉDICATION
Qui était pour le prophète Esaïe, ce serviteur qu'il évoque dans ses fameux poèmes ou chants du Serviteur. Nous ne le saurons jamais. En revanche, depuis la naissance de l'Eglise, les chrétiens savent. Ce Serviteur c'est le Christ, c'est leur Christ. Les paroles d'Ésaïe ont décrit, ont annoncé leur Christ :
«Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.»
C'est lui, c'est bien lui.
Depuis toujours, ces textes d'Ésaïe,figurent ce Christ, son courage, sa soumission à l'ordre de sa vocation.
«Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe. Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.»
Ce sont ces paroles du prophète encore plus que les récits des évangiles, qui inspireront ces peintres qui iront exalter la peine incommensurable de celui qui prend le fardeau, afin que le fardeau de l'autre soit ôté. Y compris celui d'un brigand sur la croix. Un serviteur, qui porte ce dont l'autre n'a plus envie, ou n'est plus capable, de s'encombrer. Et parce qu'il rend ce service, on le méprise.
Oui c'est lui, c'est bien lui. On le méprise parce qu'il sert.
«Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ;et nous l'avons méprisé, compté pour rien. Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu'il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c'est à cause de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c'est par ses blessures que nous sommes guéris.» (Isaïe 53, 3-5).
Et souvent, nous en restons là. Le Christ est pour nous l'image de celui qui assume nos fautes, celui qui fait le sacrifice, qui fait le sacré par l'offrande de son corps, par la restitution de son souffle, par le don de sa vie.
Bien sûr, cette image du serviteur souffrant n'épuise pas, pour nous qui connaissons les évangiles, notre représentation du Christ. Dans ces poèmes d'Ésaïe nous voyons l'exaltation de la soumission, mais par ailleurs, nous voyons aussi un Jésus alerte dans la controverse, nous voyons un impatient de remettre de l'ordre, nous découvrons quelqu'un de combattif . Nous découvrons aussi un poète qui raconte des paraboles. Dans les récits des évangiles, nous rencontrons aussi un être fervent, confiant dans son père dont il a conscience d'être le projet. Avant qu'il nous soit raconté que Jésus, à l'aide d'un Psaume, se demande pourquoi ce père l'a abandonné.
Ce qui appelle à tout ré évaluer. C'est ce que nous faisons, dans un samedi saint. Que s'est il passé finalement ? Quel rapport entre tout ce qu'il a dit et fait, tout ce qu'il a permis d'espérer et de croire, quel rapport entre tout cela et sa mort ? Ce samedi, on ne sait rien. Il n'y a rien à dire. On y a cru, c'est tout. Et il est mort c'est tout. Il était fervent et il est mort. Il était combattif et il a été vaincu. Il était accompagné et il a été abandonné. Il était un poète et il est désormais muet. Nous n'étions plus seul et nous sommes désormais encore plus seul qu'avant qu'il vienne nous chercher quand nous réparions nos filets.
C'est pourquoi nous n'aurions plus que ces ces paroles d'Ésaïe, doloriste, pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. Oui. Il est mort pour nous. Il était avec nous et désormais il est pour nous. C'est cela qui s'est passé.
Mais, et par ce « mais » je vous invite au lendemain, qui s'occupera de lui-même, « mais » il fallait aussi lire la suite de ce que raconte le prophète et c'est notre texte de ce jour. Non, ce serviteur n'est pas que celui qui va recueillir la misère du monde, pas que celui dont on ira arracher la barbe.
13 Mon serviteur – dit notre texte du jour - prospérera ; il s'élèvera, il montera, il sera très haut placé.
… il purifiera par l'aspersion une multitude de nations. Devant lui des rois fermeront la bouche ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
Il fallait donc voir plus loin. Il fallait donc lire plus loin. Il sera donc celui qui dépassera tout récit sur lui. Toute prophétie. Y compris celles d'Ésaïe qui inclut, dans sa prophétie, le propre dépassement de sa prophétie.
ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
Il sera ce que même les rois- même les Rois - n'avaient pas entendu raconter, alors qu'on leur raconte tout, aux Rois , n'avaient pas compris, alors qu'ils comprennent tout, les Rois, car autour d'eux se pressent les esprits les plus éclairés.
Ce serviteur, il sera relevé. Relevé de son état courbe de serviteur, bien sûr, mais relevé aussi de sa fonction, relevé de son poste. Il n'aurait plus besoin de servir, car il n'y aura plus qu'à se servir. Car une nouvelle source est en train de naitre. Pour l'instant, elle est souterraine, on ne la voit pas. Mais on commence à l'entendre. Elle abreuvera, elle purifiera par l'aspersion- on évoque le baptême - toutes les nations. Il n'y aura qu'à se servir .
Qu'est ce qui se passe, ce samedi ?
Il se passe que ce qui n'était pas racontable, ce qui ne pouvait pas être raconté, est en train de naître.
AMEN.
