Un ancien éditorial



C'est le moment ou jamais de nous rappeler ce qui fait de nous "Église", c'est-à-dire une communion qui transcende nos divers points de vue, nos diverses façons d'envisager la foi mais aussi nos divers emplacements (oui, nous sommes "confinés", mais nous ne le sommes pas vis-à-vis de Dieu et du coup vis-à-vis de nos frères et sœurs, avec qui nous sommes liés et reliés, quelles que soient nos entraves).

 

C'est le moment ou jamais de nous rappeler que nous sommes une Église protestante contemporaine et ouverte, c'est-à-dire une organisation religieuse- aujourd'hui hélas devenue très singulière - qui sait par son origine, par son histoire, par sa longue marche de réflexion et ses réformes successives que la Parole de Dieu ne tombe pas du ciel comme une météorite, mais qu'elle doit s'infiltrer comme un courant qui irrigue les cœurs sans elle si prompts à se dessécher.

 

De la sorte, nous avons quelque chose à dire, quelque chose à faire dans ces temps troublés et confus, au milieu de tous les pseudo-radicalismes. Quelque chose à dire de positif. Si nous avons à cœur de nous battre contre toutes les formes de souffrance, politiques, morales, psychologiques, parce que nous sommes en communion et qu'un frère, une sœur, nous importent autant que nous-mêmes, néanmoins, nous n'avons pas peur. Ni de la folie, ni de la bêtise collective, ni de la mort comme menace permanente.

Nous portons avec nous la façon, le modèle de l'évangile de Jésus de Nazareth : le Dieu qui nous parle n'est pas un Dieu fictif, il n'est pas un Dieu qui s'abîmerait dans des fictions sacrificielles, il n'est pas un Dieu destiné à conforter les ambitions et les calculs des uns et des autres. Il n'est pas non plus le Dieu d'une religion particulière. Il est le Dieu de Job qui à un moment abandonne son ressentiment et qui s'abandonne à sa grâce infinie. Il est le Dieu de Jacob qui exige et reçoit la bénédiction. Il est le Dieu de celui ou celle qui le reçoit. Il est le Dieu d'une grâce absolument incompréhensible. Ce qui devra nous rendre enfin modestes.

Il est le Dieu que nous ne posséderons jamais. En cela, nous sommes libres, y compris de Dieu. Il est un fait, il est réel, il est beaucoup trop intense pour nos prétentions à le contenir et il nous pousse à revenir à l'essentiel. Dès l'origine, sa création était unie et intègre. Notre petitesse insupportable nous a obligé à tout cloisonner. Mais désormais, il faut abandonner notre art de la séparation. L'urgence d'un monde humain divisé comme jamais et celle d'une création spoliée et exploitée doit désormais nous pousser à nous remettre à notre vraie place. C'est-à-dire à la place d'une créature face à son créateur.

 

Chers amis encore, évidemment que nous devons suspendre les cultes publics pendant le temps de ce nouveau confinement (y compris le 1er novembre) et vous serez informés de la reprise.

 

Mais nous vous invitons à suivre- et bien au-delà du mois de novembre- les propositions de cultes en ligne et de vidéos de méditations bibliques sur notre site, qui vont ré-apparaître après un temps de mise en place dans une certaine urgence.

 

Nous vous invitons à vous appeler les uns les autres. À vous parler. À vous écrire. À manifester autant que vous le pouvez que votre communion est réelle et qu'aucune contrainte n'en pourra rien changer.

 

Bien fraternellement

 

 

Robert Philipoussi

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