Menu


Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

LECTURE DU TEXTE DU DIMANCHE 23 JUILLET

La parabole dite du bon grain et de l'ivraie



sans_nom___16_07_2023_11_12.mp3 Lecture de Matt 13, 24-30  (2.5 Mo)

LE TEXTE DE MATTHIEU 13, 24-30. Il leur proposa cette autre parabole : Il en va du règne des cieux comme d'un homme qui avait semé de la bonne semence dans son champ. 25 Pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de la mauvaise herbe au milieu du blé et s'en alla. 26 Lorsque l'herbe eut poussé et produit du fruit, la mauvaise herbe parut aussi. 27 Les esclaves du maître de maison vinrent lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé de la bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y ait de la mauvaise herbe ? 28 Il leur répondit : C'est un ennemi qui a fait cela. Les esclaves lui dirent : Veux-tu que nous allions l'arracher ? 29 Non, dit-il, de peur qu'en arrachant la mauvaise herbe, vous ne déraciniez le blé en même temps. 30 Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson ; au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord la mauvaise herbe et liez-la en gerbes pour la brûler, puis recueillez le blé dans ma grange.

MÉDITATION SUR LE TEXTE DU DIMANCHE 23 JUILLET 2023

meditation_de_l__ete.mp3 méditation de l'été.mp3  (14.97 Mo)

 

Bonjour,

 

bienvenus dans ces petites méditations de l'été.

Aujourd'hui, nous évoquerons la parabole du bon grain et de l'ivraie, qui est proposée, en France, comme l'évangile du dimanche 23 juillet.

Alors, si vous voulez avoir toute l'explication de cette parabole, vous pouvez aller un peu plus bas dans le chapitre 13, arriver au verset 36 et lire comment Jésus l'explique à ses disciples :

 

Alors il laissa les foules et entra dans la maison. Ses disciples vinrent lui dire : Explique-nous la parabole de la mauvaise herbe dans le champ. 37Il leur répondit : Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme ; 38le champ, c'est le monde, la bonne semence, ce sont les fils du Royaume ; la mauvaise herbe, ce sont les fils du Mauvais ; 39l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la moisson, c'est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. 40Ainsi, tout comme on arrache la mauvaise herbe pour la jeter au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde.

 

Des petites choses à noter sur cette « explication » de Jésus. La première sera de distinguer deux figures de style, celle de la parabole et celle de l'allégorie: une parabole c'est une petite histoire très ouverte, laissée à l'imagination du lecteur ou de l'auditeur pour en faire quelque chose pour lui-même, dans le sens où Jésus lançait ses paraboles à la foule et que chacun pouvait en tirer quelque chose pour lui-même. Pour résumer, une parabole n'a pas de morale unique, on pourrait dire qu'une parabole c'est une graine de conversion. Elle poussera, à sa façon propre. En revanche, l'allégorie, est aussi une histoire mais dans laquelle chaque terme symbolique a une correspondance précise et unique; donc à la foule, Jésus raconte des paraboles, et chacun de fait reste libre de l'interpréter comme il l'entend, mais quand il explique à ses disciples, ces paraboles se figent, se révèlent comme des allégories, comme ici par exemple, le champ, c'est le monde, la moisson c'est la fin du monde. 

Ce que l'on peut noter aussi, en complément, c'est l'hypothèse que ces fameuses explications aux disciples sont peut-être d'une écriture plus tardive que le récit de base, et proviennent peut-être d'un temps où l'église, représentée par le collège des disciples, commençait à établir ces propres normes, avec la nécessité de limiter le champ d'interprétation des paraboles de Jésus.

Car enfin, pourquoi Jésus n'aurait rien expliqué à la foule nombreuse, mais seulement à quelques disciples?

Après, chaque lecteur est face à cela libre d'imaginer qu'il reçoit la parabole comme s'il se situait dans la foule, c'est à dire sans explication, ou qu'il la reçoit dans la petite assemblée des disciples, c'est à dire que pour ce dernier, l'explication serait en fait plus importante que la parabole elle-même, la norme, plus que le récit.

Une fois ces éléments précisés, nous allons faire le choix de nous situer dans la foule, parce qu'en fait, nous ne sommes pas ces disciples, et nous recevons donc cette histoire de bon grain et d'ivraie avec notre imagination et nos oreilles grand ouvertes.

Avez vous noté que le mot « ivraie » en français renvoie au mot « ivresse »? Sans doute parce que ce mot désigne une plante, ou une mauvaise herbe réputée toxique, mais ayant une apparence similaire que celle du blé. En grec ancien, langue dans laquelle ce texte a été écrit, le mot est « zizanion » dont l'origine grecque est obscure, mais qui a donné en français le mot « zizanie », ce qui signifie discorde.

Donc on voit bien ce dont il est question : toxicité et ivresse, peut-être propre à abuser nos sens, ne serait ce que pour ne pas pouvoir la distinguer de la bonne plante, ce qui entraine des conflits d'interprétation, donc de la discorde et de la zizanie.

D'ailleurs, dans ce récit, les esclaves du maitre de maison se questionnent et le maitre a besoin d'expliquer, voire de se justifier: non, ce n'est pas lui qui a semé la mauvaise herbe, c'est quelqu'un d'autre, et non, on ne va pas l'arracher, sous peine d'arracher la bonne plante en même temps. 

Presque, un début de discorde, en tous les cas de discordance, entre le maitre de maison et ses serviteurs.

Nous qui entendons cette parabole, nous voyons tout de suite qu'elle parle de notre humanité, dans laquelle nous voyons bien le mal, mais nous signifie que, à part en termes généraux, et quand on quitte peu les grandes phrases, il est difficile de distinguer justesse ceux qui accomplissent le mal de ceux qui font le bien – j'en veux pour preuve que beaucoup de figures longtemps considérées comme de saints se sont révélées biographiquement beaucoup moins prestigieuses par la suite, nous nous apercevons aussi que selon les bords idéologiques dans lesquels nous sommes, certaines catégories de personnes sont désignés bonnes ou mauvaises, nous voyons bien que des responsables politiques de tous bords ont tous des paroles allant dans le sens du bien commun, mais que ces paroles ont du mal à cacher des intérêts cyniques et souvent personnels... Donc, il est difficile, y compris pour un chrétien de s'ériger en juge du bien et du mal, et de toutes façons, même Jésus le dit à quelqu'un qui l'appelle «  bon maitre »: pourquoi m'appelles tu bon, Dieu seul est bon » 

Le christianisme, quand il s'est cru tout puissant – ce qui est déjà blasphématoire- a eu historiquement la tentation d'éradiquer l'ivraie du champ humain. Erreur tragique, dont les protestants, entre autres, ont fait les frais.

Il ne fait pas bon d'être considéré soi-même comme de la mauvaise herbe.

 

En tous les cas, la parabole est claire. Ce n'est pas à toi de faire ce travail, c'est à Dieu, éventuellement de le faire, lui seul a une vision claire finalement, de ce qui est mauvais et de ce qui est bon, toi, continue à t'efforcer de faire le bien, sachant que tu es traversé toi aussi par le bon et le mauvais, mais continue d'essayer, et laisse à Dieu le soin de la justice ultime.

 

.

PRÉDICATIONS, CULTES, LITURGIES | DONS | RESSOURCES | EXPOSITIONS | LE CONSEIL PRESBYTÉRAL | INFORMATIONS | NOUS SOUTENONS | ARCHIVES GÉNÉRALES