textes de la cérémonie, et feuille de culte à télécharger, audio à écouter
FEUILLE DE CULTE.pdf (701.11 Ko)
AUDIO cérémonie Françoise JOHNER 1938-2023... (105.13 Mo)
ORGUE
SALUTATION ACCUEIL DE LA GRÂCE LOUANGE
Qui que vous soyez, quoi que vous soyez,
la grâce et la paix vous sont données
Si tu penses à Dieu,
ne t'inquiète pas de ton horizon borné,
du miroir imparfait où ton âme le reflète.
Dis-toi surtout
qu'il est la grande puissance favorable,
et ne pense à lui que d'une âme rassurée.
Notre Dieu, Tu es notre force, notre consolation et notre salut... Amen.
ACCUEIL
Françoise JOHNER n'est plus reliée à nous par le poids de notre vie commune.
Françoise est née le 23 mai 1938 à Châlons-en-Champagne, elle est morte le 12 juin dernier à Paris.
Pour les croyants, elle est dans les mains de Dieu, et pour nous tous, ses survivants, elle est dans cette assemblée des personnes et des souvenirs qui portent une trace d'elle qui ne s'effacera pas
Nous ici, quelque soit notre lien avec Françoise, avons été appelés ici pour lui rendre un hommage. Et tous ceux qui participent aujourd'hui à ce culte savent qu'il est aussi une communion, une communion du passé du présent et de l'avenir, des absents et des présents, des visibles et des invisibles, des morts et des vivants.
PRIÈRE POUR LE MOMENT
Nous avons la ferme assurance que rien, ni les deuils, ni la maladie, ni les conflits, ni notre propre mort, ne peuvent nous séparer de l’amour que nous avons les uns pour les autres.
Créateur de l'Univers, notre espérance est en toi. En cette heure de deuil et de séparation, tu es, par ton Esprit-Saint, avec chacun de nous.
Nous t’en prions, viens mettre ta paix dans nos coeurs blessés ; soutiens notre confiance et fais-nous sentir, ici et maintenant, la force de ton amour.
Tu es notre force, notre consolation et notre salut... Amen.
Oui, Nous nous sommes assemblés dans ce temple protestant aujourd’hui pour nous souvenir avec reconnaissance de la vie que Dieu a donné à Françoise, pour nous soutenir les uns les autres, par notre amitié et notre prière, et pour entendre la Parole que Dieu nous adresse.
Vous, Etienne-François, Arnaud, Emilie, Anne, Michel ( son ainé) et Caroline, Jacques (son petit frère) et Dominique et une pensée pour Jean-Marc Ehresmann qui ne peut malheureusement pas nous accompagner en ce jour, et tous ceux et celles que je ne peux nommer et qui êtes touchés par cette disparition, sentez-vous ici et maintenant fraternellement accueillis
Je t'ai aimé dans les fleurs des champs, dans l'étoile, dans le monde intérieur, dans tes propres enfants, dans toute façon passable qui traduit une réalité éternelle.
Maintenant je ferme les yeux à cette révélation dans l'éphémère, je m'endors sur les choses qui ne sont que d'un temps.
Accueille-moi près de toi dans celles qui sont pour toujours.
La communion de nos souvenirs particuliers font que notre bien aimée sera présente avec nous.
Et en cette heure douloureuse, nous pouvons nous aussi nous remettre nous aussi entre les mains de Dieu pour la vie comme pour la mort. Que la présence et la parole de Dieu surgisse dans les mots qui seront prononcés , dans les témoignages qui seront donnés, dans les musiques qui seront jouées, dans les chants qui s'élèveront, mais aussi dans les moments de silence et dans les regards qui s'échapperont .
Écoutons ensemble la bonne nouvelle en forme de promesse :"Voici, dit l’Éternel : "Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi. Voici, j’ai compassion de toi, et moi, l’Éternel, je te consolerai comme une mère console ses enfants.""(És 54:10, 51:12, 66:13)
CHANT DE L'ASSEMBLÉE, PS 23, LES TROIS STROPHES, PAGE 48
PRIÈRE D'ILLUMINATION
Esprit Saint, Toi qui réveilles des lettres mortes et les fait devenir parole de vie, inspire tous ceux qui vont prendre part à cette Parole aujourd'hui, qu'ils parlent, qu'ils disent, qu'ils chantent, qu'ils écoutent, qu'ils jouent, qu'ils lisent, qu'ils pensent.
