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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

"Jésus a -t-il quelque chose à voir avec les démons ?" Culte du 9 juin 2024

prédication par Paul Knall Demars



"Jésus a -t-il quelque chose à voir avec les démons ?" Culte du 9 juin 2024
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Jésus a-t-il quelque chose à voir avec les démons ?

MARC 3, 20-35

Puis il revient à la maison, et la foule se rassemble encore : ils ne pouvaient pas même manger leur repas.

À cette nouvelle, les gens de sa parenté sortirent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il est hors de son sens.

Les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : Il a Béelzéboul, ; c’est par le prince des démons qu’il expulse les démons !

Il les appela et se mit à leur dire, en paraboles : Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut tenir ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut tenir. Si donc le Satan se dresse contre lui-même, il est divisé et il ne peut tenir : c’en est fini de lui. Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens sans avoir d’abord lié cet homme fort ; alors seulement il pillera sa maison.

Amen, je vous le dis, tout sera pardonné aux fils des hommes, péchés et blasphèmes autant qu’ils en auront proférés ; mais quiconque blasphème contre l’Esprit saint n’obtiendra pas le pardon pour l’éternité : il est sujet à une condamnation éternelle.

C’est qu’ils disaient : Il a un esprit impur.

Sa mère et ses frères arrivent ; se tenant dehors, ils l’envoient appeler. La foule était assise autour de lui et on lui dit : Ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors et ils te cherchent. Il répond : Ma mère et mes frères, qui est-ce ? Puis, promenant ses regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères ! En effet, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.

 

 

Jésus a-t-il quelque chose à voir avec les démons ?

La question n’est peut-être pas aussi illégitime qu’elle n’y paraît de prime abord (sans doute à cause de son caractère choquant) si l’on observe que jusqu’à présent dans ces premiers chapitres de l’évangile selon Marc, les premiers témoins qui reconnaissent explicitement « le Saint de Dieu » en Jésus sont les démons ou esprits impurs qu’il a chassés de différents possédés, dont un qui est décrit comme la première guérison opérée par Jésus après son baptême et la tentation dans le désert (où là aussi remarquez, il est en présence de Satan, qui est pour ainsi dire le deuxième personnage que rencontre Jésus après Jean le Baptiste dans le récit).

Dans le passage qui précède immédiatement notre texte, Jésus a choisi les douze parmi ses disciples, « pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer, avec l’autorité pour chasser les démons » et aucune autre forme de guérison ou de miracles n’est précisée.

Ainsi faut-il bien constater qu’il existe une familiarité entre Jésus et ces esprits invisibles, qui continueront de le reconnaître comme « Fils du Dieu Très Haut » dans un autre épisode de délivrance d’un démoniaque encore plus longuement décrit au chapitre cinq. En outre, Jésus porte un point visiblement important à chasser ces démons des humains.

Il n’est pas dit si les scribes de notre texte ont entendu la parole des démons à propos de Jésus, comme on ne sait pas depuis quand ils sont descendus de Jérusalem, mais on peut comprendre, à la lumière de ce que nous avons rappelé, la facilité qu’ils ont à mettre son pouvoir d’exorcisme, qu’ils sont bien obligés de constater soit de vue soit par la rumeur, sur le compte d’une familiarité, et donc, en poussant l’interprétation hostile, d’une entente entre lui et les forces démoniaques, pour réaliser ce qui ne serait finalement qu’une mise en scène. Les démons en fait ne reconnaîtraient pas dans cet homme une force opposée à eux mais un de leur semblable, et même un supérieur hiérarchique, un prince de leur royaume qui est donc légitime à leur donner des ordres. En fait, puisque les scribes accusent même Jésus d’être lui-même possédé par ce Béelzéboul, c’est donc qu’au final il n’y est même pour rien dans toutes ces guérisons : c’est une affaire interne entre puissances mauvaises.