13 Mon serviteur prospérera ; il s'élèvera, il montera, il sera très haut placé. 14 De même qu'une multitude est atterrée à cause de toi, — tant son aspect, défiguré, n'était plus celui d'un homme, son apparence n'était plus celle des êtres humains 15 — de même il purifiera par l'aspersion une multitude de nations. Devant lui des rois fermeront la bouche ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
PRÉDICATION
Qui était pour le prophète Esaïe, ce serviteur qu'il évoque dans ses fameux poèmes ou chants du Serviteur. Nous ne le saurons jamais. En revanche, depuis la naissance de l'Eglise, les chrétiens savent. Ce Serviteur c'est le Christ, c'est leur Christ. Les paroles d'Ésaïe ont décrit, ont annoncé leur Christ :
«Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.»
C'est lui, c'est bien lui.
Depuis toujours, ces textes d'Ésaïe,figurent ce Christ, son courage, sa soumission à l'ordre de sa vocation.
«Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe. Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.»
Ce sont ces paroles du prophète encore plus que les récits des évangiles, qui inspireront ces peintres qui iront exalter la peine incommensurable de celui qui prend le fardeau, afin que le fardeau de l'autre soit ôté. Y compris celui d'un brigand sur la croix. Un serviteur, qui porte ce dont l'autre n'a plus envie, ou n'est plus capable, de s'encombrer. Et parce qu'il rend ce service, on le méprise.
Oui c'est lui, c'est bien lui. On le méprise parce qu'il sert.
«Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ;et nous l'avons méprisé, compté pour rien. Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu'il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c'est à cause de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c'est par ses blessures que nous sommes guéris.» (Isaïe 53, 3-5).
Et souvent, nous en restons là. Le Christ est pour nous l'image de celui qui assume nos fautes, celui qui fait le sacrifice, qui fait le sacré par l'offrande de son corps, par la restitution de son souffle, par le don de sa vie.
Bien sûr, cette image du serviteur souffrant n'épuise pas, pour nous qui connaissons les évangiles, notre représentation du Christ. Dans ces poèmes d'Ésaïe nous voyons l'exaltation de la soumission, mais par ailleurs, nous voyons aussi un Jésus alerte dans la controverse, nous voyons un impatient de remettre de l'ordre, nous découvrons quelqu'un de combattif . Nous découvrons aussi un poète qui raconte des paraboles. Dans les récits des évangiles, nous rencontrons aussi un être fervent, confiant dans son père dont il a conscience d'être le projet. Avant qu'il nous soit raconté que Jésus, à l'aide d'un Psaume, se demande pourquoi ce père l'a abandonné.
Ce qui appelle à tout ré évaluer. C'est ce que nous faisons, dans un samedi saint. Que s'est il passé finalement ? Quel rapport entre tout ce qu'il a dit et fait, tout ce qu'il a permis d'espérer et de croire, quel rapport entre tout cela et sa mort ? Ce samedi, on ne sait rien. Il n'y a rien à dire. On y a cru, c'est tout. Et il est mort c'est tout. Il était fervent et il est mort. Il était combattif et il a été vaincu. Il était accompagné et il a été abandonné. Il était un poète et il est désormais muet. Nous n'étions plus seul et nous sommes désormais encore plus seul qu'avant qu'il vienne nous chercher quand nous réparions nos filets.
C'est pourquoi nous n'aurions plus que ces ces paroles d'Ésaïe, doloriste, pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. Oui. Il est mort pour nous. Il était avec nous et désormais il est pour nous. C'est cela qui s'est passé.
Mais, et par ce « mais » je vous invite au lendemain, qui s'occupera de lui-même, « mais » il fallait aussi lire la suite de ce que raconte le prophète et c'est notre texte de ce jour. Non, ce serviteur n'est pas que celui qui va recueillir la misère du monde, pas que celui dont on ira arracher la barbe.
13 Mon serviteur – dit notre texte du jour - prospérera ; il s'élèvera, il montera, il sera très haut placé.
… il purifiera par l'aspersion une multitude de nations. Devant lui des rois fermeront la bouche ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
Il fallait donc voir plus loin. Il fallait donc lire plus loin. Il sera donc celui qui dépassera tout récit sur lui. Toute prophétie. Y compris celles d'Ésaïe qui inclut, dans sa prophétie, le propre dépassement de sa prophétie.
ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qu'ils n'avaient pas entendu.
Il sera ce que même les rois- même les Rois - n'avaient pas entendu raconter, alors qu'on leur raconte tout, aux Rois , n'avaient pas compris, alors qu'ils comprennent tout, les Rois, car autour d'eux se pressent les esprits les plus éclairés.
Ce serviteur, il sera relevé. Relevé de son état courbe de serviteur, bien sûr, mais relevé aussi de sa fonction, relevé de son poste. Il n'aurait plus besoin de servir, car il n'y aura plus qu'à se servir. Car une nouvelle source est en train de naitre. Pour l'instant, elle est souterraine, on ne la voit pas. Mais on commence à l'entendre. Elle abreuvera, elle purifiera par l'aspersion- on évoque le baptême - toutes les nations. Il n'y aura qu'à se servir .
Qu'est ce qui se passe, ce samedi ?
Il se passe que ce qui n'était pas racontable, ce qui ne pouvait pas être raconté, est en train de naître.
AMEN.