Pour lire le texte qui a été choisi par la famille pour être médité, j'appelle Nicolas Bonnal, président du Conseil presbytéral de cette église dont Françoise était une membre engagée de longue date.
LECTURE DE LA BIBLE
GENÈSE 11
1 Toute la terre parlait la même langue, avec les mêmes mots. 2Partis de l'est, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar, et ils s'y installèrent. 3Ils se dirent l'un à l'autre : Faisons donc des briques et cuisons-les au feu ! La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. 4Ils dirent alors : Bâtissons-nous donc une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne nous dispersions pas sur toute la terre ! 5Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les humains. 6Le Seigneur dit : Ainsi ils sont un seul peuple, ils parlent tous la même langue, et ce n'est là que le commencement de leurs œuvres ! Maintenant, rien ne les empêchera de réaliser tous leurs projets ! 7Descendons donc, et là, brouillons leur langue, afin qu'ils ne comprennent plus la langue les uns des autres ! 8Le Seigneur les dispersa de là sur toute la terre ; ils cessèrent de bâtir la ville. 9C'est pourquoi on l'a appelée du nom de Babylone (« Brouillage »), car c'est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c'est de là que le Seigneur les dispersa sur toute la terre.
ORGUE BREF
LA PRÉDICATION
le temple Ésagil, était une haute tour, appelée un ziggourat. Cette tour est mentionnée dans les archives du Roi Sennachérib, une roi assyrien qui l’avait faite détruire en 689 avant notre ère. Lors de sa prise de Babylone, le roi babylonien Nabuchodonosor l’avait ensuite faite reconstruire. Or de nombreux juifs avaient été déportés à Babylone et c'est d'ailleurs dans cet exil que la plupart des textes bibliques ont été composés ou ré agencés, ou recomposés, et cette tour de nouveau érigée représentait leur défaite: il fallait donc inventer un texte, qui avant de devenir un mythe, était probablement un tract. Ce magnifique récit de la Genèse est un manifeste d'espérance face au totalitarisme d'un Roi qui avait contraint une partie d'un peuple à s'arracher de sa terre.
Ça c'est une explication historique vraisemblable. Certains s'arrêtent là.
Or, ce récit a été offert à la sagesse universelle et à la multiplicité des interprétations.
Chacun reçoit ce récit comme il le peut, mais souvent au départ dans un sentiment trouble. Quoi ?Les humains ont enfin trouvé un moyen de s'unir, de bâtir ensemble; il veulent enfin se faire un nom, un nom collectif – car après tout, cette humanité, nous voudrions bien qu'elle soit unie – ces humains se comprennent en parlant la même langue, veulent bâtir une ville au milieu de laquelle un tour immense qui atteigne le ciel (aujourd'hui on dirait « un gratte ciel ») et qu'arrive – t-il ? La divinité avec un nom propre imprononçable, que par superstition ou respect ou superstition on nomme ici « Le Seigneur », une divinité qui semble-t-il est jalouse et méfiante, vient saccager leur beau projet en « brouillant » leur langue, ce qui fait qu'ils vont cesser de bâtir leur ville, pour ensuite être dispersés sur toute la terre.
À noter qu'il n'est nullement indiqué que la divinité en question eut détruit elle-même cette ville et cette tour, ce que pourtant la plupart des personnes se référant au mythe de la tour de Babel pense spontanément.
Non, c'est juste que leur projet restera inachevé.
Dans notre mémoire visuelle imaginaire, nous avons quelques images de constructions inachevées, restées en plan, souvent à cause de conflits, de procès, de corruption, d'héritage ou autres.
Mais ce sentiment trouble d'injustice, disparaît un peu quand on commence à apercevoir la logique propre à ce Dieu, mais aussi propre à ce récit.
Ce que semble aimer l'écrivain de ce texte- car oui, même un mythe universel, surtout d'une belle facture, peu composite, comme celui-ci, a d'abord, été écrit par une personne, on a tendance à l'oublier aussi, en s'imaginant spontanément que ces textes sortiraient d'une espèce de collectif vague-
ce que met en valeur l'écrivain inconnu, c'est le plaisir de l'exercice de la compréhension mutuelle, par le jeu de la traduction, y compris dans la même langue officielle; car la vraie construction interindividuelle, une véritable communauté se construit en ajustant le sens des mots pour favoriser un contexte commun qui formera un espace vivable, où là, on pourra enfin se comprendre au delà des mêmes mots, et véritablement construire; et non pas, comme semblent le faire ces gens, agir mimétiquement, avec la même langue, les mêmes mots, sans prendre la peine réfléchir.