Soit l’action propre de Jésus et entièrement déniée, soit du moins elle perd tout caractère divin, ou, à supposer que les opposants n’imaginent même pas encore cette possibilité, toute dimension bénéfique, puisqu’elle n’est plus dirigée uniquement en vue de faire du bien aux humains atteints par le mal qui les ronge. Pourquoi exactement cette machinerie démoniaque ? On ne sait pas exactement, il faut un peu deviner les implications et l’intention d’une telle accusation de la part des autorités savantes et religieuses contre Jésus. L’hostilité qui point ici sera de plus en développée dans la suite du récit, jusqu’au moment où les adversaires chercheront à se débarrasser de Jésus.

(Simplement en passant : aurait-on ici une des premières versions d’accusation du complot satanique, auquel beaucoup adhèrent encore aujourd’hui, sous diverses formes, pour tenter d’expliquer les rouages d’un monde politique ou de l’actualité du monde qu’ils perçoivent sans doute à juste titre, au départ, comme chaotique et hostile ?).

 

Voilà en tout cas un discours qui semble donner sens à ce qui arrive, face à l’étrange pouvoir des actes de cet homme de Galilée dont tout le monde se demande qui il est, un leitmotiv de toute la première partie de l’évangile.

Autre groupe et autre explication : l’allégation de la folie par les membres de sa famille. Marc enchâsse les deux épisodes l’un dans l’autre, d’après un procédé narratif dont il est coutumier, et qui nous invite naturellement à établir ce parallèle.

Tout comme les intentions des scribes ne sont pas vraiment explicitées, ne nous précipitons pas non plus pour rejeter d’un revers de main l’expression de ce qui est peut-être une inquiétude sincère de la part des proches de Jésus quant à son état d’esprit. Même s’il ne s’agissait que d’une crainte des répercussions que pourrait avoir la rumeur qui se répand à son propos (donc pas seulement sur la pouvoir de chasser les démons), une crainte du scandale, cela non plus n’est peut-être pas tout à fait illégitime, pour une famille de toute évidence d’extraction modeste et qui n’a sans doute pas tous les moyens et le luxe de se permettre une telle publicité auprès de leurs coreligionnaires. La foule particulièrement pressante, attirée par ce qu’elle voit d’extraordinaire en Jésus, peut aussi être perçue par ses proches comme une menace possible à son intégrité physique.

 

Résumons donc. Les disciples choisis présents très près de Jésus au repas, la foule des auditeurs de plus en plus pressante parmi lesquels de nombreux malades et possédés, la famille qui est en chemin et qui finalement arrive mais sans pouvoir l’atteindre, les autorités religieuses qui entre temps aussi s’approchent à son invitation et après l’avoir accusé : voilà les groupes et leurs attitudes respectives qui triangulent l’énigme qu’est Jésus dont les dimensions cachées ne peuvent précisément se développer que dans ces différents modes de relation, de l’intimité à l’hostilité en passant par l’incompréhension.

Nous sommes ainsi conduis par l’évangéliste à éprouver tous ces dimensions pour découvrir ce qu’est et qui est cet homme Jésus, ce Fils de l’homme, ce Saint de Dieu, pour nous, et la réalisation pour nous de la bonne nouvelle du Royaume qu’il livre à nos esprits, et nos actes, et qu’il incarne lui-même.

D’où la question pressante : quels esprits (souffles) sont en jeu, quelle autorité s’exerce, qui possède qui, de quoi est-on libéré et qu’est-ce qui nous libère ?

C’est la question qui se joue autour de cette notion difficile et mystérieuse du blasphème contre l’E-S. 

Or tout est renversé dans cette affaire.

 

Les parents de Jésus ce sont bien « ses proches », et pourtant ce sont eux qui sont finalement « au dehors », éloignés. 

Ils disent « il est hors de… » et là il faut suppléer au verbe grec pour comprendre « hors de sa raison » ou « hors de lui-même », et les scribes eux vont jusqu’à dire que celui qui est à sa place c’est un démon, et pourtant, c’est bien lui qui met les démons « au dehors », qui les ex-pulse, puisque Satan, explique-t-il, sorte de figure récapitulative de la foule des esprits impurs, ne peut s’expulser et être opposé à lui-même.

Les démons qui causent tant de malheur aux hommes seraient donc plus unis et moins prompts à s’opposer entre eux que ne le sont la famille de Jésus et les autorités religieuses à s’opposer à lui d’une façon ou d’une autre. Il y a une forme d’ironie mordante dans ce fait. 

Première piste d’éclaircissement à propos du blasphème contre l’Esprit saint, que Jésus laisse entendre ici : c’est déjà donner de la force au mal que de se diviser autour de querelles ou de soupçons au mieux vains et pire franchement mal intentionnés. Ainsi combien de fois les bonnes volontés et les luttes d’émancipation et leurs acteurs se retrouvent artificiellement opposées les uns aux autres pour que les intérêts des forces dominantes nocifs pour le plus grand nombre puissent continuer de prospérer, alors même puissances elles savent très bien quels sont leurs intérêts (comme ces démons savent bien reconnaître d’où vient l’autorité qu’exerce sur eux Jésus). Vous constatez, nous dit en quelque sorte Jésus, un bien objectif, des humains sont libérés de leurs maux, mais soit par pur orgueil de vos propres prérogatives et autorité, vous déniez que ce bienfait arrive par un autre, un quasi étranger ou inférieur comme peut l’être un paysan galiléen. Ou bien, plus insidieux, vous vous enfoncez dans un délire de pureté morale (dans certains milieux ont parlerais de pureté militante) qui trouve le moyen d’expliquer que ce bienfait n’en est pas vraiment un, parce qu’il n’est pas conforme aux principes abstraits de la doctrine ou à la ligne du parti, que sais-je encore. Ou bien encore, vous construisez des histoires de complots dans lesquels vous jouez le beau rôle de personnes éveillées et dénonciatrices, mais vous vous empêchez à vous-mêmes l’analyse de la réalité plus terre à terre mais non moins cruellement efficace des rouages des forces d’oppression, pourtant sous vos yeux : or sans bonne compréhension, comment votre action pourra-t-elle être juste ? En tous les cas, l’Esprit qui devrait animer en vous l’amour et la solidarité dans l’action pour le bien, et l’intelligence dans cette action, s’en trouve donc bien obscurci, « attristé », puisque vous médisez, vous parler mal et dite du mal (sens premier de « blasphémer ») de son action visible, et par là vous produisez du mal dans le monde.

Jésus par sa parabole pousse le raisonnement des scribes dans ses conséquences absurde : il nie que Satan soit frontalement opposé à lui-même, mais ce sont bien les scribes qui en imaginant cette ruse tordue de mise en scène d’exorcisme accorde au démon un pouvoir infiniment plus grand. Car il n’y aurait alors rien qui brise véritablement le pouvoir des démons, il n’y aurait qu’un système éternellement destiné à se reproduire et à intégrer à lui-même toute forme de résistance pour finalement la retourner. Ils nient, peut-être sans s’en rendre compte, la possibilité de l’irruption de la libération et de l’efficacité de l’action bonne.

Gardons-nous déjà de cet écueil.

 

D’autant plus que cette médisance ne porte pas seulement contre l’autorité de Jésus et sa personne, ce qui encore pourrait s’entendre comme on l’a vu, soit du fait de l’inquiétude de sa famille, soit de l’incompréhension des savants de la Loi. Le problème est que la confusion sur la source de l’inspiration (voir un esprit impur au lieu de l’esprit saint, qui habite en Jésus) passe aussi par contamination sur celles et ceux qu’il libère par sa parole. Autrement, on ne comprendrait pas pourquoi ce blasphème en particulier reçoit une telle gravité dans ses conséquences, un « jugement éternel » et absence de pardon « pour l’éternité », alors même que tout autre péché, tout autre blasphème, habituellement compris comme parole prononcée contre Dieu, autant qu’on voudra sera pardonné, sera mis de côté. Ce n’est donc pas qu’une seule offense faite à Dieu ou à Jésus comme Fils de Dieu, puisque de Dieu on peut se tromper dans l’ordre disons théorique, spéculatif, et même par hostilité ou ignorance envers lui, ou de l’Église ou de la religion, qui peut avoir bien des raisons au vu de la réalité des institutions qui sont censées l’incarner, et de leur comportement dans l’histoire et encore actuellement. Et puis nous le savons bien, Dieu est assez grand pour se défendre lui-même, et qu’est-ce que des paroles peuvent bien lui faire ?