C'est aussi ce qu'a intuitivement compris le protestantisme, préférant le risque de l'équivocité, de la pluralité, de la plurivocité, au dogmatisme.
Françoise était une passionnée de beaucoup de choses, mais aussi de langage, et quiconque aime le langage sait que le sens n'est pas contenu dans les mots, mais que ces derniers n'en sont que des viatiques, soumis aux fluctuations des contextes, des désirs, des époques, des langues.
Mimétiques, voilà ce que sont ces gens animés d'un même élan que l'écrivain, et la divinité qu'il met en scène, tendent à considérer comme une folie.
Alors, oui, Dieu brouille leur langue et ils n'arriveront plus à finir leurs constructions et ils se disperseront, n'ayant même pas tenté de se traduire les uns les autres, ce qui aurait été une réponse valable.
Françoise aimait la poésie, et particulièrement l'écriture de Stéphane Mallarmé, comme vous allez le sentir tout à l'heure. Et quiconque aime l'écriture ou la parole poétique sait justement que le sens n'est pas confiné aux mots; mais il sait qu'une forme d'écriture poétique, parfois déconcertante, ouvre, libère des espaces inconnus, des réserves insoupçonnées de sens, nous libère du mimétisme- et Dieu sait si Françoise m'est toujours apparue comme singulière- une écriture poétique nous fait entrevoir des pans cachés du Réel.
Ces personnes qui veulent construire une tour pour atteindre le ciel, pour bien en faire percevoir leur folie, ce texte dit qu'ils veulent se faire un Nom.
Ce qui manifestement est une impasse dans laquelle tant de gens se précipitent depuis toujours. Parce qu'en vérité, la seule façon de se faire un nom, c'est avoir celui ci écrit sur sa tombe, et au fil du temps n'être plus que ce nom.
C'est pourquoi ici et maintenant nous sommes ici pour rompre cette malédiction, pour être convaincu à jamais que Françoise était une personne libre et qu'en tant que telle, elle ne sera jamais résumable de n'importe quelle façon, même louangeuse.
Tout ce qui importe ici et maintenant, c'est combien chacun de nous, nous l'aimions, dans le fil singulier de relation entre chacun de nous et elle, et comment nous allons faire en sorte qu'elle reste libre de rester qui elle était, voire d'évoluer encore.
Dieu, dans la Bible hébraïque avait un nom propre, que personne n'était autorisé voire capable de prononcer, et dont la vocalisation s'est définitivement perdue.
Alors, on l'a appelé, par une forme d'humour, «LE NOM» . Il est le nom dont ne connait pas le NOM ni évidemment la définition.
Mais cette façon biblique de présenter Dieu nous appelle simplement nous aussi à ne pas nous confondre avec notre Nom. Et à respecter la liberté d'être, de ceux et celles qui nous entourent, et à s'engager pour que la diversité, la plurivocité, l'interprétation et l'amour de se comprendre et de se déchiffrer restent toujours de mise.
Nous serons bien mieux ainsi que dans des funestes élans mimétiques basés sur des projections imaginaires.
Bien plus au large.
Comme l'était Françoise, et comme elle le reste dans nos cœurs.
AMEN
CANTATE e motet BWV118, O Jesu Christ meins Lebens Licht
PAR LE CHOEUR DU TEMPLE DE PORT ROYAL
LES TÉMOIGNAGES
Etienne François
Michel
Emilie
SILENCE
LECTURE ENSEMBLE DU POÈME DE STÉPHANE MALLARMÉ
explication « Stéphane Mallarmé, poète et traducteur français de la seconde partie du 19e siècle, dont Françoise avait toute l'oeuvre, n'aimait pas que l'on lise ses poèmes à voix haute, je ne vais donc pas le faire, mais plutôt vous inviter à le lire silencieusement sur la feuille qui vous a été remise, au son de l'orgue (doux)
Ce sera un moment de recueillement
Le poème que vous avez sous les yeux était originellement ce qu'on appelle un « toast », et il avait été d'abord appelé ainsi. Puis, Mallarmé, l'a renommé « Salut ».