Non, ce qui spécifiquement touche à une dimension éternelle dans ce mal-dire, c’est de nier ou refuser l’action salvatrice de Dieu dans le prochain, c’est l’insulte faite à la présence de Dieu dans notre prochain qui n’est autre que cela-même qui le libère des entraves de la pesanteur du mal et de l’accablement, qu’on peut être constater sans même que l’on doive croire explicitement à un Dieu comme source de ce bien. En effet, dans cette faute fondamentale, peut aussi bien tomber l’irréligieux celui qui se considère pieux : le prochain étant visible, contrairement à Dieu, il n’y a pas d’excuse, même sans la Révélation.

C’est cette erreur fondamentale où le prochain n’est plus perçu que comme éternelle victime et coupable du mal qu’il subit ou qu’il commet, incarné ici par les démons. Au lieu de l’esprit saint/souffle sacré, cette dimension d’éternité en lui, ce qui précisément dépasse l’enfermement des catégories et de toute réduction par l’ouverture à un possible toujours présent du salut et de la grâce, n’est vu en lui que l’esprit/souffle impur, impureté du couple infernal faute/punition, de l’infréquentable qui a mérité son sort. Le cycle infernal où l’on n’exige que des victimes à l’innocence absolu pour daigner compatir à leur sort, sans se rendre compte que notre compassion s’en trouve abîmée au point de devenir une velléité perverse de vengeance. Ah, se dit-on alors, si seulement les pauvres et les affligés ne pouvaient être que des purs blancs agneaux silencieux à l’abattoir, on pourrait alors se sentir saint par notre compassion sans tache !

Mais le Christ, lui l’innocent, n’est-il pas mort sur la croix justement pour nous délivrer de cette folie ? 

Misère de l’esprit humain livré à ses propres raisonnements quand il se détourne de l’assistance de l’Esprit !

C’est donc bien se laisser entraîner dans une contre-éternité négative en spirale infernale de jugement de sans repos possible jamais du pardon parce que toujours dénié.

 

Mais dans ce tourbillon infernal une échappée s’ouvre incarnée dans la mission assumée par Jésus, et transmise à ses disciples et à nous à leur suite. 

Cette mission, Jésus lui-même s’y trouve presque embarqué contre lui-même depuis qu’il a été comme projeté dans le désert par l’Esprit impétueux. Il doit chercher comment assumer ce pouvoir de libération qui se manifeste en lui, et il en trouve le moyen précisément en définissant sa famille élargie, choisie, dans laquelle il invite chacun à trouver sa place, pour que cette libération qui est son œuvre continue par nous en communion avec lui.

Il définit alors ce mode de relation dans lequel chacun devient pour l’autre un co-responsable, un solidaire dans le salut. Pas seulement dans sa famille biologique ou dans les autorités religieuses, qui doivent elles aussi apprendre à dépasser la limite de leur jugement, et pas seulement même les douze ou les disciples proches, mais aussi, et c’est la finale de notre chapitre, cette foule, tout sauf glorieuse, attirée par cette rumeur qui s’échappe comme une entité vivante. Cette rumeur qui s’échappe comme un esprit, un souffle, un vent qui parcours les terres et revigore les cœurs lassés, les corps brisés, qui plient sous la maladie, l’aliénation, l’humiliation du peuple dominé et occupé par la force impériale, et porte le murmure d’un espoir dont ils ne distinguent pas encore clairement tous les mots, mais qu’ils aperçoivent et éprouvent enfin comme prémices, dans la parole et le geste d’amour pur et puissant de ce Galiléen. De celui qui prend le temps de les désigner et, dit le texte, de porter son regard sur eux.