Salut, donc, chère Françoise.
Orgue doux
«SALUT»
Rien, cette écume vierge vers
À ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers;
Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
À n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile
Fin de l'orgue et silence
CONFESSION DE FOI
d'après la Déclaration du Synode Confessant de Barmen (31 mai 1934) qui réunissait les théologiens comme Karl Barth et Dietrich Bonhoeffer, qui voulaient lutter contre le régime nazi en train de se mettre en place
Nous croyons que Dieu est le Père de tous les humains,
de tous les peuples, de toutes les races.
Personne n'est exclu de son amour. Nous sommes tous créés à son image
et à sa ressemblance.
C'est ce qui fonde la dignité et l'égalité de tous les humains. Dieu, le Père,
a donné la terre à tous et pour tous.
C'est ce qui fonde la solidarité. Les biens de la création doivent affluer dans les mains de tous. C'est le plus sûr chemin de la paix, car la paix est
le fruit de la justice. Nous croyons que Jésus est le frère de tous les humains, et spécialement des pauvres.
C'est lui que nous voyons avoir faim, être nu, étranger, prisonnier ou malade. Nous croyons que celui qui juge, humilie ou calomnie,
juge, humilie, calomnie Jésus-Christ, car tout homme a le visage du Christ. Nous croyons que Jésus-Christ, par sa vie et ses paroles, nous dit
qui est l'humain. Nous avons à faire nôtres les choix qu'il a faits : faire passer les personnes avant les richesses, la liberté avant la tranquillité, la vérité avant la propre opinion, le respect des autres avant l’efficacité, l'amour avant la loi.
Jésus-Christ ressuscité nous donne l'Esprit de Dieu.Nous croyons que l'Esprit est esprit de liberté, esprit de tolérance, esprit de justice, esprit de paix.
Il accueille au lieu de d'exclure. Il respecte au lieu de condamner.
Il ouvre les portes et ne les ferme jamais.
Nous croyons que son espérance est plus forte que tous les désespoirs.
ORGUE
PRIÈRE D'INTERCESSION
Nous prions.
Notre créateur, toi qui donnes le souffle avant qu'il revienne à toi, nous voici devant toi, à la fois solidaires et désemparés, bien au-delà de ce que nous pouvons exprimer.
Tu nous accueilles comme nous sommes,
avec notre peine, nos doutes, notre recueillement
Nous voulons croire, chacun à notre manière, que ta force et ton amour garderont celle qui nous a quittés aussi bien que nos bras l’ont portée.
C’est pourquoi nous te la remettons avec confiance. Elle a partagé nos découragements et nos joies,
nos questions et nos certitudes, nos chansons.
Elle a trouvé maintenant sa paix dans ta paix
et son pardon dans ta grâce.
Nous-mêmes, Père, nous poursuivons nos pas, sans elle. Aie pitié de nous:
Nous avons peine à marcher sur ce chemin où, pour nous aussi,
la vie ne s’achèvera que dans l’inconnu.
Donne-nous d’espérer et de croire que tout ici-bas s’accomplira dans ton Règne. Donne-nous l’assurance que tout ce qui se perd aujourd’hui dans la nuit se relèvera demain dans ta lumière.
Amen.
CHANT DE L'ASSEMBLÉE 44-14, page 670
EXHORTATION
Psaume appartenant au recueil de David.
Le Seigneur est mon berger,
je ne manquerai de rien.
2Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche,
il me conduit au calme près de l'eau.
3Il ranime mes forces, il me guide sur la bonne voie,
parce qu'il est le berger d'Israël.
4Même si je passe par la vallée obscure,
je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes.
Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure.
5Face à ceux qui me veulent du mal,
tu prépares un banquet pour moi.
Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée.
Tu remplis ma coupe jusqu'au bord.
6Oui, tous les jours de ma vie,
ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas.
Seigneur, je reviendrai dans ta maison
aussi longtemps que je vivrai
BÉNÉDICTION
Et nous recevons ensemble, avant de nous séparer, la bénédiction de la part du Seigneur.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu notre Père, et la consolation du Saint-Esprit soient et demeurent avec vous tous, présents ou absents, visibles ou invisibles, pour le temps et pour l’éternité. Amen.
ORGUE