La foule alors cesse de n’être qu’une foule, celle de ces anonymes qu’on s’habitue à voir mourir sur les chemins de l’exil et dans les décombres des guerres et dans la pauvreté des métropoles et villes-monde, celle que les imaginaires sclérosés des identitaires et des puissants qui sentent leur domination menacée fantasment dans sa différence essentielle et unique, comme une masse compacte, informe, ou grouillante, qu’il faut chasser et toujours à la fin éradiquer. Celle, banalement présente dans nos discours, des « gens » des autres qui sont toujours trop bêtes, qui sont des pauvres moutons, parce que bien sûr c’est de la faute aux « gens » si tout va mal. Et autres infinies péroraisons affligeantes et pour le coup stupides sur la « nature humaine », et j’en passe.

Non, maintenant ça suffit, on ne nourrit plus le démon en se laissant prendre à ces illusions mortifères, dans cette dépréciation qui ne profite à personne. Maintenant chacun et chacune a un visage, son propre souffle, est co-responsable dans l’engagement de cette promesse de salut de tous : pas ceux qui ne portent que discours et jugements, lais « ceux qui font la volonté de Dieu ». Des frères et sœurs, des mères et des pères, biologiques ou non, des amis, des camarades, des amants, ce que l’on veut, et tout inconnu qui passe, mais pourvu qu’on sache que tout humain doit nous être précieux comme l’or le plus fin et l’argile la plus fragile, sans idéalisation et sans cynisme inutiles. Car tous nous avons d’abord reçu sans mérite aucun la grâce qui nous donne la liberté d’agir pour que par nous se fasse la volonté de Dieu.

Voilà un travail de tous les jours contre la pesanteur de nos jugements, qui réclame d’être allégé par le souffle venu d’ailleurs, à l’exemple des disciples qui, bien qu’étant les choisis, les distingués parmi le groupe, ne cessent jamais d’être surpris dans cet apprentissage. Comme lorsque Jésus leur dira après qu’ils auront été pris soudain d’un élan de pureté militante face à un geste de bonté qu’ils ne comprennent pas : « des pauvres vous en aurez toujours, et quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien ». Oui, tant que vous considérerez encore les autres seulement par leur manque, vous risquerez toujours de les réduire en faire-valoir de vos bonnes actions. « Mais moi, ajoutera-t-il, vous ne m’aurez pas toujours », moi qui me lève contre le pouvoir, le mensonge et la farce cruelle du monde et ses autorités, et qui l’assume jusqu’à en mourir, pour ensuite me relever définitivement et tous les abattus avec moi. Moi qui ne cesse de de me tenir auprès de vous dans vos incompréhensions, vos emportements, vos découragements, parce que je veux malgré tout vous confier cette mission pour ce monde que vous devez apprendre à regarder avec le regard que j’ai eu pour lui (comme ici son regard sur la foule). Mais un jour vous devrez assumer cette mission sans voir les traits de mon visage. Apprenez dès maintenant à le voir dans le visage soulagé des autres quand les démons qui pèsent sur leur vie, leur psyché, leur corps, les auront enfin quittés. Voyez qu’eux aussi sont riches de la grâce donnée, et qu’ils sont donc aussi porteurs de la bonne nouvelle, comme vous.

 

Oui, bien-aimés frères et sœurs, toute souffrance et toute délivrance nous parlent de cet homme intime de Dieu comme un Fils à son Père (et à sa Mère), puisque c’est cette même œuvre gracieuse et inspirée de ce Fils qui se poursuit quand on laisse sa place au souffle de l’Esprit, en nous-mêmes, et dans les autres. Notre famille fondée sur lui est aux dimensions de l’univers, laissons alors à Satan et ses princes l’obsession délirante et mortifère de la pureté identitaire, de la volonté de puissance et des jugements enfermés sur eux-mêmes. Ils auront alors de quoi suffisamment se dévorer entre eux, ne trouvant plus en nous leur pitance, car on ne se livrera plus les uns les autres à leur appétit. 

 

Chacun sera à tous un parent dans l’Esprit, et nous ne serons jamais de trop pour nous partager tout ce qu’il faut de souffle dans la lutte, souffle visible et invisible, de chaleur pour le cœur, de lumière pour l’intelligence, pour réaliser et faire advenir ensemble cette volonté de Dieu dans le monde.

L’Esprit toujours abonde dans ce partage, car jamais il ne se divise.

 

AMEN

 

 

 

 

 

 

 

 

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